La tournée « The Beatles – Hommage Symphonique » en sol québécois a pris son envol la semaine dernière avec les 3 premières représentations à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts avant de s’arrêter à Victoriaville (8 septembre), Gatineau(14), St-Jérôme (15), Québec (20-22) et Rimouski (21).
Il y a 60 ans, précisément le 8 septembre 1964, The Beatles s’arrêtaient – pour la seule et unique fois – au Forum de Montréal pour deux concerts de 30 minutes qui feront crier 21 000 spectateurs. Ou plutôt spectatrices. Majoritairement féminin, le public s’est extasié parfois même jusqu’à l’évanouissement ! C’était la Beatlemania.
Classical Mystery tour
Il en était évidemment tout autre cette fin de semaine à la Place des Arts, bien que la ressemblance des chanteurs frôle le « sosisme ». Le spectacle s’ouvre avec une délicieuse minute trente instrumentale où l’on reconnaît rapidement Let it Be, à la suite de laquelle le chef de l’orchestre FILMharmonique Francis Choinière introduira le Classical Mystery Tour.
Les 4 musiciens-chanteurs, Tom, Chris, Jim et Tony, qui sillonnent le monde depuis plus de 20 ans, arrivent alors sur scène vêtus de costumes et cravates noirs sur chemises blanches, exactement comme les originaux revêtaient au Forum, sous les applaudissements nourris de la foule. Cris stridents en moins.
Les fans de la musique des Beatles apprécieront grandement ce spectacle. Parmi les près de 200 chansons originales crées par les Beatles dans les années ‘60, nous aurons droit à deux douzaines de ces classiques qui enchaînent dès le départ Got to get you into my life, A hard day’s night, I Saw her standing there (ouhhhhh !) où le public ne se gênera pas pour battre la mesure des mains et chanter ces airs bien connus. Alors que « Paul McCartney » interprète l’iconique Yesterday à la guitare acoustique soutenue par les violons derrière, les 3 autres disparaissent… pour mieux revenir en « Pepper Suits ». Ces habits colorés marquants la période de Sergeant Pepper.
Les chanteurs s’adressent quelques fois à la foule, en anglais, mais tout en humour. « Does anybody remember the 1960s ? » Une grande majorité applaudit. « Well, if you remember the 60’s, you weren’t really there… » blague l’un des 4 membres, faisant référence aux substances populaires de la décennie. La table était mise pour cette période plus psychédélique des quatre garçons dans le vent.
Tout comme elle clôt l’album Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band, la pièce A day in the life clôt la première partie où les cordes et les cuivres sont magnifiquement mis à profit augmentant les deux envolées dramatiques de cette pièce. Comme l’originale. Un régal.
Les succès sont nombreux et la 2e heure se promène entre In my life enregistré sur l’album Rubber Soul de 1965, que l’orchestre interprétera seul, et The long and winding road de l’album Let it be de 1970; plusieurs y passent. Et sont entonnés à l’unisson. Ob-la-di, Ob-la-da, Yellow Submarine, Come together, on les connaît par coeur.
Le seul gros problème
Si l’orchestre trouve sa place sur plusieurs pièces dont All you need is love, I am the walrus, While my guitar gently weeps ou encore Good night pour n’en nommer que quelques-unes, il est malheureux de voir que trop souvent, le talent des virtuoses est enseveli sous les 3 guitares/basses électriques et la batterie de Ringo. C’est là où le bât blesse. Tel que mentionné, les fans de la musique des Beatles apprécieront grandement ce spectacle, mais les fans de musique classique seront déçus. Mieux vaut s’y en attendre pour éviter toute contrariété. Aussi, les projections sont simplistes et redondantes : dégradé monochrome, quelques imprimés qui tournoient, mais on aurait tant aimé des images d’archives !
Beaucoup trop de succès
Il est aussi possible que vos préférées n’y soient pas. Les Beatles ont beau avoir composé des succès de moins de 3 minutes, il faudrait quand même un spectacle de 10 heures pour tout entendre ! Alors, non, on n’a pu inclure Help, Eight days a week, I wanna hold your hand, Hello goodbye, Cant buy me love, I feel fine, Ticket to ride, Paperback writer, She loves you, ni Love me do, pourtant toutes des #1 au Billboard. Il faut dire que Les Beatles trônent encore à ce jour au sommet du palmarès des artistes ayant le plus grand nombre de #1 au Billboard de tous les temps avec 20 !
On remercie la troupe de déroger un peu des classiques purs du groupe britannique, pour nous offrir Imagine, que John Lennon a popularisé en solo, et que Tony personnifiera, tout de blanc vêtu, lunettes rondes et cheveux longs. C’était juste avant le medley réunissant Golden slumbers, Carry that weight et The end qui nous indique par le fait même que c’est bien la fin.
Encore !
Mais ils reviendront nous faire Hey Jude (fiou!) et finalement Twist and Shout, qu’ils n’ont pas composé mais qu’ils ont popularisé en 1964 et qui s’est rapidement hissée au #2 du Billboard. Qui était #1 ? Can’t buy me love ! En fait les 5 premières positions cette semaine-là étaient des chansons… des Beatles ! Ça ne s’invente pas.
Le Classical Mystery Tour continuera de sillonner les États-Unis après leur passage ici, toujours avec différents orchestres, mais pour les billets au Québec c’est ici.