C’est le 6 décembre que le film Comme le feu (lauréat du Grand prix du jury Génération lors de la Berlinale 2024) de Philippe Lesage prend l’affiche au cinéma au Québec. Mettant en vedette Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré, Arieh Worthalter, Paul Ahmarani et Sophie Desmarais, ce film de Philippe Lesage (Les démons, Genèse) nous présente, sous forme de huis clos, la désillusion des adolescents, le côté sombre des mentors et la rancœur d’anciens amis et collaborateurs à l’égo blessé et aux joutes verbales assassines.
Résumé : Jeff (Noah Parker), est invité par son ami Max (Antoine Marchand-Gagnon) à séjourner dans le grand domaine isolé au fond des bois où vit l’illustre réalisateur Blake Cadieux (Arieh Worthalter). Les attentes sont grandes. Il rencontre un artiste qu’il admire, en plus de passer quelques jours en compagnie d’Aliocha (Aurélia Arandi-Longpré), la soeur aînée de son ami, dont il est secrètement amoureux. Il y a avec eux aussi, Albert (Paul Ahmarani), le père de Max, est un ami de longue date et ancien collaborateur de Blake. La forêt hostile et sauvage, comme la vaste maison, deviennent des territoires où se confrontent une jeunesse en quête d’idéal et de liberté face aux égos blessés des adultes, Blake et Albert.
Il faut dire d’abord que ce long métrage est d’une durée de 2h35 minutes, et que cette histoire se passe à un seul endroit, pour la majorité du film, dans un camp de chasse isolé dans le fond des bois, avec une poignée de personnages, dont plusieurs, six en fait, semblent être des figurants, dans le décor et sont seulement témoins des joutes verbales, des tensions et des malaises ambiants. Donc, tout repose sur les épaules de quelques personnages, mais surtout sur la réalisation et la direction d’acteurs de Philippe Lesage.
Tout se joue autour des retrouvailles des deux vieux amis et collaborateurs (cinéaste et scénariste) qui tournent au vinaigre, et de la désillusion de Jeff envers son idole et son sentiment amoureux envers Aliocha, qui ne semble pas réciproque.
Ainsi, on alterne entre le huis clos serré des joutes verbales malaisantes autour de la table lors des repas et les sorties dans le bois pour chasser, pêcher ou faire du canot.
Avec une caméra fixe en plan serré sur une partie des gens autour de la table, on ressent tout le malaise des gens qui assistent à l’affrontement entre les deux vieux à l’égo blessé qui règlent leurs comptes devant tous ces témoins qui n’osent s’interposer entre eux. Le malaise est palpable et on se sent coincé là avec eux. Ces scènes sont filmées ainsi, avec caméra fixe, comme pour nous inclure aussi autour de la table. Et il y a place à l’improvisation de la part des acteurs, créant ainsi parfois de la cacophonie, des gens qui parlent en même temps, comme dans une discussion réelle. Cela ajoute du naturel à la scène et une sensation de vérité.
À l’opposé, lors des séquences à l’extérieur, on admire les paysages, la nature dans son plus beau décor. Mais le malaise subsiste, car le personnage de Blake semble imprévisible. Arieh Worthalter incarne avec brio le personnage de Blake, mâle alpha égocentrique, imbu de lui-même, mais également charismatique et rassembleur. On est toujours à l’affut son côté imprévisible, car il aime semer le chaos et le malaise.
Paul Ahmarani excelle aussi dans son jeu pour incarner Albert, connaisseur en vin, un peu hautain parfois pour combler son sentiment d’infériorité face à Blake et qui devient aigri lorsqu’il prend trop d’alcool. Un peu névrosé et très peu axé sur la chasse et la pêche, beaucoup moins mâle alpha, mais plus poète, et érudit, Albert confronte son ex-ami lorsqu’il a un verre dans le nez rendant toute discussion saine impossible.
Noah Parker a un rôle assez complexe à défendre, puisqu’il parle peu, regarde beaucoup et tout doit passer par son regard et sa gestuelle. D’admirateur de Blake, il change vite d’avis pour de l’aversion pour lui, à mesure qu’il est témoin de son narcissisme et de ses abus. De plus, il doit gérer ses émotions envers la belle Aliocha, dont il est amoureux. Jeff est celui qui réagit à tout ce qu’il y a autour de lui. Noah excelle dans ce rôle.
Il y a plusieurs plans-séquence, qui parfois s’étirent à mon avis. Je pense entre autres à la soirée où tous dansent dans le salon. C’est intéressant de les voir ainsi, joyeux tous ensemble, mais au final, c’est trop long pour moi. Bien que ce soit un film d’ambiance, dans un style que l’on connaît bien de ce réalisateur, pour moi, ce film est un peu trop long, même si je comprends pourquoi c’est ainsi et que c’est un film riche en dialogue et en émotions.
Le film a été présenté déjà en France dans plus de 70 écrans de cinéma et a obtenu des critiques extrêmement favorables.
Comme le feu est un film à voir pour le jeu des acteurs fabuleux, les riches joutes verbales, la beauté des paysages, et l’univers particulier que sait créer Philipe Lesage.
Bande-annonce : Viméo : https://vimeo.com/1000871683/b4a43e5c6a?share=copy
Youtube : https://youtu.be/XrM_DTUi-VY
Titre original Comme le feu
Titre anglais Who by Fire
Genre Drame
Année de production 2024
Pays Canada, France
Durée 155 minutes
Scénariste et réalisateur Philippe Lesage
Producteur Canada Galilé Marion-Gauvin
Coproducteur Thomas Ordonneau
Direction de la photographie Balthazar Lab
Preneur de son Maxime Gavaudan
Direction artistique Geneviève Huot
Création des costumes Caroline Bodson
Chef maquilleuse Janick Sabourin Poirier
Montage image Mathieu Bouchard-Malo
Montage son Christian Rivest, Louis Molinas
Conception sonore Frédéric Cloutier
Mixage Sylvain Brassard
Distribution
Jeff : Noah Parker
Aliocha : Aurélia Arandi-Longpré
Blake : Arieh Worthalter
Albert : Paul Ahmarani
Millie : Sophie Desmarais
Max : Antoine Marchand-Gagnon
Ferran : Guillaume Laurin
Barney : Carlo Harrietha
Eddy : Laurent Lucas
Helene : Irène Jacob