Alors que le Québec vient d’être le théâtre d’un combat de boxe qui a très mal tourné pour Adonis Stevenson, on peut dire que l’opéra Champion, que s’apprête à présenter l’Opéra de Montréal, s’inscrit bel et bien dans notre actualité. L’oeuvre du jazzman afro-américain Terence Blanchard, sur un livret de Michael Cristofer est basée sur une histoire vraie qui découle d’un combat entre les boxeurs Emile Griffith et Benny Paret, en 1962. Lors du duel, Paret nargue son adversaire avec une insulte homophobe, plus précisément le mot espagnol «maricón» (pédé, tapette). Griffith réplique en assénant une série de coups à son adversaire qui en mourra. Après ce combat, les défaites s’accumulent pour Griffith et des signes de démence apparaissent chez lui. Il rejette son entraîneur ainsi que sa conjointe et va chercher du réconfort dans le monde gay de New York. Un soir, à la sortie d’un bar, un groupe de voyous l’agressent et aggravent ses lésions au cerveau. C’est ainsi que ce personnage hanté par son passé dira: «Je tue un homme et le monde me pardonne; j’aime un homme et le monde veut me tuer.»
Le rôle de Griffith a été divisé en deux, pour explorer différentes étapes de sa vie. La basse Arthur Woodley (Emile) et le baryton-basse Aubrey Allicock (Emile jeune) reprennent les rôles qu’ils ont eux-mêmes créés, en 2013, à l’Opera Theatre of St. Louis. De la distribution originale, on retrouve aussi le ténor Victor Ryan Robertson dans le rôle de Benny « The Kid » Paret.
James Robinson, directeur artistique de l’Opera Theatre of St. Louis, qui a effectué la mise en scène de la première présentation de Champion, dirige aussi la première canadienne de cette oeuvre qu’on dit «aux croisements de l’opéra, du jazz et du gospel».
Le compositeur
Champion est le premier opéra du trompettiste de jazz Terence Blanchard qui au cours de sa carrière a remporté cinq Grammy Awards. En tant que compositeur de film, Blanchard a plus de 50 bandes sonores à son actif, dont la plus récente est Blackkklansman de Spike Lee. Il a également reçu une nomination aux Golden Globe Awards pour la 25e heure de Spike Lee. Enfin, après avoir été directeur artistique du prestigieux Thelonious Monk Institute of Jazz pendant une décennie, il a été nommé en 2015 « Artiste en résidence » au Berklee College of Music de Boston, où il travaille avec des étudiants dans les domaines du développement artistique et de la composition.
Opéra : Champion de Terence Blanchard
Genre : « Opera in jazz »
Structure : 2 actes
Langue : en anglais avec surtitres français et anglais
Livret : Michael Cristofer
Avec : la basse Arthur Woodley (Emile), le baryton-basse Aubrey Allicock (Young Emile), le ténor Victor Ryan Robertson (Benny « The Kid » Paret), ainsi que les chanteurs canadiens: Catherine Daniel (Emelda Griffith), Brett Polegato (Howie Albert), Asitha Tennekoon (Luis Griffith) et Chantale Nurse (Blanche/Sadie). Deux chanteurs de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, Sebastian Haboczki (Ring Announcer) et Scott Brooks (Man in the bar) complètent la distribution. Le volet choral est assuré par le Montreal Jubilation Gospel Choir, dirigé par Dr. Trevor Payne, et le Chœur de l’Opéra de Montréal.
Chef : L’Américain George Manahan, artisan de la première heure de Champion dirige l’OSM et des musiciens jazz qui se joindront à l’orchestre.
Création : Opera Theatre of St. Louis, St. Louis (USA), 15 juin 2013
Production : Washington National Opera
Première canadienne
Salle Wilfrid-Pelletier, les 26, 29, 31 janvier et 2 février
Photo de l’opéra Champion prise par Scott Suchman