Il y a un peu moins de six mois, Aliocha mettait au jour Sorry Eyes, un premier EP au magnétisme particulier. Six titres d’un folk rock aux ascendances américaines et britanniques, une pop hors du temps, belle et imparfaite, tramée des mots images d’une jeune vingtaine naïve et emportée… et qui allait le mener d’une rive à l’autre de l’Atlantique.
Un hiver de voyages, de scènes et d’amitiés nouvelles plus tard, qui l’a vu joindre Le Label de PIAS, à Paris, Aliocha réitère. Donnant suite à « The Start », langoureux récit électrifié du désir de liberté d’un homme — peut-être Aliocha lui-même — face à celle, parfaite, d’une femme émancipée, l’auteur-compositeur-interprète lance « Sarah », une deuxième pièce tirée d’Eleven Songs, son premier long jeu attendu au printemps — sous étiquette Audiogram au Canada et Le Label en Europe.
Dès les premières mesures, le titre absorbe. Sur la rythmique métallique de la guitare acoustique et celle, mate, de la batterie, Aliocha élève une voix vibrante. Le son est à la fois celui d’hier et d’aujourd’hui, quelque part entre l’immense Cold Fact de Rodriguez et l’écorché Constant Hitmaker de Kurt Vile, entre la désinvolture sensible des sixties et l’angoisse douce de la modernité.
Extraite de sessions immortalisées à Göteborg, en Suède, puis à Paris avec la complicité absolue du brillant réalisateur Samy Osta (La Femme, Feu! Chatterton, Juniore) — nourrie de l’aveu de l’auteur-compositeur-interprète par une conscience artistique aiguë de l’autre —, la pièce se déploie dans des arrangements de cordes et d’électroniques subtils et justes, découvrant une production pointue et d’une éloquence indéniable.
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