Quarante-huit heures après ma redescente stratosphérique depuis l’Opéra de Bordeaux et son étonnante production de Iolanta de Tchaikovsky avec des voix tout aussi exceptionnelles que celles engagées dans la production de l’opéra tchèque Jenufa conçu par Léo Janacek que l’Opéra de Montréal ressuscite 28 ans plus tard, je dois conclure que la société de la jeunesse québécoise d’aujourd’hui s’exclamait présente et en véritable enchantement à l’avant-première mondiale de Heated Rivalry au 38ième festival de cinéma Image et Nation à l’Université Concordia.
Jenufa de Janacek à l’Opéra de Montréal
Mon astucieux collègue du Devoir a rédigé plusieurs articles récents d’une grande profondeur d’analyse du symbolisme de l’opéra Jenufa — chanté en langue tchèque — que j’entends avec assentiment mais sans pouvoir en attester de l’évidence pour le grand public qui ne s’en enthousiasmait pas le moins du monde le soir de la première samedi 22 novembre.
Janacek (mort en 1927) a composé de grands monuments musicaux du gabarit de la double cantate Amarus (à l’affiche en 1990 à Prague à la chute du mur de Berlin pendant que je m’y promenais six mois à m’étonner de la profusion musicale de cette capitale) mais Jenufa est marqué des préjugés et emprisonnantes persécutions de l’opinion publique au début du siècle précédent (et jusqu’en 1958 au Québec de Duplessis!).
Le fameux « Regard des Autres »
Aucun personnage du livret ne porte le vêtement d’un rôle exemplaire : maternités obligées, violences quasi-féminicides à peine déguisées, infanticide, beuveries et alcoolisme de bas étage, des masses emprisonnées dans leurs préjugés étouffants, etc. Même de somptueux costumes, ni des décors signifiants, pas même des voix superbes n’arrivent à faire oublier que le monde a trop changé pour consacrer son temps à ruminer — quoique en couleurs éblouissantes — de tels désastres sociaux tout à fait passés.
Heated Rivalry et la romance masculine
Eh oui, nous avons assidument assisté à presque toutes les éditions d’Image+Nation et, dimanche soir 23 novembre, on nous présentait en primeur mondiale le premier épisode d’Heated Rivalry tiré de la série de romans à succès écrits par Rachel Reid que le producteur Jacob Tierney a adapté à nos écrans.
Salle comble mais surtout une extatique réception au grand auditorium de l’Université Concordia rempli surtout de jeunes filles et femmes mûres fascinées par l’amour romantique entre hommes virils. Voyez comme le monde change sous nos yeux.
Ici, ce sera une série sur CRAVE où deux joueurs de hockey étoiles de la ligue nationale aux physiques splendides (Hudson Williams et Connor Storrie) sont choisis, par le Destin, comme amants subits : ce sont les incontestables vedettes des équipes rivales de hockey de Montréal et de Boston, deux rivaux enlacés répétitivement pour « tomber » peu à peu follement amoureux.
Nudité sulfureuse
Les scènes de nudité sulfureuse des six livres à succès mondial se reproduiront : un amour et une passion du temps présent, une vraie tendresse dévorante, une exemplaire histoire d’amour qui magnétise l’intérêt de la jeunesse d’aujourd’hui et font sourire un sexagénaire comme moi qui vagabonde avec fascination du ballet au théâtre en passant par le cinéma, l’opéra, la danse, les musées, l’art public.
Investissons donc dans l’art et les polémiques de notre temps : les salles se rempliront, les publics se renouvelleront, plaire et instruire retrouveront une rhétorique honorable et mettront fin aux infinies lamentations d’un passé torturé se complaisant à étaler ses vétustes dilemmes, aujourd’hui rancis, quasi risibles d’enchaînement volontaire (à relire, donc, De la Servitude volontaire d’Étienne de la Boétie).
JENŮFA Opéra en trois actes de Leoš Janáček.
Marie-Adeline Henry (Jenůfa), Katarina Karnéus (Kostelnička), Edgaras Montvidas (Laca), Isaiah Bell (Števa), Mikelis Rogers (Starek), Megan Latham (Stařenka), Colin Mackey (Maire), Camila Montefusco (Mairesse), Tessa Fackelmann (Karolka), Justine Ledoux (Pastuchyna), Odile Portugais (Jano), Bridget Esler (Barena), Ellita Gagner (Tetka), Chœur de l’Opéra de Montréal, Orchestre Métropolitain, Nicole Paiement.
Mise en scène : Atom Egoyan.
Décors et costumes : Debra Hanson. Éclairages : Michael Walton.
Une production de l’Opéra de Montréal et du Pacific Opera Victoria. Salle Wilfrid-Pelletier, le 22 novembre.
Reprises jeudi à 19 h 30 et dimanche à 14 h.
©Vivien Gaumand































































