Le Théâtre Saint-Denis était sans doute l’antre du spectacle le plus exalté à Montréal pour la première de Rock of Ages. Dès la levée du rideau, on aurait dit qu’un tremblement de terre venait de se produire, à preuve ces cris et secouements des spectateurs dont plusieurs triés sur le volet si on se fie à la parade qui a précédée sur le célèbre tapis rouge. Ce grouillement inattendu de foule est peut-être dû au fait que le producteur Sébastien G. Côté a mis 8 ans à ramener ce succès de Broadway au Québec. Les attentes sont toujours trop longues!
Chansons rassembleuses
Si la comédie musicale Rock of Ages n’est pas issue de la dernière cuvée, la liste des succès de chansons des années 80 qu’on y entend est décidément rassembleuse. Mais la belle histoire de cette production s’améliore puisque ce sont des artistes d’ici qui incarnent les Sherrie, Drew, Stacee et autres interprètes, puis le texte à résonance québécoise a été adapté par Olivier Berthiaume. Plus encore, le décidément très talentueux Joël Legendre, a mis la main à la pâte de cette mise en scène très serrée et de cette distribution éclatante.
Si je peux me permettre une parenthèse, j’ai récemment assisté à MJ the Musical sur Broadway et à Tina à Londres, et en toute modestie, Rock of Ages revisité par les artisans d’ici, est sur la coche. Dès les premiers instants, Loony alias l’acteur Tommy Joubert a l’effet d’un feu de joie. Ses propos humoristiques et sa rondeur concupiscente en font un narrateur, chanteur et acteur attachant à chaque fois qu’il perce le quatrième mur.
Histoire mince mais…
Les histoires de carrière rêvée, d’amour impossible et de bar menacé de fermeture finissent bien et sont uniquement un prétexte à toutes ces mélodies qui ont bercé les années 80 sans plus… Ici on est plongé dans le divertissement total, qu’importe l’histoire. Legendre y a également mis sa touche. Faut voir…
Parmi les chansons, I wanna rock que Dee Snider des Twisted Sisters livrait à En direct de l’univers pour Isabelle Boulay il y a quelques jours. Mais aussi celle du cri de liberté qu’il lance avec la chanson We’re not gonna take it. Beau et grand, Jordan Donoghue en Drew Boley habite généreusement la scène par son allure de jeune premier et sa voix intense et puissante. Mignonne à souhait, Lunou Zucchini en Sherrie Christian, discrète mais efficace dans son rôle, est assurément toujours dans la note.
Bande dessinée
Rock of Ages se regarde comme une bande dessinée car les personnages sont caricaturaux. Les scènes se succèdent à un rythme effréné : ni les chansons ni l’action n’attendent. Bref, on reste sur le bout de son siège pour ne rien rater. Ces artistes de comédies musicales doivent savoir bouger sinon danser, chanter et jouer la comédie.
Quelques rôles commandent aussi des performances athlétiques comme ceux qu’ont livrés Matthieu Lévesque particulièrement comique et en voix, Rémi Chassé, Joëlle Lanctôt, Normand Carrière, ainsi que les Megan Brydon, Anne-Rose Cupidon et Kathleen Greco qui également, dansent et se déhanchent abondamment durant le spectacle.
Sharon James
Il faut souligner le travail de Sharon James qui incarne Justice Charlier et vient casser la baraque avec cette voix puissante seule ou en choeur.
Des Foreigners vous entendrez les grands classiques vers d’oreille pour amoureux Waiting for a girl like you et I Want To Know What Love Is. Mais aussi Wanted dead or alive de Bon Jovi, The Search is over, Just like Paradise, entre autres. La finale se fait au son de Don’t stop Believin’. Le spectacle est appuyé par 5 musiciens sur scène coiffés de perruques de rockers des années 80. Bien que les métalleux sont encore affublés de ces coiffures aujourd’hui.
Rock of Ages est sans prétention mais efficace. Sa facture est drôle, énergique et divertissante. Les tableaux qui se succèdent permettent aussi de découvrir des têtes moins connues et de mesurer les talents multiples de cette distribution en or.
Crédit photos : Sébastien Jetté