Jeux d’ombres époustouflants et numéros de magie intrigants, entrecoupés d’extraits de films; voilà ce qui résume le spectacle à l’affiche à la TOHU, durant la semaine de relâche. C’est l’occasion de découvrir ou redécouvrir l’artiste français Philippe Beau, reconnu comme un spécialise de l’ombromanie et qui a collaboré avec, entre autres, Robert Lepage et le Cirque du Soleil. Magie d’ombres… et autres tours est un véritable ballet de doigts chorégraphié avec virtuosité qui comporte aussi un étonnant clin d’oeil aux Québécois…
Histoires sans paroles
En plaçant ses mains devant un projecteur, Beau fait apparaître, sur un grand écran : un oiseau, un orignal, un cheval, etc. Grâce à ses doigts d’une agilité prodigieuse, l’artiste crée aussi des formes humaines : un homme avec un cigare, une femme aux cheveux ondulés, etc. Deux humains s’approchent prudemment l’un de l’autre et osent même une bise! Des musiques harmonieuses et parfois mystérieuses accompagnent ces histoires sans paroles. L’artiste est si discret qu’on en oublie presque sa présence sur scène, tellement on est captivé par les ombres qu’il produit devant nous
Ce solo axé sur les liens entre les jeux d’ombre, la magie et l’illusion inclut des projections d’extraits de films, dont Le Roi des dollars de Segundo de Chomón et Les cartes vivantes de George Méliès, tous deux parus au tournant du XXe siècle.
Après chaque extrait, l’ombromane cède la place au magicien pour faire écho à la séquence du film qu’on vient de voir. Philippe Beau choisit alors un spectateur au hasard et l’entraîne sur scène comme témoin de ses tours de magie, qu’il s’agisse de faire apparaître des pièces de monnaie, ou de transformer des bouts de papier en billets de dix dollars canadiens.
À tout coup, jeunes et moins jeunes redécouvrent le lien entre le cinéma et la magie, alors que l’artiste s’amuse à dialoguer avec des géants de l’illusion : Charlie Chaplin, Woody Allen, etc.
Clin d’oeil aux Québécois
Philippe Beau a travaillé à Las Vegas, Hong-Kong, St-Pétersbourg, etc. et il continue d’apporter une attention particulière au public auquel il s’adresse. C’est ainsi que le spectacle qu’il présente à la TOHU, comporte un volet typiquement québécois. Avec ses doigts, il fait revivre le général de Gaulle, en scandant «Vive le Québec libre!» Ses habiles jeux d’ombres ressuscitent également René Lévesque puis Pierre Elliott Trudeau, le temps de courtes déclarations passées à l’histoire au moment du référendum de 1980. L’ombromane fait aussi apparaître la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Vous aurez compris que Magie d’ombres… et autres tours n’est pas un spectacle tapageur. Tout s’y déroule en douceur et le procédé peut sembler parfois répétitif. Pourtant, la plupart des spectateurs, dont de nombreux jeunes enfants, sont restés attentifs et vraisemblablement fascinés durant les 70 minutes de la représentation de cet après-midi. Plus qu’un divertissement, ce ballet à dix doigts nous ramène à l’essence du cinéma et de l’art de l’illusion, histoire de rêver mieux!
Magie d’ombres… et autres tours par Philippe Beau
Montréal : La TOHU, du 27 février au 4 mars / Billets
Québec : Le Diamant, du 9 au 12 mars / Billets
*Crédit photo : Antoine Dubroux