Le 21 mars dernier, les artisans du film Hôtel Silence se sont arrêtés à Québec, lors de leur tournée de promotion, pour présenter le film au cinéma Le Clap. La scénariste et réalisatrice Léa Pool, accompagnée de l’acteur Sébastien Ricard et l’actrice Lorena Handschin ont bien voulu répondre à mes questions.
Synopsis : Jean (Sébastien Ricard) décide de partir pour un voyage sans retour dans un pays détruit par la guerre. Mais rien ne se passe exactement comme prévu. Son désespoir lui semble vite dérisoire face au sort de ceux qui l’accueillent en s’accrochant au moindre espoir de reconstruction. À leur contact, l’urgence d’en finir ne devient plus aussi pressante, au point où Jean redécouvre peu à peu un sens à son existence.
Scénariste et réalisatrice Léa Pool
Votre film a été basé sur le roman Hôtel Silence (Ör) de l’auteure Audur Ava Ólafsdóttir. Pourquoi ce roman vous a-t-il autant inspiré pourvouloir en écrire un film ? «Il y a beaucoup de choses en fait. J’aimais déjà l’œuvre de l’autrice islandaise, Audur. Mais parmi ses autres livres, il n’y en avait aucun qui était vraiment adaptable pour le cinéma. Mais dans ce dernier livre, il y avait beaucoup de choses qui recoupent mon univers. Des personnages qui sont dans des périodes de transition. Ils ne peuvent plus être dans la situation où ils sont, mais ils ne savent pas où aller. Et je considère que c’est dans ces moments-là de notre vie que l’on finit par avancer.» Écoutez-la parler du personnage d’ Ana.
Est-ce que ce fut difficile d’obtenir les droits pour adapter ce roman ? « Au départ, quand j’ai voulu adapter son roman, je lui ai écrit, car elle n’avait jamais accepté auparavant de faire adapter un de ses romans. Et elle a tout de suite accepté, car je lui ai aussi mentionné que j’allais respecter ce à quoi elle tenait vraiment. » Écoutez ce qu’elle a dû respecter.
Est-ce que l’auteure a vu le film ? «Oui. Et elle l’a beaucoup aimé. Quand je lui ai envoyé le film fini, j’ai eu un peu la chienne. Elle l’a écouté tout de suite. 3 heures plus tard, je recevais une longue lettre où elle me disait qu’elle avait beaucoup aimé et que j’avais bien respecté ses intentions et que ce que j’avais changé ou ajouté, elle trouvait que cela faisait du sens. Elle a tellement aimé, qu’elle va venir faire la promo du film. Elle arrive le 25 mars et sera à Montréal pour la première le 26 et elle repart le 27 au soir. »
Vous avez tourné en France, en Suisse et au Québec. Où et comment avez-vous trouvé cet hôtel que l’on voit dans le film qui est totalement fabuleux ? « C’était pendant la pandémie, je ne pouvais rien débuter pour le tournage et le scénario était pas mal avancé, alors je me suis mise à chercher par Google, toute la côte depuis la Grèce, l’Italie, la Sicile, pour arriver en France. Et chaque fois que j’arrivais dans une petite bourgade, je tapais hôtel et je cherchais un lieu qui m’aurait inspiré. Alors je suis arrivée en France, à la frontière de l’Espagne, dans la petite bourgade de Cerbère où j’ai vu cet hôtel Belvédère du Rayon vert et immédiatement j’ai été inspirée. Cet hôtel a été bâti sur les plans d’un paquebot. On en parle dans le film et c’est véridique. Celui qui a construit cet hôtel, il a vraiment pris les plans d’un paquebot. Il y avait un court de tennis sur le toit. Il y avait une salle de spectacle et cinéma et même un casino. Et en plus de l’hôtel, je trouvais que le village en soi ressemblait un peu à la Croatie. Donc, c’était plausible d’avoir une guerre en Europe. »
Pour le choix des acteurs, vous avez choisi Sébastien Ricard qui est très talentueux et Lorena Handschin que l’on ne connaît pas du tout et dont c’est le premier long métrage, pour les rôles principaux. Comment avez-vous trouvé Lorena ? « Ce film est une coproduction minoritaire avec la Suisse. Donc, cela me prenait idéalement une actrice qui vient de la Suisse. Et je voulais une actrice qui a un accent, mais pas un accent vaudois, pour ne pas identifier le pays, ou même encore un accent Suisse-Allemand, serait trop identifiable selon moi. Alors, durant le casting, on a rencontré Lorena qui est Suisse, mais a vécu au Danemark et fait du théâtre en allemand, à Berlin. Elle parle un peu en français et son accent est un peu à la Romy Scheinder, pas trop identifiable. Donc, tout cela me plaisait. En audition, elles étaient deux au final, mais Lorena a pris le dessus avec sa sensibilité.»
