Nous avions, dans nos pages, depuis 2017, abondamment et judicieusement louangé à maintes reprises les récitals et concerts mettant à l’honneur la musicalité du violoncelliste Alban Gerhardt.
Son récital du 7 septembre dernier à la salle Oscar Peterson de l’ancienne Université Sir George Williams (Concordia) s’inscrivait comme amorce de la saison 2025-2026 du Ladies Morning Musical Club (LMMC).
Huit ans plus tard, en septième apparition sur la scène du LMMC et sans doute après des centaines de prestations musicales offertes de par le monde entier, Alban Gerhardt n’est plus accompagné au piano par Cécile Licad mais par le fabuleux soliste reconnu mondialement, le phénoménal pianiste Steven Osborne. Ses enregistrements solo sur Hypérion font par ailleurs figure de référence et d’autorité dans le milieu musical et sa présence, ce beau dimanche ensoleillé, aux côtés du violoncelliste, a grandement magnifié la prestation entendue.
L’impact digital et nerveux au fil du temps
Nous avons parfois de tristes nouvelles à propos de nos musicien(ne)s virtuoses les plus chéri(e)s: tel celles nous révélant comment l’aimée et talentueuse Angèle Dubeau a dû restreindre puis presque tout à fait cesser la pratique de son violon pour motif que les terminaisons nerveuses digitales après tant de millions de pressions et d’appui sur les cordes ont affecté non seulement la solidité ou fermeté et justesse du jeu, en des parcours mélodiques notés (donc obligés) au sein des œuvres, mais aussi engendré une vive douleur réelle insupportable ressentie dès lors par tout(e) grand(e) virtuose.
Les millions d’heures de pratique
Au fil des années, certains artistes cessent aussi de pratiquer soit par épuisement, fatigue ou lassitude (ou découragement que la pandémie a fort accentué chez les jeunes musiciens) un peu comme le constat s’était imposé à l’écoute du violoniste Vadim Repin à son dernier passage à Montréal : manifestement Il ne pratiquait plus, tout était faux.
Et j’ai souvenir dans les années 1980 combien tout le monde se passait le mot, y compris son proche ami Émile Gillels, que le grand Isaac Stern ne pratiquait plus depuis très longtemps — pour quelque motif que ce soit — quoique il continuait de jouer en récital et concert, recevant des ovations obséquieuses, tous debout avec les mêmes vivats assourdissants ou aveugles.
Une distinctive sonate de Franck
Pour résumer le haut fait du récital de Alban Gerhardt, ce sont les moments d’entrain de la sonate Arpegione de Schubert et ces instants émouvants d’intimité et de récitation passionnée de la sonate de César Franck (originellement pour violon et piano) marqués Recitativo-Fantasia et Allegretto poco mosso où le violoncelle atteignit une symbiose parfaite avec les effusions qui émanaient sans relâche du piano d’Osborne : là, en effet, la justesse sonore et récitative de Gerhardt était sensiblement au rendez-vous. Yeux fermés, Gerhardt berce encore le public et sa viole.
L’immense pianiste Lukas Geniusas à ne pas rater
La saison musicale montréalaise est toujours riche de hauts événements attendus. Je signale en priorité Lukas Geniusas le fabuleux pianiste invité le 8 novembre au LMMC avec les récitals, à la Salle Bourgie soit parmi ceux-là, celui de Leif Ove Andsnes (2 octobre) Béatrice Rana (4 novembre) et celui de Vikingur Olafsson (30 janvier) pour ne mentionner que ces rendez-vous musicaux promettant d’être des événements inoubliables dans la vie des mélomanes montréalais.
Les soirées des 5 novembre, 5 mars et 3 juin à la Salle Bourgie, l’excellent et minutieux pianiste David Jalbert se dédiera à l’oeuvre pour piano de Prokofiev y compris l’intégrale des sonates qui ont tant de panache et de variétés rythmiques, dynamiques et mélodiques (percussif emploi frondeur aussi de l’instrument à marteaux!).
Lukas Geniusas, lui, détaillera le programme exact de son récital au LMMC environ une quinzaine de jours avant sa prestation en salle pour l’instant annoncé comme du Debussy, du Enescu et du Schumann.
Alban Gerhardt, violoncelle, Steven Osborne, piano
Programme
Schumann 3 Fantasiestücke, op. 73 (1849)
(1810-1856)
Schubert Sonate Arpegionne en la mineur
(1797-1828) D. 821 (1824)
Pärt Fratres (1977)
(1935-)
Franck Sonate pour violoncelle et piano
(1822-1892) (arr. Jules Delsart) (1886)
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