La chorégraphe australienne Stephanie Lake est à Montréal, cette semaine, avec son spectacle Colossus, présenté par Danse Danse. Dans chaque ville où elle est invitée, l’artiste s’allie avec des écoles de danse locales pour donner vie à cet événement hors norme. Chez nous, 64 élèves de l’École de danse contemporaine de Montréal et de l’École supérieure de ballet du Québec sont réunis sur la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier, ce qui constitue la plus grande distribution dans l’histoire de cette chorégraphie, créée en 2018. Le résultat est… colossal!
Colossus commence démocratiquement, alors que tous les danseurs semblent sur un pied d’égalité. Ils sont paisiblement allongés sur le dos et forment un cercle. Puis, une leader émerge et tout le groupe semble lui obéir au doigt et à l’oeil. D’autres meneurs apparaissent, ce qui ne tarde pas à soulever des réactions au sein du groupe où se forment des alliances qui se transforment continuellement à travers des épisodes de combats et de coopération.
Dans cette exploration de la relation entre l’individu et la collectivité, Lake crée des images saisissantes évoquant les compromis que font les êtres pour partager un espace commun. C’est ainsi que les danseurs symbolisent tantôt un vol d’étourneaux agités, tantôt des bancs de poissons qui changent soudainement de direction à l’approche d’un prédateur et se disloquent pour se reconstituer une fois l’ennemi disparu, etc.
La puissance de cette chorégraphie d’environ 60 minutes est portée par la musique énergique de Robin Fox. Il y a aussi des séquences où ce sont les interprètes eux-mêmes qui assurent la trame sonore percussive, entre autres en tapant savamment du pied, à travers leurs déplacements sur scène, coordonnés avec une époustouflante précision!
Chapeau à ces jeunes artistes québécois dont la discipline inspire le respect! Même s’il n’y a pas d’histoire à proprement parler, Stephanie Lake les place dans des situations de provocation où la discorde amène chacun à exprimer sa personnalité, parfois à travers des expressions faciales allant de l’émerveillement à la férocité.
À tout ce savoir-faire, s’ajoute les habiles éclairages de Bosco Shaw qui sait mettre en évidence certains danseurs en leur donnant une dimension démesurée, grâce à des projections d’ombres sur l’écran situé à l’arrière-scène.
À travers ces individus qui luttent pour le contrôle de leur espace, Colossus tient de l’architecture vivante, alors que des corps vêtus de noir créent des mouvements de masse en perpétuelle transformation. Que l’on soit dans la tension ou l’harmonie, ça demeure fascinant visuellement! De plus, ce spectacle est une occasion d’aller applaudir des danseurs promis à un brillant avenir!
Colossus / Stephanie Lake Company (Australie)
Avec 64 danseurs sur scène
Présenté par Danse Danse
Salle Wilfrid-Pelletier, jusqu’au 11 mars
*Crédit photo : Mark Gambino