Vous avez dédié ce film à votre père, Jacob Mohr, au début du générique. Pourquoi ? Écoutez-la parler de son père.
«En fait, Cerbère est une ville qui a vraiment une histoire par rapport à la guerre et plus particulièrement par rapport à mon père. »
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Sébastien Ricard dans le rôle de Jean
Qu’est-ce qui vous plaisait dans l’idée de travailler avec Léa Pool et jouer ce rôle dans ce film ? «Au départ, c’est sûr que j’avais envie de travailler avec une réalisatrice que j’admire. Je trouvais formidable qu’elle me propose un rôle sans que j’aie besoin d’auditionner. Ensuite, j’ai lu le scénario et j’ai lu le roman et cela ne faisait que confirmer encore plus que je voulais participer à ce projet. Je trouvais l’histoire superbe. » Écoutez-le parler de ses affinités avec le personnage de Jean.
C’est un personnage assez sombre, de peu de mots, qui porte une grande souffrance ? Comment l’avez-vous abordé, vous êtes préparé pour le jouer de manière si convaincante ? Écoutez-le parler de sa preparation.
C’est comment de travailler avec Léa Pool ? «Elle est quelqu’un d’extrêmement préparé, mais qui est hyper disponible. On sait que le cinéma coûte une fortune à faire et qu’il faut réussir à faire nos journées. Ce qui est beau, c’est quand on a l’impression qu’on a beaucoup de temps pour approfondir les scènes. Il faut qu’il y ait un travail de fait en amont pour arriver à faire cela. Même si cela fait plusieurs années que je fais ce métier, d’arriver avec quelqu’un comme Léa Pool et apprendre des choses encore, cela fait partie des grandes joies dans ma vie. »
Et d’aller dans un autre pays, dans un endroit aussi fabuleux que cet hôtel et tout ce qu’il y a autour, être dépaysé complètement, cela aide à se mettre dans la peau de son personnage ? Écoutez-le parler de cet hôtel et cette Ville de Cerbère.
Vous avec plusieurs scènes avec Ana (Lorena Handschin) et le jeune garçon (Sacha Semis Barthes). Comment était-ce de jouer avec eux ? «Lorena c’était la première actrice qui a été choisie pour le film, avant la COVID, ensuite, tout a été repoussé. Et c’est seulement après la COVID que j’ai été engagé. Sans la COVID, je n’aurais peut-être pas été choisi, ou je n’aurais pas été disponible. Alors je suis bien chanceux. La chimie a été très rapide entre nous, après quelques rencontres en zoom avant le tournage. Pour ce qui est du jeune garçon, c’était son premier tournage. Il vient de région où l’on tournait. Et tout a bien été. C’était facile de jouer avec lui.»
Que pensez-vous de l’impact que ce film peut avoir sur les gens qui iront le voir ? Quand on pense qu’il y a encore et toujours des guerres, dont celle en Ukraine qui ne semble pas proche de se terminer. Écoutez-le parler de l’ impact du film.
Lorena Handschin dans le rôle d’Ana
Vous êtes d’origine suisse, et habitez à Berlin. Vous parlez allemand, anglais, français, danois. Comment avez-vous obtenu ce rôle d’Ana ? «Je suis Suisse et j’ai gagné un prix pour un rôle à la télévision et c’était à cette période-là que Léa et sa directrice de casting, recherchaient une actrice suisse pour le rôle d’Ana qui aurait un accent indéfini. La directrice m’a vu au film festival de Soleure et m’a demandé d’auditionner. Léa Pool, je la connaissais, car elle est une grande dame du cinéma en Suisse, alors cela m’intéressait beaucoup, même si je ne parle pas très bien le français. Je me suis dit que j’apprendrais plus le français pour le tournage, car j’adore les langues. J’ai rencontré Léa à l’audition c’était super et j’ai eu le rôle. Mais ensuite, la COVID est arrivée. J’ai donc eu plus de temps d’améliorer mon français pour le tournage qui était mon premier long métrage.»
