La mode africaine est célébrée et analysée dans une exposition intitulée Afrique Mode au Musée McCord Stewart à Montréal, du 25 septembre 2025 jusqu’au 1er février 2026. Elle met en lumière la créativité, l’affirmation de soi et la richesse culturelle des créateurs africains et de la diaspora.
L’exposition des plus riches a voyagé internationalement et retrace plus que 250 objets depuis l’indépendance à nos jours.
Accompagnés par un tam-tam et bercés par une musique africaine, les visiteurs découvrent le savoir-faire africain et comment la mode africaine s’est imposée sur la scène mondiale.
Un élément central de l’exposition est le textile lui-même, pas juste la forme des vêtements, mais ce qu’ils racontent, ce qu’ils portent comme mémoire, comme signification.
Depuis les tissus traditionnels : wax, batik, bogolan, adire, prints artisanaux, broderie, perles, et même le Kente qui est fabriqué par des tisserands des peuples Ashanti et Éwé. L’exposition montre comment ces techniques ancestrales continuent de former le socle de nombreuses créations. Les motifs, les couleurs, les imprimés jouent un rôle dans l’expression de l’appartenance, mais aussi de la modernité.
Aujourd’hui, la mode africaine utilise ces textiles de façon moderne. On les voit dans les défilés, dans les créations de jeunes stylistes africains, ou même mélangés avec d’autres matières pour créer des vêtements à la fois traditionnels et modernes. C’est une manière de rester connecté aux racines tout en évoluant avec le temps.
C’est un mouvement vibrant qui mêle héritage, innovation et identité, et qui gagne toujours plus de terrain, tant chez les créateurs que dans le cœur des amateurs de mode du monde entier.
Voici quelques designers africains qui sont découverts à travers la visite et qui illustrent bien cette dynamique :
- Thomas-Fahm (Nigéria) : Première créatrice à ouvrir une boutique qui correspond à cette dynamique et s’est inspirée de maisons de créateurs afin de transplanter quelques styles modernes au style traditionnelle comme les fermetures intégrées, les jupes portefeuilles et bien d’autres.
- Imane Ayissi (Cameroun) : Styliste et haute couture, alliant matériaux traditionnels et exigence esthétique, il est une des voix fortes de la mode africaine. Il utilise le plus souvent des matériaux naturels et organiques qui ont un impact minimal sur l’environnement.
- Thebe Magugu (Sud Africain) : Il incarne cette nouvelle génération qui revendique une esthétique africaine moderne, audacieuse. À travers ses créations Il pointe du doigt le sexisme et le fémincide. En 2018, il a remporté le prix LVMH.
- Kofi Ansah (Ghana) : décédé en 2014 est considéré comme le pionnier du style Africain moderne et remporte le prestigieux Ghana Quality Awards Diamond Division en octobre 2003.
Plusieurs autres noms de designers sont représentés et ne font qu’émerger dans les classements et dans le regard des médias. N’oublions pas que les designers africains sont de plus en plus souvent cités comme modèles de réussite et attirent aujourd’hui une clientèle des quatre coins du monde.
Au musée, l’ensemble de ces designs crée un environnement moderne et sophistiqué, avec des couleurs, des matériaux et un éclairage qui contribuent à une expérience immersive. La photographie joue aussi un double rôle dans l’exposition et plus largement dans la culture africaine contemporaine.
Beaucoup d’images contredisent les stéréotypes qui réduisent l’Afrique à la pauvreté, la guerre ou l’exotisme. Elles montrent la diversité, le modernisme, les influences croisées et inscrivent la mode africaine dans une temporalité propre, pas seulement en réaction à la colonisation.
En combinant la mode à la photographie, on découvre deux langages qui se nourrissent mutuellement, puisqu’ils mettent tous les deux le corps en scène, le tissu en récit, la pose en expression.
Chaque vêtement, chaque photo a une histoire : celle du créateur, mais aussi celle du porteur, du contexte historique ou social. Ce n’est pas seulement une question de style visuel, mais de pouvoir : pouvoir se voir, pouvoir donner à voir, pouvoir raconter autrement.
L’Afrique ne se réduit pas à un canon unique : les régions, les cultures, les langues, les esthétiques, les influences sont multiples, et l’exposition ainsi qu’une vidéo récapitulative à la sortie le montrent bien.
Grâce à la conservatrice du McCord Stewart, Alexis Walker, un dialogue entre plusieurs cultures va être engagé. Je la remercie pour sa gentillesse de m’avoir accordé son temps et son soutien durant ma visite.
La coopération de Dr Christine Checinska (conservatrice principale des textiles, de la mode et du diaspora africain au musée de Londres), va permettre à des publics différents de découvrir la richesse africaine sous un angle souvent inédit. En rassemblant mode, bijoux, photographie, histoire, le visiteur est invité à réfléchir aux questions d’identité, de représentation, d’appropriation, de genre et de postcolonialisme, etc.
Africa Mode aujourd’hui, ce n’est plus seulement un style, c’est un mouvement. Un mouvement qui se construit autour des racines, de l’identité, mais aussi de l’innovation, de l’entreprise, et de l’ambition. Les créateurs africains ne veulent plus être simplement découverts : ils veulent être acteurs, influenceurs, leaders de leur destin, sur la scène locale comme internationale.
N’hésitez pas à aller découvrir cet événement culturel majeur.
N.B: Je remercie sincèrement M. Champagne de m’avoir permis de m’imprégner de cette culture africaine.
À faire absolument en famille ou entre amis…!
Site web d’Afrique Mode au Musée McCord Stewart































































