Si Corey Hart avait des doutes sur l’amour que lui portent les Québécois, désormais tout est dissipé. À 20h32 quand le rocker à la veste de cuir est entré sur scène côté cour, cet impossible rêve de faire la tournée Never Surrender et ce désir de le voir et de l’entendre de la part des fans, étonnamment, se matérialisait. La foule était debout, et en délire! Le plafond du Centre Bell aurait dû exploser. Corey, lui, les larmes aux yeux! You can never surrender…
[masterslider id= »310″]
Pendant les quelques minutes qui avaient précédées, des images du jeune Corey, avec cette tête de chérubin, ce regard tristounet et défiant à la James Dean avaient défilé sur les écrans géants. Hors-d’oeuvre nostalgique. Mais en empoignant son pied de micro rouge écarlate, avec l’assurance des grands, il a attaqué Dreaming Time Again, chanson titre de son plus récent EP.
With a little perseverance you can get things done.
Après Bang! tiré de son cinquième album (1990), veste de cuir lancée au sol, Hart a pris possession de ce gigantesque plateau, grimpant moult fois les marches d’un côté et redescendant de l’autre côté à toute vitesse derrière ses six musiciens et deux choristes, au son de Boy in the Box. Cette fois les larmes se voyaient, l’ovation a duré cinq minutes, il avait peine à se contenir, il se cachait et s’essuyait les yeux de tant d’amour d’une foule si généreuse, si abandonnée.
Cause no one can take away your right to fight.
Si le nom Corey Hart évoque chez les femmes d’aujourd’hui des images lointaines de beau Brummel hyper cool, chez les hommes, le même nom suscite le fantasme de Julie Masse, celle qui chantait C’est zéro, celle au corps de déesse, son épouse et mère de ses quatre enfants. On l’attendait. Fidèle à elle-même, elle était une des deux choristes, discrète et dans l’ombre. Il aura suffit que les feux se braquent sur elle pour la chanson Là-bas de Jean-Jacques Goldman qu’elle fera en duo avec son bien-aimé pour que la foule ronronne devant un tableau un tantinet à l’eau de rose.
Corey Hart est né et a bâti ses espoirs à Montréal. Il est rare de pouvoir revisiter ses rêves 35 ans plus tard comme il le refait aujourd’hui. Il a peu changé physiquement malgré ses 57 ans. Puis, on a reconnu chez lui ce balancement caractéristique des hanches, des épaules et des jambes qui battent la musique. Il dédiera sa chanson Everything in My Heart en reconnaissance à ses fans qui ne l’ont jamais abandonné qui l’ont construit et le réinventent aujourd’hui.
And if your path won’t lead you home, you can never surrender.
Plus qu’un artiste populaire des années 80 qui revisite, ce multimillionnaire en vente d’albums est de la race des humanistes et son attitude, son discours et son spectacle sont bâtis sur cette idée. D’ailleurs, à moitié chemin de ce concert mémorable, il présentera le vidéo d’une conversation en espagnol sur la vie avec son fils Rain avant de se retrouver accompagné de deux guitaristes, ses choristes et un piano à queue sur une plateforme derrière le parterre à la façon unplugged dans le but de se rapprocher du public.
Grimpé sur le piano, il racontera l’histoire de son passage à l’émission Première fois avec Véronique Cloutier où Mélanie Maynard a fait son coming out comme fan finie de Corey Hart. Imaginez, elle était là. Il l’a fait monter sur scène pour lui dédier ainsi qu’à sa mère la chanson Jenny Fey. Il a enchaîné avec Tonight (I Wrote You This Song) et Let it be des Beatles pour son beau-frère dont le fils s’est suicidé.
Pour le retour sur la scène principale, il est descendu rejoindre le public, a serré des mains, fait des selfies, est monté dans un couloir d’escaliers baigné par ses fans qui lui touchaient le dos, les bras, l’embrassaient. Généreux. Sensible. Empathique. Pour L’hymne à l’amour, il a surpris en partageant cette immense chanson avec la gagnante 2019 de La Voix, Geneviève Jodoin. Dans Spot You in a Coalmine, il a invité sa choriste à la voix puissante à chanter avec lui.
La salle demeurée sur sa faim devait attendre au rappel pour entendre Sunglasses at Night et la chanson-clé d’une carrière remplie, soit Never Surrender, un point culminant de ce concert inoubliable devant un artiste ému aux larmes.
La tournée Never Surrender se poursuit avec en première partie l’excellent groupe rock canadien Glass Tiger qui avait connu le succès avec la chanson Don’t forget me (When I’m Gone) en 1986.