Au Festival international de jazz de Montréal, Ludovico Einaudi est le seul artiste à se produire trois soirs de suite dans de grandes salles, durant cette 42e édition. Le pianiste néoclassique présentait, ce samedi (2 juillet), un premier concert, seul au piano, à la Maison symphonique où l’on affichait complet depuis longtemps déjà ! Avec ses musiques minimalistes très populaires sur les plateformes numériques, l’artiste âgé de 66 ans attire, entre autres, un public qui a moins de la moitié de son âge, ce qui est rare ! Quel est donc le secret de ce phénomène italien ?
Einaudi entre en scène tout de noir vêtu. Avec une bonne quinzaine de minutes de retard, il s’installe au piano à queue dans une salle presque plongée dans l’obscurité. Seuls trois projecteurs convergent vers le clavier de son instrument. Il en a des mélodies à jouer ce compositeur qui a publié une vingtaine d’albums depuis 1988 et qui vient de lancer Underwater (piano solo).
Plusieurs admirateurs venus voir Einaudi en personne étaient sans doute encore bébés quand sa carrière internationale a pris son envol avec le disque Una mattina, en 2004. Quelques années plus tard, le compositeur attirait l’attention du grand public en signant la musique du film Intouchables. En 2016, il créait l’événement en interprétant le morceau Elegy for the Arctic sur une plateforme flottante dans l’océan arctique, à l’invitation de Greenpeace. Les «Youtubeurs» s’en délectent encore aujourd’hui !
Parallèlement à ses enregistrements et ses tournées, cet homme plutôt discret sur scène bénéficie de façon spectaculaire de la promotion numérique, comme en témoignent les vidéos «Ludovico Einaudi -Experience – TikTok). Certaines proposent ses musiques avec de paisibles images de nuages enveloppant des montagnes, d’autres se font entendre sous une pluie qui tombe doucement, etc.
Ses mélodies sont d’une grande simplicité et certaines séquences mélodiques sont répétées de très (!) nombreuses fois. Lorsqu’on entend ces airs à la maison, ils peuvent favoriser la détente voire le sommeil. Mais, c’est autre chose de se retrouver assis dans une salle de concert à écouter des musiques aussi dépouillées et lentes durant 90 minutes et qu’en plus c’est le calme plat visuellement !
Bien qu’il soit très à la mode, Einaudi est loin de faire l’unanimité. En entrevue au journal La Presse, l’an dernier, le pianiste et compositeur québécois Alain Lefèvre reprochait au musicien italien «…de jouer au piano des affaires qu’un enfant de 4 ans pourrait composer…»
Quoi qu’il en soit, la star turinoise fascine un large public souvent bon chic bon genre et vraisemblablement fortuné. En effet, le point de vente de produits dérivés aménagé à l’entrée de la Maison symphonique aura été fort achalandé. Certains sont repartis avec des disques vinyles d’Einaudi à 50$ pièce. On offrait aussi des reproductions de photos prises par l’artiste à 250$, des partitions musicales décoratives à 100$, etc.
Peu loquace, le roi de la soirée n’a prononcé que quelques phrases et toutes en anglais. «I’m happy to be back in Montreal !» Chose certaine, cette escale aura été rentable, puisqu’il jouera à guichets fermés à la salle Wilfrid-Pelletier ce soir et demain, 3 et 4 juillet dans le cadre du FIJM.
Ce dimanche soir : place au gospel !
Les amateurs de musique gospel ont rendez-vous au Festival international de jazz de Montréal, ce soir (3 juillet), alors que le Jireh Gospel Choir se produira sur la scène TD (Place des Festivals). Dirigée par Carol Bernard, la quinzaine de chanteurs sera accompagnée de cinq musiciens. Au programme : des pièces allant du negro spiritual au hip-hop. Ce choeur basé à Montréal a notamment participé au concert de Noël 2019 de l’Orchestre Symphonique de
Montréal diffusé à la télévision de Radio-Canada.
Jireh Gospel Choir, dirigé par Carol Bernard
Scène TD, Place des Festivals à compter de 21h 30 / Gratuit