Au tour de maestro Boris Brott et l’OCM de retrouver un public en chair en en os, à la salle Pierre-Mercure. Pour cet avant-dernier concert de la saison, intitulé Les grands Slaves, on a invité le violoncelliste Stéphane Tétreault pour jouer une oeuvre qu’il qualifie de «centrale» dans sa vie. Entrevue avec un musicien qui a goûté à la webdiffusion et qui meurt d’envie de retrouver les mélomanes…
Stéphane Tétreault qui a étudié pendant plus de 10 ans sous la tutelle du regretté violoncelliste, Yuli Turovsky, fondateur de l’ensemble I Musici de Montréal, va jouer le 1er Concerto pour violoncelle du compositeur russe Dmitri Chostakovitch (1906-1975). «Monsieur Turovski avait connu Chostakovitch et le violoncelliste Mstislav Rostropovitch qui fut le premier à jouer cette oeuvre, en 1959.»
Un défi émotionnel
Mon professeur se souvenait de cette époque et il racontait des histoires d’une tristesse presque invraisemblable sur la vie de ce grand compositeur qui a vécu l’époque soviétique. Entre autres, Yuli Turovsky n’avait pas oublié que, pendant un certain temps, Chostakovitch craignait tellement d’être emmené par la police, qu’il dormait près de la porte d’entrée de sa maison avec sa valise toute faite, pour ne pas déranger sa famille si on venait le chercher au beau milieu de la nuit !»
On sait aussi que ce concerto a été composé alors que Chostakovitch souffrait de la polio, une maladie infectieuse qui a tué des millions de personnes. «On ressent son immense chagrin dans cette oeuvre qui est presque une lecture de la vie de Chostakovitch. Je la joue depuis plus de 10 ans. C’est une oeuvre centrale dans ma vie et mon répertoire ! Tous ces souvenirs racontés par Yuli sont si forts que je trouve ce concerto difficile à jouer sur le plan émotionnel.
Pied de nez à Staline
Ce n’est pas banal, non plus, de souligner que dans le finale, le compositeur repique une des mélodies favorites de Staline. Il s’agit de Suliko que Chostakovitch reprend de manière ironique, pour souligner qu’il n’a pas oublié les persécutions staliniennes dont il fut victime.»
Les grands Slaves
Orchestre classique de Montréal / Boris Brott & Xavier Brossard-Ménard, chefs
Stéphane Tétreault, violoncelle
Angelova – Anciennes légendes
Lysenko – Quatuor à cordes en ré mineur (1e mvmt) –
Lysenko – Ouverture de l’opéra Taras Bulba – (arr. F. Vallières)
Chostakovitch – Valse n° 2 de la Suite pour orchestre de variété – (arr. N. Arman)
Chostakovitch – Concerto pour violoncelle n° 1
Salle Pierre-Mercure, le 18 mai à 19h / Disponible en webdiffusion du 18 mai au 1er juin