De la science-fiction dans une pièce de théâtre ? Plutôt rare ! C’est pourtant le cas de Seeker de Marie-Claude Verdier, présentée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, avec David Boutin et Madeleine Péloquin. Ce «conte philosophique du futur» repose sur une confrontation entre une femme et son ex-conjoint. À la suite d’une mutation génétique, ce dernier a la capacité de voir et de ressentir les souvenirs des autres.

Crédit photo: Valérie Remise
On est en 2250, au Colorado. Lomond (David Boutin) est un seeker. Il est convoqué par l’armée dans le cadre d’une mission spéciale où il se retrouve face à son ex-femme (Madeleine Péloquin).
Elle veut qu’il déchiffre les souvenirs enfouis dans ce qui s’apparente à une pierre étrange qu’elle a rapportée de la planète Mars. On comprend que la lecture des «fichiers mémoriels» qui s’y trouvent est extrêmement périlleuse pour le seeker : la terreur s’empare du regard de Lomond ! Il dit avoir vu des gens imploser. Leurs souvenirs disparaître, etc. L’expérience est si éprouvante que le seeker s’affaisse, mais le travail n’est pas terminé. Devra-t-il aller plus loin ? Risquer la mort ?
David Boutin réussit à nous faire croire à son personnage torturé, mais l’histoire qu’il raconte est floue. En quoi ses révélations auraient-elles «des conséquences sur l’humanité toute entière», comme le mentionne le programme du spectacle ?
Puis, on apprend que le couple a une petite fille, dont il est question à quelques reprises. Le rôle de l’enfant dans cette histoire est également loin d’être clair ! Quant à Madeleine Péloquin, elle passe sans gradation d’un rôle de manipulatrice à celui d’une femme encore attachée à son ex. Au bout du compte, on ne se sent pas concerné par ce que vit cet ex-couple. Comment vibrer à leurs émotions, alors qu’on ne saisit pas le pourquoi de leurs désaccords ?
Tout se joue sur une scène minuscule, aménagée au milieu de la petite salle Jean-Claude Germain. Alors, forcément, les comédiens tournent le dos à une partie du public, ce qui n’aide pas à suivre ce récit complexe. Oubliez les vêtements et décors futuristes. On mise plutôt sur la spatialisation sonore. Soulignons, ici, le bon travail de Andréa Marsolais-Roy.
«Il sera une fois»
Alors que dans les contes, on dit «il était une fois», la science-fiction, elle, «permet d’explorer des dilemmes éthiques ou moraux, en se projetant dans l’avenir», selon madame Verdier. «Par exemple, en ce moment, on parle beaucoup des gens qui veulent coloniser Mars. D’une certaine façon, pour eux, c’est une colonisation idéale puisqu’il n’y aurait pas de peuple à asservir. Mais qui pourrait aller vivre dans ce nouveau monde ? Des pivilégiés ?»
Enfin, Seeker, voyage philosophique dans le futur, a le mérite de ne pas tomber dans une terminologie hermétique et d’être concis (65 minutes).
Seeker
Salle Jean-Claude-Germain (CTDA) / Jusqu’au 2 octobre 2021
Texte: Marie-Claude Verdier / Mise en scène: Justin Laramée
Interprétation: David Boutin, Madeleine Péloquin
Environnement sonore: Andréa Marsolais-Roy
Sur la première photo : David Boutin, Madeleine Péloquin / Crédit : Valérie Remise