L’excellent film « Miss » de Ruben Alves prendra l’affiche au Québec, dont le cinéma Le Clap, le 26 mars prochain. Cet inspirant film humain met en vedette Alexandre Wetter, Isabelle Nanty, Pascale Arbillot et Thibault de Montalembert (dix pour cent). Miss aborde la féminité en mettant de l’avant l’androgynie. Alexandre Wetter crève l’écran avec ce personnage éblouissant, envoutant et déstabilisant.
Synopsis : Alex, petit garçon gracieux de 9 ans qui navigue joyeusement entre les genres, a un rêve : être un jour élu Miss France. 15 ans plus tard, Alex a perdu ses parents et sa confiance en lui et stagne dans une vie monotone. Une rencontre imprévue va réveiller ce rêve oublié. Alex décide alors de concourir à Miss France en cachant son identité de garçon. Beauté, excellence, camaraderie… Au gré des étapes d’un concours sans merci, aidé par une famille de cœur haute en couleurs, Alex va partir à la conquête du titre, de sa féminité et surtout, de lui-même…
Décider de vivre sa féminité n’a rien à voir avec le fait d’être homosexuel. En fait cela n’a rien à voir avec la sexualité. C’est un choix et tout le monde devrait avoir la liberté de faire ce choix sans jugement. Voilà un peu ce qui ressort de ce film magnifique qui aborde les questions d’identité sous un angle nouveau et réussi même à insuffler de la modernité à l’univers des concours de beauté comme celui de Miss France. Touchant, drôle, mais aussi empreint d’une belle humanité, ce film fait réfléchir.
« À travers son héros androgyne qui navigue entre les genres, mon film est un état des lieux de la société d’aujourd’hui, de son besoin systématique de genrer et de juger, à tort, ceux qui ne correspondent pas à la norme. » – Ruben Alves
Miss met de l’avant l’androgynie, que l’on voit peu à l’écran et dès les premiers instants, on est complètement éblouis, déstabilisés et envoutés par ce qu’on voit. Et ce film nous fait réfléchir en amenant des questionnements du genre : comment les hommes peuvent-ils assumer leur féminité dans la société actuelle ? Comment peut-on trouver sa place quand sa virilité ne correspond pas aux codes établis ? Et pour aller encore plus loin, Ruben Alves regarde la femme à travers les yeux d’un homme qui met les femmes sur un piédestal et qui n’hésite pas à mettre certains hommes face à leur bêtise. Cet homme, c’est Alex (Alexandra), interprété de manière grandiose par Alexandre Wetter. Étonnamment, Alexandre, mannequin dans la vie, avait un rêve depuis qu’il est tout jeune, soit de défiler en femme pour Jean Paul Gaultier. Et il a réussi. Donc, il n’est pas surprenant qu’il soit le choix tout indiqué pour porter ce film sur ses épaules.
Quel personnage magnifique ! Alexandre crève l’écran. Son visage aux traits fins et délicats, qui lui donne des airs angéliques, ses longs cheveux soyeux, son sourire doux et son regard qui observe tout, adore la caméra et le réalisateur n’hésite pas à nous en faire de gros plans d’Alex qui absorbe tout, mais surtout qui cherche l’endroit où il sera accepté, où il pourrait s’intégrer, vu son unicité. Avec ce physique si parfait, ce n’est pas surprenant de voir comment il peut passer en toute simplicité et un naturel hallucinant d’un physique plutôt masculin à une féminité, une élégance et une grâce assumée.
Il y a également une touche d’humour et une grande humanité qui s’ajoutent au film, grâce à l’entourage d’Alex, que l’on découvre dès le générique d’ouverture sous une musique entrainante qui donne le ton au film. Alex habite dans une maison de chambre pour les marginaux, rejetés de la société, tenue par Yolande (Isabelle Nanty). Sous ses airs autoritaires et sans pitié, elle aime profondément ses locataires et particulièrement Alex, même si elle s’oppose farouchement à ce concours de Miss France, qu’elle qualifie de superficiel et dégradant pour la femme.
