Surtout, n’y voyez aucune prétention de ma part, mais rares sont les spectacles du temps des fêtes qui arrivent à me surprendre, tout simplement parce que c’est Noël, que nous connaissons toutes les chansons ou presque et que les thèmes abordés tournent toujours sensiblement autour de la famille, de l’amour de son prochain et du partage. De ce point de vue, Décembre ne déroge pas à la règle, mais réussit, grâce à ces classiques efficaces, à créer un univers surprenant et tout bonnement… magique !
Cette magie est d’ailleurs exploitée sous différentes formes : une première partie dont les décors, costumes et musiciens avec leurs costumes de petits soldats, font briller les yeux des enfants, tandis que les parents abordent un sourire enchanté au fur et à mesure qu’ils découvrent des airs méconnus, mais pourtant très représentatifs d’une époque passée ou qu’ils redécouvrent les chansons qui ont bercé leur enfance. Moi-même, je me surprends dans cet état de semi nostalgie, lorsque le refrain de « Marie-Noël » s’élève tout en douceur. Dans la deuxième partie, les figures célestes côtoient les créatures des légendes de la Chasse galerie et autres contes d’hiver.
Autrement dit, contrairement à ce que laisse entendre le programme du spectacle, ce n’est pas une histoire qui nous est racontée, dans le sens où il est difficile de nommer les personnages et de se raccrocher à une quête, mais plutôt un compte-à-rebours en chansons, qui commence le 22 décembre pour se finir le 31. Les tableaux se différencient par les décors – tantôt dehors, tantôt près du feu, ou encore à la messe – et la première partie se veut vraiment traditionnelle et familiale. Nous avons même droit à une incursion dans l’atelier du Père Noël où nous constatons l’affairement des lutins à quelques heures du grand voyage. Hormis, quelques réorchestrations un peu… déconcertantes (« Vive le vent »,« Mon Pays, c’est l’hiver » et La Bolduc), c’est agréable, léger, sans prétention et les voix, parfois un peu fragiles des enfants, font émettre des « howww » plein d’affection. Et d’ailleurs, en parlant de voix…
Les chansons de Noël ne permettent pas souvent de démonstration vocale impressionnante mais les performances ont été dosées de telle manière, qu’au fur et à mesure les interprètes sont individuellement mis en valeur lors de performance solo tout en émotions ; l’interprétation de « Minuit Chrétien », finale de la première partie, en est un parfait exemple.
Pour ma part, la deuxième partie fût plus intéressante : plus de chorégraphies et un côté un peu plus sombre et mystique, qui je pense, a fait sourciller plus d’un parent. L’aspect familial est mis de côté et on se laisse entraîner dans un monde un peu plus ténébreux, où les bûcherons marchandent leur âme avec le diable… un monde un peu plus triste aussi, qui nous rappelle l’importance de l’entraide et de la générosité, au travers d’histoires un peu plus poignantes.
Heureusement, le spectacle ne s’achève pas sur cette note obscure et nous nous retrouvons de nouveau dans le confort d’un foyer, en pleins préparatifs de la soirée de la Saint-Sylvestre, dernier tableau qui rassemble de nouveau les petits et les grands.
Ce divertissement présenté depuis 14 ans à Montréal, nous entraîne dans un tourbillon d’émotions, qui rallie toutes les générations et illustre parfaitement, la fameuse magie du temps des fêtes.
On leur souhaite donc de durer au moins 14 années de plus.
Le spectacle « Décembre » de Québec Issime est présenté jusqu’au 30 décembre, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.
Durée du spectacle: 2 heures avec entracte