L’une des particularités du spectacle de «street dance» de la chorégraphe montréalaise Alexandra «Spicey» Landé, c’est que le public est assis sur la scène du Théâtre Maisonneuve, où huit danseurs sont à l’oeuvre. Cette proximité est loin d’être fortuite, car le spectateur en arrive à se demander s’il est simplement observateur ou plutôt complice des scènes qui se déroulent devant lui. Inspiré de la culture hip-hop, La Probabilité du Néant est une expérience à la fois festive et propice à l’introspection.
Alexandra «Spicey» Landé, s’est démarquée, dès 2005, comme fondatrice du Festival Bust A Move, une compétition de danses de rue qui s’est poursuivie durant une dizaine d’années, avec la complicité de la TOHU. Déterminée à explorer le langage hip-hop, tout en suscitant des réflexions sur différents enjeux sociaux, elle a fondé, en 2015, la compagnie Ebnflōh.
Une première à Danse Danse
Pour sa première production à Danse Danse, la chorégraphe y présente un spectacle empreint de théâtralité et de gestes qu’on peut voir tous les jours dans la rue. Banks, Bibiman, Jigsaw, Kiddi, Kosi, Tealeaf, Hurricane Tina et Rawss bougent parfois au rythme de la musique. Mais, à d’autres moments, leur rythmique semble basée sur leurs propres éclats de voix. Le spectateur assiste-t-il à des engueulades ? Des batailles de rue ? Tel ou tel danseur est-il victime ? Agresseur ? Le public, lui, est-il simplement témoin ou complice ?
On aura compris que le titre du spectacle fait référence aux probabilités que tous ces statuts puissent se mélanger et s’interchanger, de sorte qu’il y a toujours plusieurs façons d’interpréter une situation. Fascinant !
Comme si les pistes n’étaient pas déjà savamment brouillées, la chorégraphe ajoute des projections de silhouettes dansantes. À chacun de décoder ce qu’il voit, en réalisant que la perception d’une situation donnée est teintée d’une bonne part de subjectivité.
Surprendre et divertir
«Spicey» arrive ainsi à surprendre et divertir le spectateur de belle façon durant une heure, sans lui dire quoi penser de ce qu’il voit. Elle accorde aussi une part de liberté à ses interprètes, en les laissant improviser après avoir donné ses indications. C’est ce qu’on appelle le «freestyle». On peut donc penser que le spectacle varie un peu à chaque soir.
Souvent cocasses et ancrés dans notre quotidien urbain, ces différents tableaux de danse de rue ont de quoi nous faire réfléchir aux regards que nous portons sur les autres. En fait, l’expérience pourrait nous amener plus loin encore, selon sa créatrice : «La Probabilité du Néant veut rendre hommage à la volonté de nous unir, dans la force de ce qui nous rassemble, et la curiosité de ce qui nous distingue.»
La Probabilité du Néant
Au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts, du 5 au 9 octobre 2021
Alexandra «Spicey» Landé, chorégraphe
Interprètes: Nindy Banks / Ja James «Jigsaw» Britton Johnson / Jaleesa «Tealeaf» Coligny / Kosisochukwu «Kosi» Eze / James-Lee «Kiddy» Joseph / Christina «Hurricane Tina» Paquette / Alexandre «Bibiman» Philippe-Beaudoin / Elie-Anne «Rawss» Ross.
Compositeur et concepteur sonore : Richard «Shash’U» St-Aubin
Musique «Trapped» : écrite et rappée par Vladimir «7Starr» Laurore
Dramaturge : Mathieu Leroux
Réalisatrice vidéo : Alexandra «Spicey» Landé
Coach de jeu : Étienne Lou
Crédit photo : Melika Dez






























































