« Vous autres-là, chacun d’entre vous a une dette envers moi. » Avec ces mots cinglants, Effie, une jeune femme à fleur de peau, lance un cri du cœur qui résonne avec une force inouïe. Dans une adaptation contemporaine de la mythologie grecque, la pièce de théâtre Iphigénie à Pointe-aux présenté au Théâtre Prospero, nous plonge dans le quotidien tumultueux d’une génération sacrifiée.
Sous la plume de Gary Owen, Iphigénie se transforme en Effie, une Montréalaise révoltée, prise au piège de la précarité et de la misère sociale. Entourée de personnages hauts en couleur, elle nous livre un récit poignant sur la lutte des classes, l’injustice et la quête d’identité.
Effie est une jeune montréalaise pour qui la vie n’est pas toute rose. Elle est fougueuse, vulgaire, nonchalante. Elle aime sortir, boire beaucoup à s’en rendre malade… pour que la vie passe. Elle partage ainsi sa vie et son intimité avec nous durant presque une heure et demie dans la petite salle de Théâtre Prospero.
Ce n’est pas une, mais bien quatre comédiennes de talent qui l’incarne. Katherine Céré, Virginie Charland, Cassandre Mentor et Caroline Tosti incarnent aussi les autres personnages de cette histoire, comme Kev, le plan cul régulier intellectuellement limité, la grand-mère aimante qui veut aider sa petite-fille, Léa, la colocataire sur le party ou encore Phil, le beau militaire. Chacune des interprètes joue plusieurs lignes de chacun des personnages. Un choix très audacieux! La vivacité et l’interprétation juste des artistes sur scène nous tiennent en haleine tout le long.
La grande majorité de la pièce est déjantée, nous mène à sourire et souvent même à rire. Le personnage d’Effie est extravagant, moqueur, et vit à mille à l’heure. C’est une montagne russe d’émotions qu’Effie traverse et on observe dès le départ une douleur interne, un mal-être, des difficultés à s’en sortir, à se faire une place dans la société. Et ce malaise, on le ressent dans un sous-texte, discret, mais présent, ainsi que certaines transitions qui se font dans les corps, dans des mouvements torturés, des pauses plus douloureuses.
« Iphigénie » est bien plus qu’une simple adaptation théâtrale. C’est un manifeste politique qui interroge notre société et nous invite à nous questionner sur notre rôle face à l’injustice. En faisant écho à l’actualité, la pièce résonne avec une force particulière et nous rappelle que la lutte pour une société plus juste est loin d’être terminée.
Sous la direction d’Isabelle Bartkowiak, la pièce se révèle être un véritable coup de poing, un hymne à la révolte et à la solidarité.
Texte : Gary Owen.
Traduction et adaptation : Alice Tixidre.
Mise en scène : Isabelle Bartkowiak.
Scénographie : Isabelle Bartkowiak.
Interprètes : Katherine Céré, Virginie Charland, Cassandre Mentor, Caroline Tosti. Éclairages : Jo Vignola. Costumes et conseil à la scénographie : Isabelle Bélisle.
Conception sonore : Serya Bazin.
Accompagnement à la conception sonore : Nick Di Gaetano.
Assistance à la mise en scène et régie : Mathilde Boudreau.
Accompagnement à la traduction : Olivier Sylvestre.
Conseiller dramaturgique à la traduction : Paul Lefebvre.
Direction de production : Geneviève Caron.
Direction technique : Jo Vignola.
Photos : David Wong
Jusqu’au 19 octobre au
Théâtre Prospero































































