De mémoire de journaliste culturel, c’est à l’un des meilleurs concerts d’Angèle Dubeau & La Pietà qu’on a pu assister, ce vendredi soir. La violoniste est en grande forme et son ensemble à cordes féminin semble particulièrement à l’aise dans le répertoire du nouvel album Pulsations, repris pratiquement en entier avec quelques ajouts, dans une Salle Bourgie bien remplie.
Madame Dubeau qui a gravé plus de 40 disques (Mozart, Telemann, Prokofiev, Tchaïkovski, etc), a entrepris il y a plusieurs années un remarquable travail pour faire découvrir au grand public, des compositeurs de notre époque. Avant que le néo-classique ne soit à la mode, l’épouse du fondateur de la maison de disques Analekta, Mario Labbé, consacrait, en 2008, un disque entier à Philip Glass. Quelques années plus tard, son Ludovico Einaudi : Portrait connaissait un franc succès. Les arrangements pour cordes signés François Vallières et Angèle Dubeau apportent aux oeuvres du compositeur italien une dimension qui a tout de suite rejoint des mélomanes qui ne sont pas nécessairement amateurs de musique dite classique. Avec son nouvel album et son nouveau concert, la musicienne offre un éventail encore plus large de la musique minimaliste d’aujourd’hui, propice à l’introspection et visiblement très appréciée des centaines de spectateurs très attentifs, en ce premier soir de novembre, ponctué de sifflements du vent automnal.
Le concert s’ouvre tout en douceur avec From the Madding Crowd de Craig Armstrong, né en 1959. Fine pédagogue, Angèle Dubeau nous présente avec concision les compositeurs qu’elle a choisi, qu’il s’agisse de Korzeniowski, né en 1972, Gregson, né en 1987, ou Jean-Michel Blais. Le compositeur québécois né en 1984 est dans la salle. Bien sûr, on le connaît et on l’applaudit chaleureusement ! La soliste souligne qu’elle est la première à revisiter la musique de Blais avec Nostos, réarrangé par Dubeau et François Vallières. Devant l’enthousiasme bien senti du public, la musicienne prévient Blais qu’ils pourraient bientôt aller prendre un café pour développer une nouvelle collaboration. On ne demande pas mieux.
Partout, les instruments sont en symbiose. Les premiers violons, Julie Triquet (qu’on voit sur la photo à gauche d’Angèle Dubeau) et Josiane Breault épaulent admirablement la soliste. La musique flotte sans contrainte. Chapeau, entre autres, à la pianiste Amélie Fortin qui amène avec doigté un enchaînement de pièces d’Ólafur Arnalds, puis de Jóhann Jóhannsson qui deviennent, en quelque sorte, des suites. Bonne idée ! On y gagne à jouer sans interruption ces douces musiques minimalistes relativement courtes, leur laissant ainsi le temps de s’installer dans nos oreilles, puis dans nos coeurs. L’émotion est en crescendo jusqu’à la fin du concert avec des titres de Max Richter, dont In the garden, puis le costaud Choros d’Einaudi.
En plus du répertoire admirablement joué, il y a l’acoustique et le décor de la Salle Bourgie qui se prêtent fort bien à ce réconfortant voyage musical. Si vous n’êtes pas libre ce dimanche, vous pourrez vous reprendre en mars prochain, car on annonce une supplémentaire.
Angèle Dubeau & La Pietà
Oeuvres de : Einaudi, Armstrong, Blais, Tiersen, Jóhannsson, Richter, etc.
Salle Bourgie
1er novembre, 19h 30
3 novembre, 14h 30
8 mars (2020), 14h 30