Grande première montréalaise, mardi soir, de «Beautiful – The Carole King musical» qui raconte la jeunesse et la carrière de la légendaire auteure-compositrice de «You’ve got a friend» et «(You make me feel like) A natural woman». Un spectacle émouvant, teinté d’humour et réglé au quart de tour !
Il faut savoir qu’avant de devenir une superstar, Carol Klein, une fille de Brooklyn, née en 1942, a écrit de nombreux tubes avec son mari, le parolier Gerry Goffin (1939-2014). Plusieurs de leurs chansons se sont d’ailleurs classées au sommet des ventes aux États-Unis, dont «Will you love me tomorrow», enregistrée par les Shirelles en 1960 et «The Loco-Motion», d’abord popularisée par Little Eva en 1962.

La grande Carole est interprétée avec brio par Sarah Bockel. Il faut dire que la chanteuse et comédienne a fait ses classes, elle qui a commencé comme doublure du rôle-titre, il y a près de cinq ans. Qu’elle chante ou qu’elle parle, elle est convaincante, alors qu’on la sent avancer en âge, grâce à d’habiles changements de coiffures et de costumes. Elle affiche une complicité évidente avec son partenaire Dylan S. Wallach qui est également bon chanteur et bon comédien.

La première partie est un feu roulant de scènes contrastantes. Tantôt, on voit l’auteure-compositrice plutôt modeste au travail, puis on fait place aux interprétations flamboyantes et fort amusantes que les Shirelles ou les Drifters font de ses chansons dans des décors clinquants. Costumes et chorégraphies qui ne sont pas sans rappeler notre «Jeunesse d’aujourd’hui». Parmi les nombreux rôles secondaires qui enrichissent le spectacle, soulignons l’excellent travail des chanteurs et comédiens Jacob Heimer et Alison Whitehurst qui incarnent Barry Mann et Cynthia Weil, grands amis de Carole King.

En deuxième partie, après la rupture avec Goffin, l’artiste entreprend d’interpréter elle-même ses chansons, «Chains» (reprise notamment par les Beatles) et «It’s too late». On assiste aussi à une séance d’enregistrement du célèbre album «Tapestry», où elle hésite à graver sur disque «A natural woman», parce que cette chanson évoque les années passées avec son premier mari.
Si l’histoire de ce couple qui s’effrite, notamment parce que l’homme avait des problèmes de drogue, n’est pas particulièrement originale, elle est néanmoins racontée avec nuances. C’est ainsi que dans une scène émouvante, le personnage de Carole King dira à son ex, venu la voir juste avant qu’elle entre en scène au Carnegie Hall: «Nous avons fait bien des erreurs, mais nous avons aussi fait deux belles filles.»
Bref, on quitte la salle, le sourire aux lèvres, et on rentre chez-soi en fredonnant «You’ve got to get up every morning with a smile in your face…» Décidément, ce spectacle intitulé «Beautiful» porte bien son nom.
Beautiful – The Carole King musical
Salle Wilfrid-Pelletier, jusqu’au 17 février (représentations à 14h et 20h, samedi et dimanche)






























































