Pour l’écriture de sa plus récente trilogie, Katherine Girard, enseignante au Cégep, s’est librement inspirée de la vie de son arrière-grand-mère Helena née au début du siècle passé. Ainsi, Helena – Tome 1 Les rêves piégés est un roman de fiction basé sur certains faits réels du temps de son arrière-grand-mère, auxquels l’autrice a ajouté sa touche d’imagination. De la Première Guerre, en passant par la grippe espagnole, des naissances, des mariages, des deuils, on ne s’ennuie pas avec Helena et sa grande famille et avec la plume riche et sensible de l’autrice.
Résumé : 1917, Saint-Ambroise, Lac-Saint-Jean. Helena Gaudreau a 17 ans quand son père décide de la marier à son ami d’enfance et voisin, Liguori. Même si elle ne ressent pour lui aucune passion, elle se rend à l’évidence : entre les tâches harassantes sur la ferme familiale, sa mère malade et le nombre grandissant de frères et de sœurs dont elle doit prendre soin, le mariage est sa seule échappatoire. La jeune femme ne pourra se bercer d’illusions longtemps. Amélia, sa belle-mère, chez qui elle s’installe une fois mariée, est d’une grande méchanceté envers elle, et son existence de nouvelle épouse ne sera pas de tout repos. La liberté à laquelle elle aspire tant n’est pas à sa portée, et le tourbillon des mariages, décès et naissances au sein de sa grande famille ne parvient pas à la distraire de ce rêve inaccessible. Heureusement, en plus de pouvoir compter sur l’amitié de ses sœurs, Helena se raccroche à un souvenir: celui de sa rencontre avec François, un ami de Liguori, pour qui elle nourrit en secret des sentiments inavouables, sans savoir que leurs chemins se recroiseront…
D’emblée, j’aime beaucoup les romans de fiction basés sur des faits historiques réels ou des personnages du passé auxquels sont ajoutés des éléments de fiction pour rendre le tout plus palpitants. C’est donc pour ces raisons que ce premier roman d’une trilogie de Katherine Girard m’a interpellé. De plus, j’aime bien apprendre à connaître de nouveaux auteurs et autrices et avec ce roman, j’ai découvert une plume riche, sensible, accessible et bien imagée qui m’a beaucoup plu.
On sent qu’il y a eu un grand travail de recherche pour bien nous démontrer la réalité des gens des régions durant les années de la guerre, avec les fermes à s’occuper, alors que les hommes partaient pour la guerre ou aller bucher l’hiver. Avec une ribambelle d’enfants à s’occuper, les femmes de cette époque étaient faites fortes et résilientes. Tout cela nous est très bien décrit dans ce premier tome des plus captivants à lire.
Aussi, on sent tout l’amour et la fierté que l’autrice a pour son arrière-grand-mère. Cette femme qui a soif de liberté, le goût du voyage, d’avoir un métier comme les hommes, mais qui doit se résoudre au destin des femmes de l’époque. Et son destin à elle lui est imposé par son père qui la marie à son voisin, son meilleur ami, mais pour lequel elle n’a pas de sentiments amoureux.
Malgré tous les obstacles, les mésaventures, les désagréments et les imprévus qui surviennent dans sa vie, Helena se retrousse les manches et avec lucidité et résilience, elle prend soin des gens autour d’elle, même sa belle-mère qui la traite méchamment. Elle aide ses sœurs dans le besoin parfois. On voit la belle entraide qu’il y a dans les familles de cette époque. De grandes familles tissées serrées avec une panoplie d’enfants.
Cette histoire débute alors qu’Helena a huit ans en 1908 alors qu’elle et sa famille habitaient aux États-Unis et qu’ils s’apprêtent à déménager pour revenir au Québec sur une ferme. Ensuite, on retrouve Helena à 17 ans, alors que son père vient d’accepter la demande en mariage du voisin pour elle. Personnellement, j’aurais aimé avoir plus de détails sur l’enfance d’Helena, connaître un peu plus sa famille dès son jeune âge.
Le reste du roman s’échelonne de 1917 à 1922, soit cinq années, où la guerre, la grippe espagnole, les mariages, les naissances et quelques deuils sont au rendez-vous dans ce roman captivant, rempli de rebondissements, de tranches de vie du quotidien de l’époque et des pensées, désirs et espoirs de cette femme forte en quête de liberté et d’amour réciproque. L’autrice aborde avec réalisme et bienveillance les traumatismes et séquelles autant physiques, mais surtout psychologiques que laisse la guerre aux vétérans qui reviennent dans leurs familles. Elle décrit également les répercussions d’un post-partum difficile chez la femme parfois. Katherine nous montre bien les difficultés de cette époque.
Au fil des années, on voit apparaître les innovations de la vie du quotidien qui donne espoir d’un avenir meilleur, avec l’arrivée de l’électricité chez la famille Gaudreau et l’évolution des appareils et instruments pour soulager les travaux récurrents des femmes.
Alors qu’Helena, à peine 22 ans, a déjà vécu toute une vie, le premier tome se termine de belle façon avec l’espoir de jours meilleurs pour cette femme résiliente. J’ai bien hâte de lire la suite avec le Tome 2 : Les bonheurs vacillants à la fin du mois d’août prochain.
Katherine Girard enseigne la littérature et le cinéma au cégep de Drummondville. En retrouvant des notes prises lors d’une discussion avec sa grand-mère, elle a eu l’idée d’écrire Helena, qui raconte la vie romancée de son arrière-grand-mère. Elle est l’autrice d’une douzaine de romans.
Prix : 27.95$
Date de parution : 12 juin 2025
Nombre de pages : 384 pages
Éditions Hurtubise : https://editionshurtubise.com/































































