Dès son enfance, Messmer a saisi à sa façon que le cerveau est l’un des grands mystères de la vie. Était-ce dû au fait d’avoir habité à Saint-Césaire, dans la même maison que le faiseur de miracles, le saint frère André (où sa mère est décédée), ou à la lecture clandestine du grimoire de Lucien, son grand-père jockey, qui a alimenté ce prodige?
Lors de la Première médiatique de son quatrième spectacle thématique, intitulé Messmer : 13HZ et joyeusement présenté au Cabaret du Casino de Montréal cette semaine, l’énigme plane toujours…
Devant un public composé de sceptiques et de croyants, le maître mondial incontesté de l’hypnose reste imperméable aux jugements. Depuis 2007, il trace son chemin dans les hautes sphères : entrevues avec des grands médias ici et ailleurs, représentations au Centre Bell à Montréal, au Grand Rex, au Casino de Paris, à l’Olympia, à Bobino, au Zénith dans ce Paris dont il a longtemps rêvé, et bien plus encore. Plusieurs centaines de milliers de personnes ont croisé sa route, dont des sujets hypnotisés.
Ce soir-là, à Montréal, il est apparu dans toute sa splendeur, vêtu de son emblématique costume trois pièces, avec un veston rouge en prime. Le tout, sur fond de musique épique et dramatique, sous des effets lumineux futuristes et mystérieux!
Pour nous amener à voir la face cachée de notre inconscient, il ne fait pas dans la demi-mesure. L’auditoire de près de 600 personnes est invité à un premier test de réceptivité. Pieds bien à plat, mains jointes sauf pour les index tendus, chacun doit se concentrer et se laisser bercer par cette voix apaisante et monotone.
Rapidement, le magnétiseur fait appel aux volontaires ayant réussi le test. Cependant, pour que l’opération soit pleinement réussie, il faut garder l’esprit ouvert, se concentrer et avoir la volonté de participer, nous explique-t-il.
Étonnamment, comme des automates, une trentaine de personnes se dirigent sans hésitation et en silence vers la scène. Plusieurs sont des habitués, des irréductibles de Messmer qui reviennent à chaque fois. C’est la présence de ces visages récurrents, de ces adeptes, qui a parfois fait douter de l’authenticité du spectacle, accusé faussement de trucage.
Ces gens cherchent-ils leurs 15 minutes de gloire, une façon de sortir de leur zone de confort dans un espace contrôlé et sécurisé, ou simplement une curiosité naturelle pour l’hypnose et Messmer? Mystère!
Les sujets se laissent tomber au sol, mous de partout, un après l’autre, en un rien de temps, sous le regard intense et le toucher bienveillant du fascinateur. Quelques-uns, ceux qui ont gardé leur conscience intacte, sont renvoyés à leur siège. Le mesmériseur fait traverser de nombreuses épreuves à ceux qui restent.
Candides et subjugués, ils s’exécutent dans ce demi-sommeil entre rêve et réalité : sentir le sable chaud de Bora Bora, marcher en état d’apesanteur, piloter un avion, etc. En fait, ils vivent des expériences impossibles sous les rires jaunes de l’audience.
Messmer confond un sujet en lui laissant croire qu’il se nomme désormais Jay Malone. Convaincu, cet homme d’une soixantaine d’années, de nature anxieuse, s’en enorgueillit au grand plaisir de la foule. Messmer va habilement et spontanément chercher chez plusieurs de ses sujets leurs forces, leurs faiblesses et leurs couleurs particulières.
Avec une vigilance constante et l’aide de Bellair, son épouse sur scène, Messmer dirige comme un chef d’orchestre plus d’une dizaine de cerveaux en cavale. Le spectacle de deux heures, avec entracte, est une expérience d’improvisation à hauteur humaine et d’une précision extrême.
Ni gourou, ni sorcier, Messmer manifeste une grande confiance en son spectacle, car il s’est plongé depuis l’enfance dans des lectures pour parfaire sa vocation. Il a également participé à des expériences scientifiques menées par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Deux autres tests de réceptivité seront soumis au public. Les yeux fermés, suivant les instructions, je combats moi-même l’idée de me laisser bercer par les paroles de l’envoûteur.
Si cette séance bienveillante, créée pour divertir, est si puissante, on ne peut que réfléchir sérieusement aux pouvoirs qu’ont le marketing, la religion et la politique sur nos cerveaux fragiles.
Et si au Québec on s’arrache les billets de ses spectacles depuis belle lurette, rappelons-nous, c’est bien que Messmer avait prouvé ses bonnes intentions en retirant à l’acteur Claude Legault la capacité de dire le chiffre 7 alors qu’il était venu faire la promotion du film Les Sept lois du talion à Tout le monde en parle !
Retour au Cabaret du Casino de Montréal le 25 octobre.
Photos : Paul Ducharme