Un jeune enfant sensible qui eut été amené assister au programme du concert du 23 octobre par ses proches éclairés, aurait découvert un Orchestre Symphonique de Montréal en métamorphose constante sous ses yeux au fil de la soirée: d’abord orchestre de chambre de 32 musiciens dans un concerto dit de Haydn où s’animait un jovial pianiste de jouvence éternelle, monsieur Andras Schiff, puis ce fut l’élargissement de l’orchestre concertant à 44 musiciens dans ledit second Concerto pour piano et orchestre de Beethoven et, enfin, après l’entracte, l’émancipation épanouissante à 90 musiciens avec cuivres et percussions dans des oeuvres orchestrales de maturité de Johannes Brahms!
Surtout, l’enfant aurait été ébloui lors des deux concertos pour piano et orchestre par la douceur et la clarté du jeu du pianiste hongrois Andras Schiff. Sans doute aurait-il compris que dans les oeuvres de musique de chambre avec orchestre réduit, le premier violon joue vraiment le rôle de chef ou sinon le soliste invité et puis il aurait peut-être saisi à quel point le caractère du troisième mouvement du concerto en si bémol majeur opus 19 de Beethoven au programme révélait tout à coup, dès son amorce, un tempérament tout nouveau et authentique, une construction mélodique et musicale nouvelle, audacieuse, tranchant avec tout ce qu’il avait entendu précédemment.
Mais l’enfant fasciné par tout cet émoi subit et imprévu aurait souri davantage de surprise ou d’enchantement à la vue de l’arrivée du très jeune chef d’orchestre Thomas Leduc-Moreau, un élève ou émule de Jacques Lacombe, se hissant avec élégance et retenue modeste sur le podium pour diriger calmement l’ensemble amadoué des musiciens plus âgés, certes bien plus expérimentés que le jeune chef mais exprimant avec docilité des airs de camaraderie respectueuse!
Il se serait fait une bien juste idée du bel ensemble symphonique de sa ville maîtrisant si bien la musique allemande. Et puis, pour tout adulte encore capable de redevenir ou de demeurer un enfant, toutes ces douceurs et agréments enfantins auraient magnifié la soirée d’un sentiment que le bonheur, si simple en musique, peut être goûté sans relâche parmi nous et entre nous, à la Maison Symphonique.






























































