Maryse Rouy s’est inspirée des wagons-écoles qui ont sillonné des régions reculées du Canada, de 1926 à 1967, pour son plus récent roman aux Éditions Druide, Toute la chaleur du Nord, Une pionnière à l’école sur roues. Pour cette ancienne enseignante, découvrir la voiture-école fut l’équivalent d’un coup de foudre, qui lui a permis de publier ce superbe roman empreint de nostalgie, de solidarité, d’amour, de passion et de dévouement. Et pour moi, lire ce roman a engendré un coup de foudre littéraire pour la plume de Maryse Rouy.
Résumé : À l’automne 1933, Elizabeth remplace son mari obligé d’abandonner son poste de professeur à bord du wagon-école à la suite d’un diagnostic de tuberculose. Tandis qu’il est confiné loin des siens dans un sanatorium, elle renoue avec sa première passion : l’enseignement. Pour assister aux cours offerts dans cet établissement ambulant hors du commun, des enfants de cheminots, de bûcherons, de trappeurs et de jeunes amérindiens parcourent de grandes distances à pied, en canot ou en raquettes. Le soir, c’est au tour des parents de se rendre au wagon non seulement pour jouer au bingo ou aux cartes, mais aussi pour suivre des cours d’alphabétisation ou d’économie domestique. Parmi les proches d’Elizabeth, certains croient que la vie nomade ne convient pas à une mère respectable et ils lui mènent la vie dure. Cependant, elle maintient le cap, épaulée par sa soeur et portée par l’espoir de voir l’état de son mari s’améliorer.
J’ai découvert l’autrice Maryse Rouy, il y a quelques années, lorsque j’ai lu un de ses romans jeunesse. J’ai été tout de suite conquise par sa plus remplie de tendresse et sa justesse à rendre palpables les émotions qu’elle couche sur papier. J’ai ensuite découvert son récit personnel Être du monde qui m’a complètement bouleversée et touchée profondément. Avec Toute la chaleur du Nord, Une pionnière à l’école sur roues, dès les premières pages, j’ai su que j’allais adorer me plonger dans ce récit au nord de Sudbury en Ontario, en 1933, qui allait me fait découvrir cette expérience hors du commun que d’enseigner dans un wagon-école, pour des jeunes d’âges variés, en tournée de cinq semaines, dans cinq villages différents. On peut dire que cette autrice excelle dans tous les styles d’écriture.
Avec ce roman, Maryse Rouy a ce talent de pouvoir faire ressortir le meilleur de ses personnages et nous transmettre de belles valeurs de solidarité et de dévouement, tout en nous racontant une histoire passionnante, nous faisant découvrir un métier insoupçonné, et la vie au quotidien des gens de ces régions éloignées, dans une époque révolue. Que ce soit les immigrants, les Indiens, les trappeurs québécois, ou les cheminots qui vivent non loin des rails près de la forêt, on en apprend petit à petit sur la misère de ces gens en temps de crise financière, mais également leur résilience, leurs trucs pour survivre, pour créer avec peu, leur détermination à apprendre à lire, et écrire, pour tenter de se sortir de leur milieu de pauvreté.
J’ai adoré passer ces semaines avec ces deux femmes courageuses, Élizabeth et Helen, qui, en plus d’enseigner aux enfants, donne des trucs aux femmes pour cuisiner, coudre, etc. Et elles organisent des bingos, des fêtes de Noël, des activités de patinage et tout cela avec le cœur sur la main, la patience et la passion pour l’enseignement.
À cette histoire inspirante, l’autrice nous ajoute un autre récit en parallèle, soit le combat contre la dévastatrice maladie du siècle, la tuberculose, que le mari d’Élizabeth doit mener pour espérer un jour retourner prendre sa place aux côtés de sa femme dans le wagon-école. C’est touchant, troublant même, de voir leur correspondance, de semaine en semaine, de sentir tout l’amour qu’ils ont l’un pour l’autre. C’est avec tendresse qu’on espère une fin heureuse pour ce couple et assurément, ce roman nous inspire et nous fait vivre une expérience de vie enrichissante. Mon seul regret est d’avoir lu ce roman beaucoup trop rapidement, car j’aurais voulu continuer de suivre le quotidien de ces personnages, autant les enseignants que les jeunes et les familles qu’ils côtoient chaque cinq semaines.
Voici un extrait de la superbe plume de Maryse Rouy :«La soirée des femmes était bien différente de celle du bingo, une activité familiale à laquelle tous participaient. Ce soir-là, elles venaient seules, laissant les enfants à leur mari…Elles commençaient par cuisiner, échangeant leurs astuces pour confectionner des plats avec très peu d’ingrédients… Elle montra à celles qui voulaient l’apprendre comment repriser une chaussette trouée…Quand le gâteau fut cuit, elles s’installèrent à table pour le déguster avec une tasse de thé. La plupart n’en prirent qu’une bouchée et glissèrent le reste dans un contenant tiré de leur sac, incapables de manger une portion complète alors que leurs enfants en étaient privés.»
Reconnue pour ses talents de raconteuse et la qualité de son écriture, Maryse Rouy a publié une trentaine de romans. Le polar médiéval Au nom de Compostelle lui a valu, en 2003, le prix Saint-Pacôme du roman policier et deux tomes de sa série Les chroniques de Gervais d’Anceny ont été finalistes au prix Arthur-Ellis, qui récompense la littérature policière canadienne. Dans un registre différent, Être du monde (2019) livrait un récit très personnel voyageant entre la mère perdue et la mer toujours recommencée, tandis que Toute la chaleur du Nord marque son retour au roman.
Prix : 22.95$
Collection : Reliefs
Paru le 16 septembre 2020
Nombre de pages : 264 pages
Éditions Druide : https://www.editionsdruide.com/
Voici le lien vers mon appréciation de son livre précédent : https://lesartsze.com/etre-du-monde-de-maryse-rouy-coup-de-coeur-demotions/