Aussi bien le dire tout de suite, l’adaptation de la pièce Les Beaux dimanches de Christian Lapointe est à la limite du supportable! Pendant deux heures 15, sans entracte, 11 comédiens hurlent presque sans arrêt et souvent en même temps dans la petite salle du théâtre La Chapelle. Plus encore, on a cru bon munir de microphones ces personnages de bourgeois désabusés qui s’approchent parfois à quelques mètres des spectateurs pour crier leurs frustrations. Agressant! Et pourquoi tout ce bruit ?
Les Beaux dimanches, pièce de théâtre parue en 1968, raconte un lendemain de veille dans une maison chic d’une banlieue de Montréal. Des couples blasés s’entre-déchirent. On y fait le procès des séparatistes, de l’église catholique, des Français qui ont abandonné les Québécois aux mains des anglais et, bien sûr, le procès des hommes qui en faisant vivre leurs épouses les ont rendues malheureuses, au point où elles ne savent plus qui elles sont. Tout cela est exprimé dans la colère et le cynisme.
Du point de vue de la gestuelle, Lapointe explore des avenues prometteuses en laissant les comédiens appuyer simultanément leurs propos avec des gestes. Mais la plupart du temps, l’effet est tellement prévisible! Par exemple, tous lèvent un bras, lorsqu’il est question des patriotes qui se sont levés, lors de la rébellion de 1837; tous placent leurs mains devant leurs yeux quand il est question de refus de se rendre à l’évidence, etc.
Parmi les nombreuses crises de couples qui éclatent, il y a celle où une femme se venge de son mari qui lui dit qu’elle a vieilli, en commençant à se déshabiller pour se donner en striptease devant leurs amis. C’est à ce moment qu’apparaît Denise Filiatrault en plein striptease sur grand écran, car il faut savoir que Les Beaux dimanches a aussi été un film, sorti en 1974. Alors qu’on nous montre des scènes jouées, entre autres, par Jean Duceppe, Catherine Bégin, Andrée Lachapelle, Yves Létourneau et Louise Portal, les interprètes sur scène s’emparent de quelques répliques qu’ils disent de façon plus ou moins synchronisées avec les acteurs à l’écran. Plus encore, on s’en donne à coeur joie en accentuant ironiquement les pleurs entendus dans le film !?!?
Cela dit, ces jeunes comédiens sont dans l’ensemble crédibles dans leurs personnages. Ils se donnent à fond! Quant au metteur en scène qui estime que cette pièce «est une fresque de la société de nos grands-parents», il faudrait sans doute lui rappeler que les spectateurs qui s’intéressent à Marcel Dubé ne sont pas tous sourds pour autant.
Les Beaux dimanches
Mise en scène: Christian Lapointe
Avec: Félix-Antoine Cantin, Claudia Chillis-Rivard, Étienne Courville, Nadine Desjardins, Patrice Ducharme-Castonguay, Étienne Lou, Virginie Morin-Laporte, Jules Ronfard, Gabriel-Antoine Roy, Rosemarie Sabor, Élisabeth Smith
Au théâtre La Chapelle, jusqu’au 15 décembre
Crédit photo: Maxim Paré Fortin






























































