Danse Danse présente le Ballet BC de Vancouver dans un programme regroupant trois chorégraphies dont les univers semblent parfois aux antipodes, les uns des autres. La soirée commence tout en douceur au son d’un quintette de Saint-Saëns et se termine aux rythmes de la house music. Entre ces deux extrêmes, se trouve la pièce de résistance de la soirée…
D’entrée de jeu, on a droit à l’une des oeuvres phares du réputé chorégraphe français, Medhi Walerski, nouveau directeur artistique de Ballet BC. Monsieur Walerski a dansé au Ballet de l’Opéra de Paris et au Ballet du Rhin avant de se joindre à la compagnie néerlandaise Nederlands Dans Theater, puis de s’installer à Vancouver, en 2020.
Il est en visite à Montréal pour superviser la présentation de sa chorégraphie Garden interprétée par une dizaine de danseurs dans des costumes de couleur chair. Leurs mouvements se fondent à la musique du Quintette en la mineur op. 14 de Camille Saint-Saëns. Les interactions entre les danseurs semblent refléter le dialogue entre le piano et les cordes. Fluide. Élégant. Apaisant. Ça dure une vingtaine de minutes durant lesquelles on risque de perdre la notion du temps… Soyez prévenus.
Jeux de pouvoirs mis en mouvements
Après une quinzaine de minutes de pause, on passe au réalisme captivant de The Statement de la chorégraphe canadienne Crystal Pite. Nous voilà projetés dans une salle de conférence où le ton monte. «Oh god ! Oh god!» On comprend qu’il s’est passé quelque chose de grave dans le milieu de travail des quatre protagonistes qui se donnent la réplique avec des voix préenregistrées. Le scénario du Canadien Jonathon Young donne juste assez d’information pour qu’on comprenne que des supérieurs hiérarchiques mettent tout en oeuvre pour qu’on ne les tienne pas responsables de la catastrophe. Ils ordonnent à leurs subalternes de publier une déclaration publique en ce sens.
Contrôle du message, conflits moraux, etc. chaque réplique est traduite en mouvements nerveux. Aussitôt le sujet bien installé, on n’a plus besoin des mots et le conflit est raconté avec des gestes et ce qui s’apparente parfois à de la danse-combat. Une large part de mystère est maintenue, de sorte qu’on peut facilement s’identifier à ce qui se passe sur scène, En effet, qui n’a pas déjà vécu des jeux de pouvoirs au travail ? Percutant ! Brillant ! Et quels danseurs physiques, voire sportifs !
Après une deuxième pause d’une quinzaine de minutes, place à l’électrisante Bedroom Folk, de la chorégraphe Sharon Eyal (Israël), avec la participation de Gai Behar (Israël), artiste et producteur dans les domaines de la vidéo, de la musique et de la performance. Cette pièce emblématique du répertoire de tournée du Ballet BC repose sur les impulsions électroniques répétitives d’Ori Lichtik qui servent de moteur au ballet.
Les mouvements d’ensemble sont coordonnés avec une précision telle qu’on pourrait croire, à certains moments, que la robotique s´est immiscée dans le spectacle. Ajoutons que les ombres générées par les jeux de lumières sont envoûtantes et deviennent presque un spectacle à elles seules. Une demi-heure de chorégraphie intense avec des danseurs d’une grande précision ! Spectaculaire !
Le Théâtre Maisonneuve était bien rempli pour la première de ce spectacle de Ballet BC qui a été généreusement applaudi. Ajoutons que les trois univers proposés sont si différents que l’occasion est belle pour les néophytes de s’initier à la danse moderne.
Ballet BC – Programme triple
Chorégraphes : Sharon Eyal, Crystal Pite et Medhi Walerski
Diffuseur : Danse Danse
Au Théâtre Maisonneuve : 1, 2, 3 et 4 décembre 2021
Durée : 95 minutes incluant deux entractes