Écrite par l’auteur et comédien anglais Ben Elton avec les membres restants du groupe Queen, Brian May et Roger Taylor, We Will Rock You, The Musical se déroule dans un futur post-apocalyptique où n’existe aucun instrument de musique. Pour sauver le Rock’n’roll de l’oubli, le monde doit s’en remettre au dreamer, Galileo, et à sa belle Scaramouche.
Prémisse somme toute originale, l’histoire de ses deux rebelles tire pourtant des ficelles maintes fois éprouvées dans les comédies musicales : une histoire d’amour, des comparses de route comiques, des ennemis… bon, dans ce cas-là, plus ou moins redoutables. Donc… après s’être échappés de leur centre de formation, Galileo et Scaramouche sont accueillis par des bohemians en quête du vrai esprit du Rock’n’roll. Et ça tombe bien, parce que Galileo porte en lui ce true spirit. Le régime totalitaire imposé par la Killer Queen et le commandant de sa police secrète, Khashoggi vont tout faire pour contrecarrer leurs plans. Mais l’amour de la musique – et celui des deux jeunes gens – triomphera.
La comédie musicale basée sur les chansons du groupe Queen ne bénéficie certainement pas d’un budget comparable, mais dans le même genre, Mamma mia! excelle là où We will rock you (WWRY) échoue. Alors que l’histoire de la première était narrée à partir des chansons du groupe Abba, celle de WWRY ressemble davantage à un prétexte pour pouvoir entendre les hits du mythique groupe britannique. L’ensemble est très décousu, cacophonique, et des raccourcis assez sévères accélèrent un final qui aurait mérité davantage de développement.
Mais – me diriez-vous – c’est une comédie musicale, qu’en est-il des prestations ? Malgré quelques problèmes de balance, notamment pour l’interprète de Scaramouche, les chanteurs et chanteuses n’ont pas à rougir de leur prestation. Le matériel de base est excellent, et ils parviennent tous et toutes à se l’approprier, sans le dénaturer. Bien sûr, les niveaux de performance, de précision, et de nuances du regretté Freddie Mercury ne sont jamais atteints, mais l’effort est on ne peut plus louable. Radio Ga Ga et sa chorégraphie robotisée, Somebody to Love, Killer Queen, Don’t Stop Me Now, Under Pressure, Another One Bites The Dust sans doute le point fort de la soirée, font partie des plus grands succès repris.
En revanche, les dialogues recèlent quelques pépites. Souvent construits à partir de titres de chansons, le public se prend au jeu de reconnaître le titre ou l’interprète. Plus pertinent encore : la critique subtile, mais bien présente de l’industrie musicale actuelle. Chansons formatées, produites à la chaîne, à grand renfort d’Auto-Tune, en prennent pour le grade.
Et bien sûr, nous ne boudons pas notre plaisir à écouter en live les chansons de Queen. Même si WWRY parle du Rock’n’roll en général, il s’agit davantage d’un tribute to.
Reste que We Will Rock You est un divertissement honnête, sans prétention, qui parvient à tirer une épingle de son jeu pourtant fragilisé par ses faiblesses scénaristiques.
Durée du spectacle : 2 h 20 avec entracte
Crédit photo : Mark Brett
We will rock you, the Musical est présenté jusqu’au 12 février à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.