Boy George, véritable icône de la musique des années 1980, a conquis le public de l’Amphithéâtre Cogeco, hier soir, avec Culture Club. Tenues excentriques, regards moqueurs, l’interprète très en voix replonge avec un plaisir contagieux dans l’univers magique de Karma Chameleon et de Miss me blind, en plus d’offrir de nouvelles chansons entouré de neuf musiciens et choristes. Plus tôt en soirée, l’énergique Marjo est venue interpréter ses grands succès et ceux du groupe Corbeau. Dès 18h 30, le collectif de DJ Vibration 80 a donné le ton de cet happening qui aura duré près de quatre heures !
Atmosphère de fête en ce dimanche (4 septembre), à Trois-Rivières. Dès la fin de l’après-midi, de joyeux nostalgiques arborent des costumes colorés et des maquillages qui en font presque des sosies de l’excentrique britannique. Plusieurs d’entre eux passeront la soirée debout tout près de la scène, puisqu’on a eu la bonne idée de retirer quelques rangées de sièges pour permettre aux danseurs de se déhancher.
Sur le coup de 21 heures, Boy George apparaît en chair et en os au sommet d’un escalier. C’est le délire ! Tout le monde est debout pour l’acclamer au son de The Next Thing will be amazing. La star descend les marches pour se rapprocher du public. «It’s good to be near you», lancera-t-il avec un sourire coquin.
I’ll Tumble 4 Ya, It’s a Miracle, etc., sont applaudies dès les premiers accords par la foule où de nombreux jeunes sont aussi au rendez-vous. Au grand bonheur du public, le chanteur et ses comparses livrent, en général, des interprétations très proches des versions originales de leurs classiques.
Un saxophoniste époustouflant, une section rythmique de rêve et des choristes de haut vol entourent le chanteur de 61 ans dont la voix m’a semblé encore plus riche que celle qu’on entend sur ses disques. À la souplesse et la puissance vocales, s’ajoute une diction impeccable. La sono est une fois de plus exemplaire à l’Amphithéâtre Cogeco.
La retransmission du spectacle sur trois écrans géants est vivante ! Boy George bouge ! Ses déplacements sont fidèlement retransmis par les caméras ! Quand il y a un solo, on va directement au soliste. Pas d’hésitation, même s’il y a une dizaine de personnes sur scène. Cette captation est presqu’un show en soi !
Toujours adepte des maquillages savants et des costumes flamboyants, George Alan O’Dowd, homme au physique imposant, assume tout, y compris sa vulnérabilité. Sous son chapeau extravagant, l’artiste maintient une certaine pudeur mais ne cache pas le fond de son coeur : quand on a vingt ans, on chante l’amour sans trop savoir de quoi on parle, confesse-t-il. Voilà pourquoi il a transformé son interprétation de Do you really want to hurt me en une ballade bouleversante, où sa voix et sa maturité d’aujourd’hui sont à l’avant-plan. C’est l’un des temps forts de la soirée !
Reggae, soul, pop… un feu roulant ! Les prouesses vocales des choristes dans Church of the poison, l’harmonica sur Karma Chameleon, tout y est. Décidément, le Britannique et son équipe tirée à quatre épingles n’ont rien ménagé, en ce dimanche soir à Trois-Rivières.
Il n’y avait pas que de la nostalgie dans l’air. On aurait dit que ces chansons toujours aussi rassembleuses ranimaient en chacun la bonne humeur et le plaisir d’être ensemble. Bien joué !
Le rock de Marjo
De son côté, Marjo nous a donné le côté rock de la soirée. D’entrée de jeu, c’est Illégal, légèrement adaptée au milieu trifluvien : «tu m’fais faire des bêtises, icite à Trois-Rivières». En grande forme, la septuagénaire confie : «Je suis tellement heureuse de me retrouver sur cette scène ! J’en ai rêvé !»
Elle reprend des succès de Corbeau dont J’lâche pas et Cash moé, en arpentant la scène d’un pas décidé ! La voix parfois éraillée, elle interprète aussi les principaux succès de sa carrière solo, avec tout son savoir faire : enjouée dans Chats sauvages, fougueuse dans Amoureuse, suppliante sur Aide-moé et lascive dans Provocante.
Marjo, dont la participation à ce spectacle a été annoncée il y a moins d’un mois, a livré une performance de 45 minutes : «Je vais rester sur mon appétit. J’espère revenir pour donner un vrai show complet». Elle a quitté la scène ovationnée par un public bien conscient de l’immense cadeau d’avoir cette figue emblématique du rock québécois en première partie d’un concert !
Vibration 80
Enfin, chapeau à l’animateur Séb De Launière et au DJ Hugo Bass de Vibration 80 qui ont lancé la soirée avec des mixes d’une grande efficacité et des projections de vidéoclips de l’époque sur écran géant. On y a vu Billie Jean de Michael Jackson, Sweet Dreams de Eurythmics, mais aussi des vidéos de Men without hats, Def Leppard, Laura Branigan, sans oublier Jump, véritable bombe de Van Halen. Sur scène, quatre danseuses faisaient honneur à ces rythmes rétro.
Le survol de cette décennie a passé en un claquement de doigts. Quelle époque ! Oui, on abusait du «spray-net»; on avait les cheveux décolorés et les pantalons (trop?) moulants, mais diable qu’on s’amusait ! On ne se lasse pas de revoir Madonna avec ses danseurs ! Le moonwalk de Michael Jackson est gravé dans les annales du show-biz. Whitney, Queen, Wham !, Kool & the Gang, etc., quelle émotion de les revoir tous, coup sur coup. Quelle soirée généreuse ! Bien pensée ! Bien organisée ! Bravo aux gens de l’Amphithéâtre Cogeco !