Comment naît l’imagination ? Qui mélange les ingrédients dans notre cuisine à rêves ? Qui provoque nos hallucinations, nos psychoses, nos états amoureux ? Selon Lina Cruz ce sont les «morphs» ! Dans son spectacle présenté à l’Agora de la danse, la chorégraphe espiègle entend nous faire découvrir des êtres qui peuplent un monde parallèle responsable aussi bien de notre imaginaire et de notre inconscient que de nos folies à l’état d’éveil. Entrevue avec une artiste qui raconte son histoire avec humour, à travers les mouvements des corps et la poésie.
Des inconnus vivraient en nous…
«Quand j’étais petite, pour m’aider à m’endormir, ma mère me disait : laisse-toi tomber dans les bras de Morphée, dieu des rêves dans la mythologie grecque. Alors, pour moi, les «morphs», ce sont les employés de ce dieu». C’est dans cet esprit que Lina Cruz place cinq danseurs et un musicien performeur sous les feux des projecteurs pour éclairer les rouages secrets de notre psyché. «Je me suis concentrée sur ces créatures à l’oeuvre en nous, jour et nuit. Elles vivent sur scène grâce aux danseurs qui se retrouvent dans des situations absurdes et drôles, dans un monde semblable aux jeux de l’enfance où tout était possible.»
Philippe Noireault sur scène
Ce voyage aux pays des rêves se déroulera aussi à travers des extraits de poèmes de Victor Hugo et de Charles Baudelaire, pour ne nommer qu’eux, tous lus par Philippe Noireaut. Le pianiste et chanteur qui a accompagné de nombreux artistes au fil des ans, dont Gilles Vigneault et Renée Claude, interprétera la chanson La lune de Léo Ferré, qui semble très appropriée à l’univers onirique de Morphs : «Je m’appelle la lune / Tous les vingt–huit du mois / Je me refais une beauté au clair de terre…»
Distanciation maintenue
La chorégraphe insiste pour dire que les gens pourront voir le spectacle en gardant leurs distances, comme ce qui était prévu, lors de l’achat de leurs billets, il y a quelques semaines. «Nous nous sommes limités à environ 90 spectateurs par représentation, même si les nouvelles normes permettraient d’en accueillir davantage. Le fait est que la pandémie inspire encore des craintes au public et qu’il n’aurait pas été logique qu’on se retrouve collés les uns sur les autres, alors que plusieurs ont acheté leurs billets, entre autres, parce qu’on prévoyait respecter la distanciation.»
De la danse au karaté
Enfin, rappelons que Lina Cruz, née en Colombie, est active dans le milieu montréalais de la danse depuis une trentaine d’années. Elle a notamment collaboré, en tant que chorégraphe, avec l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal pour Il Mondo della Luna de Haydn en 2007 et pour Didon et Énée de Purcell en 2005. Après ses années de formation, surtout en Espagne et aux États-Unis, elle a travaillé pour la chanteuse Martine Michaud et la chorégraphe Silvy Panet-Raymond dans Kâ, spectacle récipiendaire d’un Félix en 1989. Parallèlement à la danse, madame Cruz a cultivé une passion pour les arts martiaux et s’y est adonnée pendant quelques années, jusqu’à l’obtention d’une ceinture brune en karaté Shotokan…
Morphs / Chorégraphie : Lina Cruz
Interprètes : Elinor Fueter, Abe Mijnheer, Geneviève Robitaille, Alexandra Saint-Pierre, Antoine Turmine
Musique : Philippe Noireaut / Scénographie et costumes : Lina Cruz
27, 28, 29 octobre 2021 à 19 H / 30 octobre 2021 à 16 H
*Photo : une scène de répétition du spectacle «Morphs» de la chorégraphe Lina Cruz/ Crédit : Marie-Claire Denis