Après avoir créé le spectacle Dance me sur des chansons de Leonard Cohen, en 2017, les Ballets jazz de Montréal explorent maintenant l’univers musical d’un autre Montréalais. Des pièces de Patrick Watson constituent la trame sonore de Vanishing Mélodies, un spectacle qui a aussi une dimension théâtrale. Une comédienne y joue le rôle d’une femme qui reçoit un diagnostic d’Alzheimer et qui perd progressivement ses moyens, tout en se rappelant des moments importants de sa vie. Ses souvenirs sont évoqués à travers des chorégraphies exécutées par une quinzaine de danseurs. Compte rendu d’une «première mondiale» très attendue.

Photo fournie par les BJM
Une femme attend dans un abribus, seule dans la nuit. Assise sur un banc, immobile, elle ne se souvient plus depuis combien de temps elle est là, ni comment elle y est arrivée. C’est ainsi que le metteur en scène Éric Jean nous plonge, d’entrée de jeu, dans le drame de cette victime de la maladie d’Alzheimer. Sa mémoire s’érode, mais certains souvenirs parfois heureux lui reviennent et s’animent à travers les chorégraphies de Juliano Nunes et Anne Plamondon.
Naviguer sur les vagues du souvenir
Ce personnage central de Vanishing Mélodies, incarné en alternance par les comédiennes Brigitte Saint-Aubin ou Louise Cardinal, parle parfois au début ou à la fin des chansons. Ses propos sont en quelque sorte mis en images ou renforcés à travers les chorégraphies. Par exemple, après avoir résumé en quelques mots l’annonce du cruel diagnostic, les danseurs lancent tous ensemble un cri de colère ! Saisissant !
Des numéros aux gestes nerveux et saccadés viendront mettre en lumière le courroux de la malade. À d’autres moments, la danse exprime une certaine sérénité ou la passion, car cette femme se souvient aussi d’avoir aimé. Elle dira avoir surtout aimé l’amour et tout ce qu’il a fait naître en elle.
La voix et les musiques de Patrick Watson se fondent tout naturellement à cette histoire. Les chansons de cet artiste deviennent en quelque sorte un personnage de Vanishing Mélodies, ou un partenaire de danse. On a puisé dans différents albums du chanteur, notamment, Close to Paradise dont la pièce Drifters, entre autres, colle remarquablement à ce spectacle sur le drame de la perte de la mémoire : «We are drifting away / Farther every day / Soon we’ll have nothing to say / We’ll be too far away… / From where we started…» (Nous nous éloignons / Plus loin chaque jour / Bientôt nous n’aurons plus rien à dire / Nous serons trop loin / D’où nous avons commencé).
Danse dense
Chose certaine, ce spectacle est dense ! Il faut être tout yeux et tout oreilles ! Les 14 danseurs sont souvent sur scène en même temps et la comédienne est intégrée au groupe pour exprimer son désarroi. À cela s’ajoutent les musiques et les textes émouvants de Watson. En plus de certains éléments de décors dont une boîte de verre évoquant un abribus, on a voulu étoffer l’aspect visuel du spectacle en diffusant en arrière-scène des séquences vidéo de la silhouette de plus en plus floue d’une femme. Il y aura aussi une immense vague qui semble tout emporter. Tout cela en 75 minutes ! Ouf !
En résumé, les BJM s’offrent un spectacle d’envergure pour célébrer leurs 50 ans. Travail colossal accompli, malgré la pandémie ! Chapeau !
Vanishing Mélodies
Direction de création et mise en scène : Eric Jean
Chorégraphies : Juliano Nunes, Anne Plamondon
Musique : Patrick Watson
Dramaturgie : Pascal Chevarie
Décor : Pierre-Étienne Locas / Vidéo : Julien Blais
Comédiennes : Brigitte Saint-Aubin / Louise Cardinal
Danseurs : Gustavo Barros, Yosmell Calderon, John Canfield, Diana Cedeno, Jeremy Coachman, Astrid Dangeard, Hannah Kate Galbraith, Shanna Irwin, Ausia Jones, Austin Lichty, Marcel Mejia, Andrew Mikhaiel, Benjamin Mitchell, Sophia Shaw, Eden Solomon
Au Théâtre Maisonneuve : 2, 3, 4, 5, et 6 novembre à 20 h et le 6 novembre à 15h






























































