Dee Dee Bridgewater n’a pas la langue dans sa poche car dès son entrée sur la scène du Monument National de la rue Saint-Laurent, elle provoque une explosion de rire auprès du public avec ce panache, cette candeur et la liberté qu’elle prend à s’exprimer. Une complicité instantanée s’installe alors.
L’humour et la détente
Seule sur scène avec son génie de pianiste Bill Charpal, elle s’est avancée lui tenant la main pour faire les présentations, nous accueillant dans un français bien parisien. Cette grande dame de la chanson habite la Ville Lumière depuis belle lurette. Puis, c’est avec un brin d’humour et de bienveillance qu’elle annoncera que le restant de l’orchestre serait là … le lendemain!
Vêtue d’une robe longue et sexy aux couleurs des îles, même si elle est née à Memphis, grande capeline bien vissée sur la tête, montures de lunettes à la Elton John, chaussures à talons bobines, le personnage, la voix, l’humour, la théâtralité de Dee Dee Bridgewater est incontournable dans le monde du jazz.
Le grand répertoire de jazz
Cette habituée de Montréal et du Festival international de Jazz de Montréal a attaqué d’emblée les chansons du grand répertoire de jazz classique de Sinatra à Cole Porter, y allant de scats, d’un gestuelle sensuelle et énergique avec ce corps longiligne, bien assise (parfois debout) dans la ceinture du piano à queue.
Que ce soit en chantant In the Still of the Night, I’m so lonesome I could cry, Love for sale, The man I love, Just one of those things, ‘S Wonderful ou Come Rain or Come Shine, chaque son qui sort de cette femme, remplit de mille émotions le silence de cet espace intérieur, bondé de ses admirateurs. Car pour chanter ainsi, on imagine que Dee Dee est une femme à fleur de peau qui ressent tout de la vie.
La fusion totale
Mais ce qu’il y a d’autant plus fascinant dans ce concert composé de 13 performances épatantes y compris un rappel, c’est la fusion exceptionnelle entre Bill Charpal, pianiste au talent immense et ce monstre de femme jazz. Il la quittera des yeux uniquement lorsqu’elle fait quelques pas derrière lui et même là, il penche la tête sur le côté pour garder le contact.
Dans la lignée des légendes du jazz, elle a non seulement été lauréate d’un Tony pour son rôle dans The Wiz, mais elle a aussi incarné Billie Holiday dans une production off-Broadway intitulée Lady Day pour laquelle elle s’est méritée une nomination en tant qu’actrice aux prix British Laurence Olivier. Puis elle a reçu un Grammy pour Dear Ella, un hommage à Ella Fitzgerald.
Comme ces grandes dames du jazz, elle est cette magicienne qui détient le secret sur la façon de colorer notre univers.
Crédit Photos : Victor Diaz