Pour son quatrième roman, Rafaële Germain nous propose Plage Laval, aux éditions Libre Expression. Elle y raconte l’histoire fictive de Laurence, 48 ans, nouvellement célibataire qui veut maintenant vivre seule, libre de toute charge mentale. Et l’autrice campe cette histoire dans un lieu qu’elle connaît bien, son quartier, dans un chalet sur le bord de la rivière des Mille Îles, sa plage Laval. Elle y aborde des sujets comme l’importance d’une communauté, le vieillissement et la maladie d’Alzheimer, avec légèreté et humour. Elle y fait graviter une panoplie de personnages colorés, marginaux, de toutes les générations, pour notre plus grand bonheur.
Résumé : Lorsque le père de sa fille la quitte après vingt-cinq ans de vie commune, Laurence décide de tourner le dos au monde et de s’installer dans un vieux chalet sur le bord de la rivière des Mille-Îles. Un projet unanimement décrié par ses proches, mais Laurence n’a que faire de leurs commentaires : à 48 ans, elle considère qu’elle est libre de commettre ses propres erreurs et d’embrasser une saine solitude. Or la vie aura tôt fait de la rattraper, et Laurence va réaliser que ce ne sont pas seulement les rivières qui parfois débordent ; les femmes aussi, même celles qui s’étaient juré qu’elles n’avaient besoin de personne et que les grandes passions étaient loin derrière elles.
Les trois premiers romans de Rafaële Germain ont été publiés entre 2004 et 2012, et je me souviens en avoir beaucoup apprécié la lecture de ces grosses briques de roman de «chick lit» remplies d’humour. Pour ce quatrième roman, tout aussi imposant que les précédents, on n’est plus dans le «chick lit», mais dans la réflexion sur divers sujets tels que la vieillesse, devenir célibataire près de la cinquantaine, et la peur de s’engager à nouveau en intimité.
J’avais adoré les romans précédents de cette autrice à la plume riche en verbes, aux descriptions élaborées, aux réflexions bien peaufinées. Je dois dire que pour ce quatrième roman, j’ai pris un certain temps à embarquer dans l’histoire, à m’intéresser à cette femme de 48 ans et son entourage. Dans les 100 premières pages environ, on rencontre Laurence et Stéphane, alors qu’ils se séparent et on passe à travers la gamme d’émotions d’une séparation du point de vue de Laurence. On rencontre également sa fille Mathilde, sa blonde Dina, Sarah, la meilleure amie de Laurence, avec ses jumeaux, et la mère de Laurence qui habite dans CHSLD. On dirait que tout cela prend trop de temps pour moi à s’installer, mais cela nous permet aussi de bien cerner les personnages et la charge mentale de Laurence au moment où elle décide de déménager dans ce qui deviendra son petit village gaulois.
Mais, après ces 100 premières pages, je suis littéralement tombée en amour avec ce quartier, ces voisins très flamboyants et marginaux qui deviendront sa nouvelle famille. Il y a ce couple Marcus et Norm qui est adorable à souhait. L’un fait des cocktails à tous et l’autre est toujours prêt à réparer quelque chose. Il y a aussi Ismaël et Josée, toujours en amour comme au premier jour. Il y a Bob, un laissé-pour-compte, abandonné par sa famille qui vivote dans son chalet en ruine. Et il y a Jean-Christophe et son fils sur le spectre Edward qui s’ennuie ferme à l’école. J’adore cet esprit de communauté, d’entraide et de voisinage qui ne semble plus exister de nos jours. On voit toute la richesse de créer des liens avec notre communauté.
Ajoutez à cela le retour de Mathilde chez sa mère, avec sa panoplie d’amis début vingtaine qui viennent squatter un endroit pour «chiller» en attendant de savoir quoi faire de leur vie. Il y a aussi la découverte d’une chatte qui vient de mettre bas dans son chalet. Également, la décision de ramener sa mère chez elle au lieu de la laisser dépérir dans son CHSLD. Tout cela fait en sorte que Laurence, qui désire être seule et libre, n’aura jamais été aussi peu seule, mais apprendra qu’elle peut quand même se sentir libre dans ce chaos.
Au final, ce roman est totalement captivant, une fois qu’on est embarqué dans cette histoire et qu’on s’attache aux personnages. On a envie d’aller passer un après-midi au bord de la piscine ou de la plage avec eux, en buvant un cocktail de Marcus et en se faisant raconter des anecdotes de tout un chacun. On se rend compte que lorsque la charge mentale et les responsabilités sont partagées par une communauté, ils sont moins difficiles à gérer, puisqu’on se sent soutenu par le groupe. La solidarité est une richesse inestimable.
Il y a de belles réflexions dans ce roman, qui nous pousse à nous-mêmes réfléchir sur notre entourage, mais aussi sur divers sujets comme la jeune génération, des parents vieillissants, les laissés-pour-compte. Chaque décennie, il y a des «challenges », des questionnements, des obstacles et des avantages. Et ce roman en célèbre l’humanité et l’esprit de communauté.
Rafaële Germain est née à Montréal en 1976. Après l’obtention de son baccalauréat (concentration économie) au collège Marie de France, elle a poursuivi ses études à l’Université de Montréal, où elle a décroché un baccalauréat en études françaises (1997). Rafaële Germain écrit des romans, des chroniques, des sketchs et des récits depuis plus de vingt-cinq ans. En littérature, Rafaële Germain a signé un premier roman aux Éditions Libre Expression en 2004 sous le titre Soutien-gorge rose et veston noir (dont elle achève la scénarisation pour une adaptation cinématographique aux Productions Cinémaginaire) ; suivront Gin tonic et concombre en 2008 et Volte-face et malaises en 2012. L’auteure a publié en outre aux Éditions du Trécarré en 2010 un livre de recettes, Deux folles et un fouet, en collaboration avec Jessica Barker, et a participé en 2011 à deux recueils de nouvelles parus sous les titres de Cherchez la femme et de Amour et libertinage par les trentenaires d’aujourd’hui. Plage Laval est son quatrième roman.
Date de parution : 14 mai 2025
Nombre de pages : 432 pages
Prix : 34.95$
Éditions Libre Expression : https://editionslibreexpression.groupelivre.com/































































