Le somptueux baryton colombien Laureano Quant révélé grand gagnant du prix de 10 mille dollars remis à l’artisan des plus beaux récitals de mélodies au Concours musical international de Montréal 2025 était accompagné au piano par l’excellent et consciencieux Martin Dubé. M. Quant a du même coup aussi remporté l’engagement du Prix Schubert qui nous le ramènera en récital à Montréal, à la Salle Bourgie, dans le cadre d’un récital dédié principalement aux lieder de Schubert dont on réalise l’intégrale en ce lieu sur une période de plusieurs saisons musicales.
Une virile richesse d’harmoniques envoûtantes
Avec sa prestance naturelle de grande voix magnétisant l’auditoire, son talent locutoire notamment la clarté de sa diction française dans les nombreuses œuvres de Francis Poulenc qu’il avait choisies, Laureano Quant incarnait la plus belle voix d’homme à ce concours de Mélodies avec Theodore Platt qui, lui, s’autocritiquait sévèrement à l’issue de sa prestation d’une émotion qui l’avait indisposé au début de son dernier récital.
Scintillante Fanny Soyer avec Manuel Vieillard
Pour ma part, sans être mécontent du résultat, j’avais trouvé qu’au volet Mélodies Fanny Soyer accompagnée par son propre fabuleux pianiste phénoménal, Manuel Vieillard, méritait aussi les honneurs de ce volet (ou chapitre) du Concours. Je l’aurais couronnée avec l’attachant et radieux Laureano Quant, mais le prix n’étant sans doute pas divisible ou partageable, je me console de ce que l’humble talentueuse soprano se retrouve encore en lice, elle, pour les autres prix plus importants du Concours puisqu’elle est inscrite comme demi-finaliste la semaine prochaine encadrée par l’OSM… ce qui n’est pas le cas du phénoménal Colombien (allez voir pourquoi…).
Pure tessiture cristalline
Fanny Soyer dégage cette modeste personnalité d’épicurienne musicale au plus pur et noble sens de ces termes: elle ne se donna jamais aucun grand apanage prétentieux, elle arriva sur scène drapée ou ceinte de bleu, son port de tête séduisant de bonhommie, surtout son irrésistible regard sensible illuminé de ce sourire qui nous porte spontanément à l’approcher afin de discuter sincèrement avec elle.
Alacrité musicale
D’humble gabarit, Fanny Soyer déploie cette alacrité vocale, cet entrain musical toute de légèreté lyrique un peu comme Régine Crespin et la Felicity Lott des beaux jours. Elle chanta en russe, en allemand et en français ceinte comme je l’ai écrit de cette robe bleu nuit drapée maxi et sa voix s’adaptait pour chaque répertoire d’irisations qu’elle seule possédait: une panoplie d’effets sonores frissonnants d’une richesse inouïe durant tout le volet Mélodies.
Rendez-vous musical à ne pas manquer
Ce mardi 3 et mercredi 4 juin dans le cadre Arias de la demi-finale du CMIM nous entendrons, à la Maison Symphonique, dix chanteurs chanteuses accompagnés par l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Patrick Summers et les voici. L’ordre où je les place n’est pas celui de leur passage, mais il n’est pas innocent non plus, il correspond à trois voix féminines puis trois masculines comme celles et ceux que nous avons déjà judicieusement louangé(e)s dans nos pages avec l’espoir rémanent où je les vois ici posté(e)s pour briller encore davantage:
- Katerina Burton (soprano, États-Unis)
- Ariane Cossette (soprano Canada)
- Fanny Soyer (soprano, France)
- Junho Hwang (ténor, Corée du Sud)
- Chanhee Cho (baryton-basse, Corée du Sud)
- Theodore Platt (baryton, États-Unis)
- Yewon Han (soprano, Corée du Sud)
- Julia Muzychenko-Greenhalgh (soprano, Russie)
- Fleuranne Brockway (mezzo-soprano, Australie)
- Jingjing Xu (mezzo-soprano, Chine)
Comment juge t-on bien le volet Mélodies?
Étant donné que la partie piano est d’égale importance pour tout succès au volet Mélodies, pour en bien juger à chacun des poèmes mis en musique, il faut une vision nette, sous les yeux, de la prose ou des vers tout d’abord car il y a un sens à conférer lors de l’interprétation. Tout à côté, la partition de la musique en imprimé pour telle ou telle voix accompagnée au piano car l’étalement mélodique change à la tessiture innée de l’interprète: la partition est donc incontournable au juge et aussi les paroles entières intelligibles en soi dans la langue d’origine sous les yeux!
Chaque langue porte ses spécificités
Il faut une connaissance parfaite de la richesse sonore et des particularités phonatoires de chaque langue chantée. Chaque langue est musique en soi! Il faut évidemment une connaissance de la technique vocale, celle de l’émission du son, aussi une conscience des interprétations existantes par des chanteur(se)s reconnu(e)s comme étalons d’or au répertoire de chacune de ces mélodies célèbres.
Soprano, baryton, voix d’homme, de femme?
Il faut une sensibilité à la tessiture, une ouverture au courant musical (et au compositeur) auprès duquel le choix de toute œuvre s’inscrit: il faut aussi une neutralité à toute épreuve qui ne se laissera nullement séduire ni par un faciès ni par un regard qui enflammerait des passions injustifiables pour le juge impartial que nous sommes sommés d’être.
On consomme l’amour de la musique sans que le mérite de l’artiste soit consumé par autre chose que la reconnaissance. Après avoir lu ceci, on ne voudrait (pourrait?) peut-être pas être désigné juge. Au volet Arias, la partition pour orchestre aide aussi.
Crédit : Tam Photography































