Et c’était comment pour toi cette première expérience de tournage au cinéma ? Écoutez-la parler du tournage.
Vous avec plusieurs scènes avec Sébastien Ricard. Il a dû vous rendre à l’aise et vous aider pour cette première expérience de jeu au cinéma ?« Oui c’était super facile avec lui. On a fait notre première rencontre sur Skype. Avant le tournage, on a travaillé nos scènes sur zoom. Il a beaucoup d’expérience de jeu, alors il m’a bien aidé. Cela a pris de la patience pour Sébastien et Léa pour m’aider avec mon français. Et ils m’ont donné beaucoup de confiance en moi. Et aussi, le lieu du tournage, cet hôtel c’était très inspirant. »
Et là, vous venez chez nous au Québec pour faire la promotion du film. « Oui, c’est un très grand cadeau pour moi. C’est ma première fois au Québec et je trouve cela beau l’hiver avec de la neige. Alors je suis choyée aujourd’hui à Québec. Je ferai la promotion dans toutes les villes et aussi la grande première à Montréal. Puis je dois rentrer à Berlin le 31 pour jouer au théâtre, alors je ne serai pas présente le 4 avril pour le festival FFO à Gatineau malheureusement. »
Vous chantez et vous jouez du piano merveilleusement bien dans le film. Et dans votre CV, j’ai vu que vous avez étudié autant le théâtre que la musique et vous avez joué beaucoup au théâtre. Vous parlez couramment plusieurs langues. Qu’est-ce que vous souhaitez pour la poursuite de votre carrière ? faire des films à l’international ?« J’aime beaucoup le théâtre c’est sûr. Mais c’est un beau rêve que de pouvoir tourner à l’international. C’est une grande chance que j’ai eue que mon premier long métrage soit un film à l’international. Ce serait super si cela pouvait continuer. Je parle aussi le danois, mais je n’ai jamais fait de film au Danemark, ma ville, alors cela m’intéressait bien. »
Comment avez-vous réussi à jouer aussi bien les émotions qu’Ana éprouve dans les diverses scènes ? Écoutez-la parler de son personnage d’Ana et où elle va chercher ses emotions.
Hôtel Silence prendra l’affiche le 29 mars 2024.
La Grande Première montréalaise aura lieu le mardi 26 mars au Théâtre Outremont en présence de toute l’équipe du film, ainsi que de l’auteure islandaise Audur Ava Ólafsdóttir.
Fiche technique
D’après le roman Hôtel Silence (Ör) de l’auteure Audur Ava Ólafsdóttir
PRODUCTEURS
Lyla Films Lafontaine et François Tremblay
Louise Productions Lausanne (Élisa Garbar), pour la Suisse
Réalisatrice LÉA POOL
Scénariste LÉA POOL
Direction de la photographie DENIS JUTZELER
Son MARTIN DESMARAIS DENIS SÉCHAUD
Conception artistique KARIN GIEZENDANNER ANNE-CARMEN VUILLEUMIER
Création des costumes MARJOLAYNE DESROSIERS
Assistance à la réalisation MARC LAROSE
Direction de production ALEXANDRE FRIGON
Direction de postproduction PIERRE THÉRIAULT
Montage MICHEL ARCAND
Musique MARIO BATKOVIC
PAYS Canada-Suisse
LANGUE Français
ANNÉE 2023
DISTRIBUTION
Jean SÉBASTIEN RICARD
Ana LORENA HANDSCHIN
Zoran JULES PORIER
Kristina IRÈNE JACOB
Mère de Jean LOUISE TURCOT
Monsieur Dubé PAUL AHMARANI
Distributeur Les Films Opale
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Crédit photo : Réjeanne Bouchard