Diane Dufresne donnait, ce mardi soir, le premier de trois concerts, avec l’OSM, à la Maison symphonique. À quelques jours de ses 75 ans, la voix et la mémoire de la diva impressionnent toujours ! D’entrée de jeu, c’est De l’amour fou, chanson de son nouvel album Meilleur après. Diane dira ensuite : «L’amour fou, je le porte en moi depuis l’enfance et j’ai toujours la ferveur de vous revoir!» Ferveur réciproque de la part du public suspendu à ses lèvres. Celle qui a été la première Québécoise à se produire au Forum, en 1980, avec un spectacle intitulé J’me mets sur mon 36, lance à la blague : «Ce soir je ne me suis pas mise sur mon 36, mais plutôt sur mon 75!»

Crédit photo : Antoine Saito
Après avoir bousculé les codes en devenant l’une des premières rockeuses de la francophonie, la dame étonne encore, entre autres, avec l’excellente et lascive Comme un damné du Français Cyril Mokaiesh: «T’es beau mec… Tu dis que le bonheur a de jolies fesses qui se moquent éperdument de la tendresse». Avec désinvolture, elle continue d’assumer le vieillissement et la désillusion, à travers un mini-opéra réunissant des extraits de La Star (Daniel Lavoie), Cendrillon au coton (D. Dufresne, Marie Bernard) et Le temps me fait la peau (D. Dufresne, Catherine Major). Tout Diane est là ! Elle chante sa vie en montant un escalier où se déploie sa longue traîne, signée Marie Saint-Pierre, puis elle redescend : «Mon enfance a perdu ma trace Je ne suis pas ce que je vois Je ne vois plus ce que je suis».
Elle enchaîne avec une joie évidente : «Mais vivre pour ceux qui restent Nos tendres richesses Vivre pour quelques êtres importants… Mais vivre parce qu’il y a demain… avec sa réserve de printemps» (C. Mokaiesh). Ici, comme dans Partager les anges, l’orchestre donne du volume, alors qu’il se fait plus discret, à d’autres moments. Que, entre autres, est légère, presque sautillante et Diane la chante en ayant l’air de se tenir en équilibre, comme une fillette à bicyclette. Charmant ! Le directeur musical, Simon Leclerc, a fait pour elle un très minutieux travail d’adaptation symphonique, où l’orchestre et le Grand Orgue Pierre-Béique, confié à Adrian Foster, ajoutent d’innombrables couleurs aux chansons, sans empiéter sur la divine voix. Captation sonore très soignée également de Toby Gendron. J’étais à la corbeille et je n’ai pas perdu un mot de ces textes pourtant denses.
Folie et rigueur

Crédit photo : Antoine Saito
La seule artiste du Québec à avoir rempli le Stade olympique de Montréal a toujours su créer l’événement et elle continue de se mettre en danger avec, notamment, des chansons inédites dont la magnifique Parce que tu rêves de Nelson Minville, où elle invite maestro Leclerc à danser avec elle. Il va sans dire que la profondeur et le sérieux des thèmes abordés n’empêchent pas Dufresne de s’amuser, lançant quelques cris d’animaux dans L’Arche (D. Dufresne, Jean-Phi Goncalves). Plus tard, elle jouera même brièvement les coloratures avec espièglerie. À chacune de ses sorties de scène, on a prévu le nombre de mesures appropriées. Du sur mesure pour notre diva ! Du grand art de la scène ! Durant Hymne à la beauté du monde fusionnée à Oxygène, elle invite le public à chanter avec l’Orchestre symphonique de Montréal qui représente pour elle, à la fois «l’Everest et la fine dentelle de Bruges».
Après une heure et demie d’émotions intenses, c’est l’assaut final avec Je me noue à vous, dont elle a composé les paroles sur la musique d’une chanson de Sting. «Je soufflerai sans frémir les bougies par les deux bouts Quand les spotlights de cette scène viendront s’éteindre sur nous… les étoiles disparues ne scintillent-elles pas toujours ?» À voir et entendre l’ovation qui a suivi, l’étoile Dufresne n’est pas près de s’éteindre ! On en remercie le ciel !
Diane Dufresne : Un 75e symphonique
Avec l’OSM, sous la direction de Sylvain Leclerc
Adrian Foster au Grand Orgue Pierre-Béique
À la Maison symphonique les 10, 11 et 12 septembre
Au Centre national des Arts d’Ottawa, avec l’Orchestre du Centre national des Arts, le 4 novembre
Au Grand Théâtre de Québec, avec l’Orchestre symphonique de Québec, les 26 et 27 novembre
À la Salle Pleyel, à Paris, avec l’Orchestre Lamoureux, le 5 décembre
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