Un documentaire intitulé L’écart silencieux récemment offert en visionnement offrait le plausible constat de l’échec des programmes d’enseignement actuel de la lecture au Québec.
Dès le primaire, on y faisait candidement la découverte de ce truisme qu’un enfant n’apprenant pas à lire durant les deux premières années du primaire, abandonnerait fort probablement ses études secondaires surtout s’il était un garçon.
Premières heures d’une approche
Quoique les garçons soient amenés à l’école vers huit ans en Scandinavie, car on les y juge moins prêts que les fillettes aux activités intellectuelles précoces. On n’a qu’à passer quelques années en première et deuxième ou troisième années pour constater ce qui fonctionne absolument aux deux genres jadis traditionnellement reconnus en classe.
Le sens de l’observation et la sensibilité des enfants sont fort aiguisés dès 6 ans et aux premières minutes des premières heures du tout premier jour d’école. Le maître qui se présente à eux doit capter leur attention : il doit ouvrir leur coeur à sa manifeste bienveillance, il doit immédiatement fasciner leur intellect, il doit avoir le doigté de les faire sourire et rire de cette rencontre fabuleuse de la vie scolaire entre un enseignant titulaire et ses vingt enfants sous sa garde et gouverne annuelles.
L’approche méthodique à la langue garante de succès
La voix humaine est ce qu’il y a de plus musical, de plus rassurant, de plus attachant et identifiable à la personne qui vous entend, vous écoute et, par elle, on reconduira volontiers une écoute d’une seconde à l’autre en vous consacrant une indéfectible attention sincère.
Un jeu s’imposera. Faites leur fermer les yeux avec la consigne qu’en circulant à pas silencieux entre les rangées que vous toucherez de l’index l’épaule d’un(e) enfant au pur hasard, cette personne tenue de dire à haute voix Bonjour! afin que la classe toute ensemble nomme son nom. Vous verrez qu’aucun ne s’y trompera à propos de qui détient cette voix, cet instrument musical unique, quand ils se connaissent du jardin ou de la maternelle bien entendu.
Chaque être humain comme instrument musical
Faire prendre conscience à l’enfant qui reconnaît subito presto que la voix de ses pairs c’est-à-dire que la musicalité immanente à chacun marque l’identité et que la langue française est d’une beauté vocalique inégalée (toutes nos voyelles atteignent facilement la vingtaine d’ouvertures ouvertes ou fermées, nasales, sans oublier les diphtongues). Cela est affaire de la première matinée grâce à des jeux d’articulation et de diction ou de vire-langues faisant prendre conscience des nuances de l’élocution et faisant aussi parfois tordre de rire.
Musicalité de la diction et de la lecture
Combien on s’amuse à faire lire et décoder par des jeux collectifs d’émulation : faites distinguer aux enfants la différence subtile d’articulation entre les lettres v et f, entre les lettres b, m, p, entre les t et d, entre les différents r prononcés en maintes régions des pays francophones. Faites des comparaisons de musicalité avec l’espagnol, l’italien, l’allemand, l’anglais aussi quand on les parle un peu.
Tout ça est de la musique et ce que fabrique toute bouche humaine via la langue, le palais, les lèvres, les dents, les poumons en souffle adapté, via la luette, les voies nasales etc. Ainsi, quatre mots, Un bon vin blanc! règle en une seule phrase exclamative le cas des quatre voyelles nasales si ardues pour les anglophones, tout ceci exécuté en exagérant de manière grotesque les intensités expressives.
Jouer et apprendre
Tout doit devenir un jeu. Confectionnez-vous des feuilles de diction graduées en difficulté avec deux ou trois lettres soit la consonne d’appui à l’étude et un son de voyelles: en abscisse mettez en case une de ces voyelles soit a, e, i, o u, ou, in, on, un, an, oi, ui etc) et, en ordonnée, la consonne d’appui par ordre alphabétique (soit b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, etc.). Travaillez le décodage des voyelles à l’honneur.
Faites-en sans relâche tel un jeu qui oblige à suivre le lecteur choisi. Puis changez le lecteur ou la lectrice jusqu’à ce qu’un de vos enfants en classe sache décoder toute la feuille de diction et que les autres parviennent à le ou la suivre du doigt sur chaque feuille de diction individuelle plastifiée pour la rendre utile comme seuls devoirs du soir en première année.
J’en avais bien 4 ou 5 de ces feuilles de diction et, en après-midi, je faisais la lecture d’épisodes des contes et légendes grecques, des aventures de Tristan et Iseult dont chacun dessinait son moment préféré du conte ou de l’épisode lu à haute voix par le maître , donc dessin libre après comme exercice artistique. Vous récolterez des petits chefs-d’oeuvre, c’est garanti.
Un piano, la chanson au centre de la classe
Le documentaire que j’ai visionné m’a beaucoup exaspéré de constater à quel point en 2025 on restait au ras des pâquerettes de la pédagogie de la lecture enfantine au primaire quelque genre qu’on impute désormais à l’enfant.
Lire est si fondamental que les soeurs et frères des communautés religieuses d’avant la Révolution Tranquille n’avaient pas besoin de bien complexes études pour se rendre compte que ne pas savoir lire serait une tragédie en société. La pensée dépend du vocabulaire acquis à la lecture ; chaque vocable de notre lexique français nuance et distingue une idée survenant à l’esprit en se distinguant d’une autre conception ou idée.
