L’histoire de La Grande séduction, véritable succès du cinéma québécois, revit au théâtre cet été avec entre autres Michel Rivard, Normand Brathwaite et Fayolle Jean Jr. Mis à part quelques références à notre actualité, dont les réseaux sociaux, la nourriture végane et les toilettes non genrées, l’intrigue demeure la même que dans le film de Ken Scott sorti en 2003. Près de 20 ans plus tard, La Grande Séduction opère-t-elle toujours ?
Vous n’avez sans doute pas oublié les sympathiques personnages du tout petit village de Sainte-Marie-la-Mauderne qui vivent sur une île perdue dans le fleuve Saint-Laurent. La pêche, de moins en moins fructueuse, ne permet plus aux villageois de gagner leur vie. Ils vont donc tout mettre en oeuvre pour qu’une usine de recyclage de plastique viennent s’installer chez eux. Mais, la compagnie exige qu’un médecin s’installe à Sainte-Marie-la-Mauderne pour pouvoir éventuellement soigner ses employés. Problème !
Le maire du village (Michel Rivard) est assez rusé pour entraîner ses concitoyens dans une comédie trompeuse dans le but de convaincre le docteur Lewis (Fayolle Jean Jr), de venir s’installer sur l’île. Les deux comédiens sont en quelque sorte les piliers du spectacle et ils sont convaincants dans leurs rôles.
Tous les personnages offrent des moments comiques, entre autres, en faisant semblant d’être passionnés de cricket comme le docteur Lewis.
Chantal Baril se démarque en espionnant les conversations téléphoniques lubriques du docteur Lewis avec sa maîtresse qui est restée à Montréal. Hilarant !
Alexandre Fortin ressort lui aussi de la distribution en drôle de banquier susceptible et un peu vaniteux.
De son côté, Normand Brathwaite ne parvient pas vraiment à imposer son personnage d’Yvon Brunet qui après avoir juré qu’il demeurerait toujours à Sainte-Marie-la-Mauderne change à son tour son fusil d’épaule. On ne sent pas le tiraillement sous-jacent à une telle volte-face.
L’habile mise en scène de Frédéric Blanchette permet d’évoquer des changements de lieux avec des accessoires que les comédiens déplacent eux-mêmes. Des maisons miniature un peu partout sur scène évoquent la fragilité de la vie sur cette île balayée par les vents. Des oiseaux suspendus à des perches volent au-dessus des modestes chaumières. Beau à voir !
Le sujet de la pièce demeure sans doute actuel, car il semble qu’on a toujours des difficultés à attirer des médecins dans les régions éloignées. Malgré tout, le ton est plutôt joyeux, mais il ne faut pas s’attendre à rire à gorge déployée.
Enfin, l’adaptation d’Emmanuel Reichenbach est longue ! Après une première partie d’une heure et demie suivie d’un entracte d’une vingtaine de minutes, on ajoute une autre demie heure. Alors que le film La Grande séduction durait 110 minutes bien rythmées avec des moyens qu’offre le cinéma, cette pièce dure 120 minutes (en plus de l’entracte). C’est beaucoup de temps pour raconter une histoire déjà connue de la plupart des spectateurs venus en découvrir l’adaptation théâtrale.
Sainte-Marie-la-Mauderne (adaptation théâtrale du film La Grande Séduction)
Avec : Michel Rivard, Fayolle Jean Jr., Normand Brathwaite, Isabelle Miquelon, Chantal Baril, Klervi Thienpont, Alexandre Fortin, Gary Boudreault, Igor Ovadis et Simon Beaulé-Bulman
Adaptation : Emmanuel Reichenbach / Mise en scène : Frédéric Blanchette
Première partie : 90 minutes / Entracte d’une vingtaine de minutes / Deuxième partie : 30 minutes
Au Théâtre Gilles-Vigneault (Saint-Jérôme), jusqu’au 13 août