Plus de 60 ans après la mort d’Édith Piaf, Claudette Dion, Natalie Choquette et Rita Tabbakh font revivre les chansons de «La Môme» sur scène, avec la complicité de Charles Dumont, l’un des derniers collaborateurs de Piaf, toujours vivant. À travers des témoignages enregistrés, l’auteur-compositeur-interprète français, âgé de 95 ans, devient le narrateur de ce spectacle qui a enchanté le public du Cabaret du Casino de Montréal, en ce mercredi soir (24 avril).
Piaf dans tous ses états!
D’entrée de jeu, les trois chanteuses s’amènent sur scène en interprétant Piaf chanterait du rock, un succès de Marie Carmen, écrit par Luc Plamondon; elles y insèrent de courts extraits de mélodies intemporelles de la grande Édith. On est tout de suite entraîné par l’enthousiasme communicatif de ces femmes de trois générations qui vibrent aux mêmes chansons. Dans la salle, on ondule déjà des épaules au son de La foule, suivie de Padam Padam.
Puis, les dames osent quelques titres un peu moins romantiques. Rita Tabbakh qui a participé à plusieurs spectacles musicaux dont La Famille Addams, nous fait bien rire avec sa version grinçante de Je hais les dimanches. Natalie Choquette est, elle aussi, désopilante dans Je ne veux plus laver la vaisselle! De son côté, Claudette Dion enfile un blouson de cuir et s’offre L’homme à la moto. Le ton est léger et chaleureux. La mise en scène de Maxime Charbonneau est dynamique. Quatre musiciens dont le contrebassiste et directeur musical Jacques Roy apportent des couleurs appropriées à chaque mélodie.
Entre les chansons, la voix de Charles Dumont vient ajouter une touche presque surréelle à ce concert. Imaginez : l’homme qui a écrit, entre autres, l’iconique Non, je ne regrette rien, nous raconte ses souvenirs de «La Môme». Selon lui, elle était «une lampe toujours allumée», ce qui expliquerait qu’elle s’est épuisée prématurément, au point de mourir à l’âge de 47 ans. «Elle m’a éclairé durant toute ma vie», ajoute-t-il avec émotion. Pendant que la voix du nonagénaire fait vibrer les haut-parleurs, des photos de Piaf et ses proches défilent sur un écran, placé au milieu de la scène.
Puis, grâce à la technologie, les trois interprètes unissent leurs voix à celle de Dumont lui-même, pour faire revivre Les amants. C’est l’un des temps forts de la soirée! Par contre, les timbres vocaux de ces chanteuses se marient plus ou moins bien et, lorsqu’elles chantent ensemble, elles ne sont pas toujours au même tempo.
Habitées par Piaf
Claudette Dion qui a enregistré un album de chansons de Piaf, il y a une vingtaine d’années, reprend Bonsoir Édith, magnifique pièce que Lambert lui avait écrite. Rappelons qu’elle a aussi eu le bonheur de chanter Piaf sur la scène de l’Olympia de Paris, à la même époque. Madame Dion a, par la suite, rencontré Charles Dumont qui a finalement accepté de collaborer à Il était une voix… Piaf.
Parmi ses précieux souvenirs, le vieillard se rappelle d’avoir téléphoné à Édith dans le but d’aller lui faire découvrir une chanson que Brel venait d’écrire pour elle. Malheureusement, Piaf est décédée avant d’avoir écouté cette pièce intitulée Je m’en remets à toi que Claudette chante avec ferveur.
Cela dit, les talents de chacune des interprètes sont mis en valeur équitablement durant ce spectacle d’environ 90 minutes. Avec son humour habituel, Natalie Choquette trouve le moyen de se moquer un peu de Mireille Mathieu, en présentant la chanson que cette dernière a écrite à la mémoire de Piaf: L’amour en robe noire. Rita Tabbakh fait sienne la question existentielle À quoi ça sert l’amour?, qui prend des allures de conversation mère-fille avec Claudette Dion.
Bref, la franche camaraderie qui règne sur la scène permet au public d’apprécier l’univers souvent tourmenté de Piaf, sans que l’ambiance ne devienne dramatique. Après La vie en rose, L’Hymne à l’amour et Non, je ne regrette rien, le trio termine la soirée avec la valse ensorcelante, L’accordéonniste. Le public est conquis!
Pour connaître toutes les dates de la tournée du spectacle Il était une voix… Piaf, c’est par ici
*Crédit: Jean-Charles Labarre