INK tient à la fois de la chorégraphie et du théâtre sans mots, dans un environnement visuel spectaculaire! Cette création de Dimitris Papaioannou, concepteur des cérémonies des Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, est présentée à l’Usine C, en première nord-américaine. L’artiste multidisciplinaire est lui-même sur scène pour interpréter ce duo aux allures de duel avec Šuka Horn, en divers tableaux qui semblent parfois inspirés de films d’horreur ou de science-fiction. Compte-rendu d’un spectacle d’une grande intensité!
D’entrée de jeu, un puissant jet d’eau traverse, de droite à gauche, la scène entourée de rideaux imperméables. Puis, un homme donne l’impression de nager sous une toile partiellement transparente, posée sur l’eau qui recouvre déjà le plateau.
Ce jeune visiteur inattendu vient bousculer la solitude du personnage interprété par Papaioannou qui, lui, apparaît comme le gardien d’un univers sombre et inondé. Les deux tenteront de s’apprivoiser à travers des gestes allant de la tendresse à la cruauté. S’agit-il d’un père et son fils? D’un combat entre deux générations? Déjà là, l’idée d’explorer une relation père-fils dans un spectacle de danse n’est pas monnaie courante!
Mais, il y a aussi un côté charnel dans la relation entre cet homme d’âge mur vêtu de noir et le jeune intrus, sauvage et nu. Sans qu’un seul mot ne soit prononcé, on devine le désir et la soumission que semblent incarner un maître et son esclave.
Ce dernier réagit à la domination «comme une pieuvre en rejetant de l’encre sur son assaillant», indique le programme du spectacle. «Cette encre se confond avec l’eau et devient source de création», entre ces deux êtres tourmentés qui partagent un même espace.
L’aîné est toujours présent sur scène. Le cadet, lui, disparaît et réapparaît; existe-t-il vraiment ou est-il un être fantasmé? Quoi qu’il en soit, même en son absence, la tension dramatique demeure. Bref, les images qui défilent devant les spectateurs sont si riches que chacun peut y voir une histoire qui lui convient.
En fait, ce n’est pas la chorégraphie à proprement parler qu’on retient de INK, mais plutôt la force des étranges tableaux qui défilent durant 65 minutes et l’intensité des interactions qui propulsent ce duo énigmatique.
Comme il y a beaucoup d’eau sur scène et que les interprètes sont trempés du début à la fin, on ne lésine pas sur le chauffage à l’Usine C ! En ce vendredi soir, c’était presque suffocant dans la salle ! Mais, c’est là un inconvénient mineur compte tenu de l’envergure de ce spectacle d’une puissance visuelle rare! On en ressort avec en tête des séquences déroutantes et d’une grande beauté. À ne pas manquer!
En plus de la représentation de ce samedi soir, 4 mars, on a ajouté une supplémentaire, dimanche après-midi à 15h.
INK
Création, chorégraphie, costumes et décors : Dimitris Papaioannou
Interprétation : Dimitris Papaioannou et Šuka Horn
À l’Usine C, jusqu’au 5 mars
*Crédit photo : Julian Mommert