Parmi les autres locataires, il y a une mère et sa fille indouistes, aussi Moussa Mansaly et Hedi Bouchenafa qui incarnent deux immigrants qui cherchent également leur place, ainsi que la sublime Lola la travesti merveilleusement joué par Thibault De Montalembert (dix pour cent). Sans déborder dans le caricatural, avec une bonne dose d’authenticité de respect et d’humanité, Thibault a créé ce personnage flamboyant et excentrique que l’on trouve très attachant, surtout quand elle s’ouvre à Alex sur ce qui se cache derrière son armure de panache pour contrer la méchanceté autour d’elle. Dans cette maison de chambre, aussi colorée que ses locataires, nous proviennent les meilleurs moments d’humour, mais aussi les répliques les plus sensées et réfléchies qui nous touchent profondément. Alex est accepté tel qu’il est et tous le supportent dans ses choix, dans cette maison.
Et au cœur de cette histoire, on retrouve le concours de Miss France, qui au départ, ne me donnait pas envie de voir ce film, puisque ce genre de concours est la quintessence de la féminité et ses stéréotypes. Mais, à ma grande surprise, Ruben en profite pour casser les codes et insuffler de la modernité dans cet univers. Il met en lumière des candidates, oui très belles, parfois niaises, mais il y a aussi celles qui sont là pour devenir célèbres, celles qui sont brillantes et veulent changer le monde ou encore celles plus masculines comme miss Corse, et qui veut montrer qu’elle aussi peut devenir Miss France et briser les standards. Et c’est aussi cela que fait Amanda, la directrice des Miss France,(Pascale Arbillot), briser les standards, en amenant les filles en Belgique pour soutenir la cause de l’environnement. Elle préfère le fond à la forme et elle n’hésite pas à remettre quiconque à sa place. Ce qui me plait le plus dans ce film, ce sont les répliques intelligentes qui font réfléchir et dont en voici quelques-unes que j’ai retenues.
Alex qui a mentionné vouloir le titre de Miss France pour «devenir quelqu’un», Amanda réplique : «Au lieu de devenir quelqu’un, vous êtes entrain de devenir personne». Elle ajoute : «N’essayez pas d’être comme les autres pour vous intégrer. On ne doit pas être victime des codes, mais apprendre à jouer avec.»
Et voici la réplique de Yolande à Alex lorsqu’il ne croit plus en lui. «Ne laisse jamais personne déterminer TA valeur.»
Au final, ce film est très touchant, sans tomber dans les clichés larmoyants. Il contient également une bonne dose d’humour qui vient équilibrer les émotions. Les personnages sont colorés sans déborder dans le caricatural, car ils ont une profondeur humaine attachante. L’histoire est inspirante, car elle démontre qu’on doit croire en ses rêves et surtout qu’on doit s’assumer dans nos différences et s’accepter tel qu’on est. Le film fait passer de très beaux messages de manières quand même subtiles, telles que ce bel hommage à la féminité au sens large et présenter un œil nouveau sur les concours de beauté, qui sont en fait bien plus que cela, de plus en plus : Élégance, prestance et féminité.
Alexandre Wetter est actuellement en lice aux César 2021 comme meilleur espoir masculin pour ce rôle.
Date de sortie : 11 Mars 2020 France, au Québec le 26 mars 2021
Durée du film : 1h47
FICHE ARTISTIQUE
lexandre Wetter est Alex
Pascale Arbillot est Amanda
Isabelle Nanty est Yolande
Thibault de Montalembert est Lola
Stéfi Celma est Miss Paca
Quentin Faure est Elias
Moussa Mansaly est Randy
Hedi Bouchenafa est Ahmed
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=QpA6nauixj4
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– SCÉNARIO ORIGINAL, ADAPTATION ET DIALOGUES ÉLODIE NAMER ET RUBEN ALVES. D’APRES UNE
HISTOIRE DE RUBEN ALVES, AVEC LA COLLABORATION DE CECILIA ROUAUD
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– MAQUILLAGE VALÉRIE THERY
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