Une fois qu’ils auront appris à lire des phrases faciles on apprendra en classe des chansons ou comptines dont les paroles seront lues, normalement fin octobre, début novembre de la première année le tour sera joué si vous vous y consacrez principalement — sans relâche comme la tâche la plus fondamentale de votre classe — une multitude d’activités diverses soutenues comme autant de ruses à les faire encore et encore lire et décoder.
Accompagnez-les au piano si vous avec dix doigts et un minimum de musicalité. On donne les pianos droits sur Marketplace si vous vous donnez la peine de les y aller chercher chez le donateur. Chaque classe devrait en avoir un, c’est ma naïve opinion.
Choisir une motivante devise de classe
Une fois gagnés à votre cause, dès le premier jour vous aurez, j’espère, su choisir une devise de classe qui mette en valeur quelque brève locution qui valorise le mot d’ordre fondamental d’Un esprit sain dans un corps sain.
J’avais trouvé pour la première année À coeur vaillant rien d’impossible! puis pour une classe de troisième année Instruire notre coeur, exercer notre corps et donner des ailes à notre âme!
Bouger et exposer à la tentation…des livres!
Cette pleine animation de l’enfant implique que vous fassiez une heure de sport avec eux chaque jour, toutes saisons pour solliciter en eux le plaisir de jouer, l’énergie du dépassement, la sensation de légèreté communiquée à l’âme quand le corps en course lente tente son envol échappant à la gravité, et, aussi que l’esprit d’équipe soit un entrain de fraternité unissant les enfants dans un esprit de corps ouvert sur la découverte de soi, à la fois corps et âme.
Une vaste bibliothèque de classe bien choisie mettant en valeur la richesse des livres glorifie la lecture. Mais surtout il faut résister au monde de la facilité actuelle qu’offrent les tableaux interactifs, pire encore ces envahissants ordinateurs qui lisent et décodent les histoires à la place des enfants moins vaillants posant des écouteurs sur leurs oreilles et appuyant sur un bouton disant se faire lire le texte… Décoder est un travail sérieux.
Oui, j’en ai contre ces immenses télévisions ou écrans. Je reste convaincu qu’il faille user minimalement de ces outils d’écran et d’ordinateur qui transforment l’enfant en public diverti.
Divertir n’est pas garant d’instruire de manière infaillible et former des lettres cursives à la main est aussi de l’indispensable motricité fine de la main et des doigts mus par l’oeil.
On abandonne l’écoute des ennuyeux
Un maître ou une maîtresse qui n’a pas de culture générale ample et exacte, qui ne lit à peu près rien en ses loisirs, qui se lamente sur des vétilles, qui materne à outrance, qui se complaît à faire exécuter des routines machinales abrutissantes où l’originalité et l’imagination sont absentes de sa classe lassera tout enfant minimalement intelligent.
L’ennui envahit vite les classes par l’absence des activités physiques engageantes
Un enseignant veule sur le plan physique fera tout le contraire que de rendre la détention en classe six heures par jour dix mois par année un processus agréable à l’enfant.
L’enfant qui doit sociabiliser avec 19 intrus dans sa vie où la cour d’école se remplit d’interactions froissantes entre petits êtres en conflits subits souvent pour des vétilles qui leur semblent des montagnes, celui-là se vengera des frustrations d’une classe sans relief où il n’apprend pas à développer une multitude de talents qu’il a à explorer.
La vocation ne s’achète pas
L’enseignement instructif au primaire est un art qui exige une performante vocation et il est peu probant qu’on devienne pédagogue quelque Faculté dite éclairée qu’on fréquente, car transmettre est à la base un rare don unique, un savoir utile à faire découvrir et aimer.
Amener quelqu’un à apprendre ce que l’on a acquis avec enthousiasme, discipline et ferveur suppose une passion presque volcanique pour les plus belles valeurs de la civilisation : la volonté sincère, la joie de vivre, l’existence de la beauté dans la nature, les arts, les sports, les sciences, la foi dans la paix, le respect et la concorde avec autrui.
La distinction entre le bien et le mal informe peu à peu le caractère de l’enfant instruit dès le primaire avec délicatesse et doigté et non avec machinisme et imposture.
L’écart silencieux est disponible sur Savoir Media
2025 53m
Animation
- Marwah Rizqy
Avec
- Pauline Marois,
- Marwah Rizqy,
- Alisha Wissanji,
- Égide Royer,
- Line Laplante,
- Sol Zanetti,
- Pascal Paradis,
- Isabelle Archambault,
- Kathleen MacDougall,
- Éric Gingras,
- Simon Bucci-Wheaton,
- Shanoussa Aubin-Horth,
- Catherine Rabouin,
- Jean-Philippe Bérubé,
- Bernard Drainville,
- Christian Prague-Mythil,
- Anik Lessard,
- Alexandre Chouinard,
- Audrey McKinnon,
- Dominic Haché,
- Stéphanie Lapointe,
- Lambert Drainville,
- Catherine Haeck































































