Le chorégraphe du célèbre ballet Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens, Fernand Nault, aurait eu 100 ans, le 27 décembre (2020). En plus d’avoir signé ce spectacle de ballet classique qui jusqu’à maintenant est celui qui a tenu le plus longtemps l’affiche dans une même salle au Canada, l’artiste québécois a aussi fait sa marque avec Tommy, le premier « ballet rock » créé au pays. Toute une année de célébration de l’héritage de Fernand Nault, prévue pour 2020, a été annulée à cause de la pandémie, mais on a bon espoir de pouvoir célébrer en 2021, ce grand nom de la danse qui a aussi rayonné à l’étranger. Entrevue avec André Laprise, fiduciaire du Fonds chorégraphique Fernand Nault.

Du nouveau, en cette fin d’année : un outil accessible à tous vient réaffirmer la place de Fernand Nault dans notre histoire. À travers une page Wikipédia truffée d’extraits d’entrevues avec le chorégraphe et ses collaborateurs, l’historienne de la danse Marie Beaulieu démontre comment Nault a été un acteur important de l’évolution de la danse au Québec.

Le Montréalais, né en 1920, avait d’abord acquis un important bagage de connaissances à l’étranger. Après avoir étudié la danse à Londres, New York et Paris, l’artiste a travaillé durant plus de 20 ans dans la Big Apple, où il s’est installé dans les années 40, étant tour à tour danseur, maître de ballet et directeur pédagogique pour l’American Ballet Theatre de New York.

De retour à Montréal, c’est en 1965 que Fernand Nault s’est joint aux Grands Ballets, en tant que codirecteur artistique et chorégraphe attitré. Deux ans plus tard, il présente Carmina Burana, dans le cadre d’Expo 67. Le succès de cette production où les chanteurs et le chœur sont intégrés au ballet est tel que les GBC iront jouer ce spectacle en Europe.

Expositions de costumes des ballets de Fernand Nault

En entrevue aux ArtsZe, André Laprise, fiduciaire du Fonds chorégraphique Fernand Nault, affiche un enthousiasme communicatif. «Ma grande motivation est d’éveiller l’intérêt pour le patrimoine artistique que nous avons au Québec ! Nous bénéficions de l’héritage de grands bâtisseurs que ce soit dans le domaine de la peinture, de la littérature ou de la danse, mais j’ai l’impression que nous ne voyons pas ce qu’ils nous ont laissé !»

L’une des activités reportée à 2021 est une exposition à la mémoire du chorégraphe. «Les Grands Ballets m’ont remis tous les costumes des spectacles de Fernand Nault qu’ils ne remonteront pas, qu’il s’agisse, notamment, de Tommy ou Carmina Burana. Ces tenues, dont plusieurs sont signées par François Barbeau, constitueront une exposition itinérante qui devrait être présentée, notamment, à Montréal et Ottawa, au cours des prochains mois.»

Une carrière internationale

Les recherches de madame Beaulieu, désormais accessibles sur Wikipédia, témoignent aussi de l’intérêt pour l’art de Fernand Nault hors Québec. L’historienne de la danse souligne que le Montréalais a signé des chorégraphies pour le Washington Ballet, le Ballet Federation of Philippines, l’Atlanta Ballet, le Ballet national de Corée et l’Alberta Ballet.

Cela dit, au-delà de l’histoire, s’intéresser au cheminement des pionniers peut s’avérer une source d’inspiration pour nous tous, estime le dévoué fiduciaire. André Laprise qui est allé remonter le Carmina Burana de Fernand Nault à Denver, en 2019, souligne, pour sa part, avoir réalisé à quel point la réflexion sur le destin de l’être humain qui est au coeur de cette chorégraphie demeure pertinente et actuelle.

Timbre commémoratif

D’autre part, monsieur Laprise affirme avoir la confirmation qu’un timbre à l’effigie de Fernand Nault verra bientôt le jour. «Ça devait sortir en juin 2020; le lancement est reporté au printemps 2021 et pour l’instant je n’ai pas le droit de vous décrire ce qu’on verra sur ce timbre», ajoute-t-il amusé.

27 décembre : «Je me souviens»

Fernand Nault, décédé le 26 décembre 2006 des suites de la maladie de Parkinson, avait d’ailleurs lui-même créé, en 2003, un fonds chargé d’assurer la continuité de son patrimoine chorégraphique. L’artiste a alors confié à son assistant de longue date, André Laprise, «la responsabilité de préserver l’intégrité artistique et les motivations de création à l’origine de ses conceptions chorégraphiques.»

Fidèle à son engagement, monsieur Laprise dévoilera virtuellement un nouveau volet des célébrations, ce 27 décembre, jour où Fernand Nault (né Fernand-Noël Boissonneault) serait devenu centenaire. On soulignera cet anniversaire en publiant sur le site du Fonds chorégraphique Fernand Nault, un recueil d’une trentaine de témoignages de personnalités qui ont côtoyé l’artiste dont Anik Bissonnette et Geneviève Guérard, ex-premières danseuses aux GBC, ainsi que Anastasia Chriaeff, fille de la fondatrice des Grands Ballets, Ludmilla Chiriaeff.

En terminant, il faudra surveiller les activités de célébration tout au cours de 2021, en espérant que le Casse-Noisette de Fernand Nault puisse à nouveau être présenté, en décembre prochain, à la Salle Wilfrid-Pelletier, où il triomphe durant le temps des Fêtes, depuis plus de 50 ans.

La liste de toutes les activités de célébration prévues est disponible sur le site du Fonds chorégraphique Fernand Nault : https://fcfn.ca/