Si Marie Carmen a mis un an à produire ce spectacle intitulé Perles cachées, elle a mis une éternité à revenir sur les planches pour offrir ce qu’elle avait de meilleur : une voix solide, une âme généreuse, une élégance incomparable, un charisme magnétique, et cette musicalité particulière.
Au milieu d’une scène épurée, hormis un tabouret pivotant, un fauteuil, un plateau rond, quatre musiciens et leurs instruments, la chanteuse vêtue de noir semblait habiter chaque recoin de la Cinquième salle de la Place des Arts en ce soir de Première. Marie Carmen dégage cette aura naturelle qui vous happe instantanément.
Étonnamment, la clameur du public et les ovations debout se sont répétées entre chacune des performances de ces chansons triées sur le volet. Sur son métier à perles, on a retrouvé ses succès du siècle dernier évidemment, ainsi qu’un medley de chansons tiré de ses albums à succès.
Entre l’ombre et la lumière est un bijou de texte et de mélodie pour les âmes en peine : Ça sert à quoi de faire semblant de rire – Ça n’m’amuse pas d’te voir partir – J’en mourrai pas, j’ai l’habitude des plaisirs – Qui ne durent pas. Puis, L’Aigle noir, qui avait marqué Barbara, est aussi un des repères indéniables de ses années fastes.
Néanmoins, elle flirte avec d’autres icônes de la chanson française tel que Georges Brassens, Jean-Jacques Goldman et Alain Bashung. Et qui d’autre que Marie Carmen pour livrer d’aussi belle façon, le Déshabillez-moi de Juliette Greco!
Marie Carmen chante de tout son corps. Elle a l’élégance du geste. Le visage en sourire. Elle manie l’art de la scène avec une telle grâce que l’on reste coi. Son souci de l’esthétique sur scène est d’une telle sophistication que ce soit par le port de tête, les mouvements des mains en accord avec les chansons, de son jeu de pieds pour évoquer le tango dans Le tango de l’amour et de la mort, par le style des costumes à la fois chics et sensuels, par les déplacements si fluides qu’on se croirait dans un monde inspiré des années bonheur à Paris, à Vegas, à l’âge d’or de Broadway …
Son flair pour le spectacle lui confère définitivement une distinction unique. Puis, la mise en scène de son amie Joe Bocan aux côtés de qui elle vient de tourner (avec Marie Denise Pelletier) le spectacle Pour une histoire d’un soir, puise dans les profondeurs de l’âme de cette artiste pour en extraire l’essence la plus pure. La direction musicale de Nadine Turbide boucle la boucle avec d’habiles musiciens et des instruments comme l’accordéon qui font vivre autrement les chansons.
Au-dessus de tous ces éléments spectaculaires et enivrants du spectacle Perles cachées, on retient chez celle qui a aussi été une des Marie-Jeanne de Starmania, son authentique sentiment de gratitude vis-à-vis le public. C’est un cinq étoiles.
La tournée se poursuit.
Photos: Jean-Charles Labarre