Même si le nouveau spectacle d’André-Philippe Gagnon, s’intitule Monsieur tout le monde, il faut certainement avoir des talents exceptionnels pour livrer une telle performance ! De François Legault à Hubert Lenoir, des Beatles à Charlebois, de Ray Charles à Sinatra, toutes ces personnalités défilent, grâce à d’incroyables imitations vocales, quelques gestes un peu caricaturaux, une bande sonore de haut niveau et des textes d’enchaînement drôles sans être méchants. Un feu roulant !
La mise en garde du premier ministre
Pandémie oblige ! Le spectacle s’ouvre avec un message vocal nous incitant à garder notre masque durant toute la soirée. C’est François Legault qui parle, remarquablement imité par Gagnon. Le premier ministre nous rappelle que si on attrape des spectateurs démasqués, le Théâtre St-Denis risque gros : «Je vous l’ai dit : c’est pas des peanuts ! C’est des amendes salées!»
La mémoire d’un peuple
Certaines imitations tombent un peu à plat : Pierre Lalonde à Jeunesse d’aujourd’hui, Elvis, Sting… D’autres, passent si vite qu’on n’a pas le temps de les apprécier. Quelques mesures de Coton ouaté (Bleu Jeans Bleu) et nous voilà dans Mécaniques générales (Patrice Michaud). Mais le spectacle ne tarde pas à trouver son rythme.
Toujours passionné de musique, Gagnon souligne que c’est souvent dans les chansons que se trouve la mémoire d’un peuple. Avec un plaisir évident, il se lance dans un grand succès de Boule Noire (Aimes-tu la vie ?), puis un classique de Charlebois (Conception).
Il fera aussi dialoguer Neil Diamond et Gilbert Bécaud dans September Morn, version anglaise de C’est en septembre. Passer avec une telle aisance d’une voix à l’autre sur une même mélodie, il faut le faire !
Pince-sans-rire, il raconte qu’il n’avait que dix ans quand il a vécu sa première séparation : celle des Beatles. Il rend d’ailleurs hommage à chacun des membres du groupe. Pour Harrison, il a choisi l’indémodable My Sweet Lord. Non seulement Gagnon est bon chanteur, ma la bande sonore qui l’accompagne est enlevante !
Les deux policiers
Une autre anecdote, réelle ou fictive, n’est certainement pas anodine. Gagnon affirme qu’il a failli arriver en retard à son spectacle, parce qu’il a été arrêté à cause d’un phare défectueux sur sa voiture. Il a dû répondre aux questions de deux policiers : «un vieux et un jeune». Surpris, l’aîné dit au plus jeune : «C’est André-Philippe Gagnon !» Le cadet répond : «C’est qui ça?». Le plus vieux renchérit : «Ben voyons donc! C’est le meilleur imitateur de Jean Chrétien!» Mais la réponse du plus jeune demeure la même : «C’est qui ça ?» Et vlan pour les Québécois dont la devise est pourtant Je me souviens.
Les «coachs de vie»
Parmi les temps forts de la soirée, soulignons aussi le court numéro où les sportifs Dave Morissette, Michel Bergeron et Jean Perron se font «coachs de vie». Un régal !
Le Blues du showman
Le clou du spectacle est une hilarante parodie de la chanson Le Blues du businessman (Plamondon-Berger). «J’aurais voulu être un artiste» est remplacée par une phrase qui pastiche chacune des personnalités imitées. «J’aurais dû être réaliste», chante René Simard, dont on connaît les rêves de grandeurs pours les gros shows avec danseurs. «J’aurais dû être influenceur», tonne Richard Desjardins, militant environnementaliste.
Même Claude Meunier s’en mêle avec son personnage de «popa» fasciné par les ordures : «J’aurais dû être vidangeur». Et devinez ce que va chanter Yvon Deschamps, monologuiste éveilleur de consciences : «J’aurais dû être optométriste pour aider l’monde à voir plus clair».
Dans cette chanson malicieusement réécrite par l’humoriste Sylvain Laroque, André-Philippe offre un marathon d’imitations très réussies, où l’on reconnaît instantanément, entre autres, Claude Dubois, Plume Latraverse, Garou et Tire le coyote. Ovation bien méritée pour Gagnon et Larocque !
Smile
Après nous avoir rappelé que notre sourire peut changer le monde, l’inimitable artiste termine tout en douceur avec Smile, qu’il interprète avec la voix de Louis Armstrong, puis de Sinatra. Pendant ce temps, défilent à l’écran, des photos de spectateurs dont on devine le sourire derrière le masque, heureux d’avoir retrouvé André-Philippe, ce tendre comique.
André-Philippe Gagnon / Monsieur tout le monde
Textes : André-Philippe Gagnon / Jean Kohnen / Sylvain Larocque
Mise en scène : Guy Lévesque
Au Théâtre St-Denis : les 25, 26 et 27 novembre 2021
Au Capitole de Québec : du 2 au 5 décembre ainsi que du 8 au 11 décembre 2021
Détails de la tournée : André-Philippe Gagnon
- Photo fournie par Musicor Spectacles