À quelques semaines de son retour au Québec, je joins Marie-Nicole Lemieux en France où sa florissante carrière se poursuit tambour battant ! Après deux Soirées Bel Canto avec l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, à la mi-novembre, elle regagnera Paris pour un récital qu’elle ira aussi donner à Monte-Carlo. Quelques jours plus tard, retour dans la Ville Lumière, où madame Lemieux recevra un prestigieux prix. Elle chantera ensuite lors de la Soirée anniversaire de l’Ensemble Matheus, puis ce sera le temps de reprendre l’avion pour Montréal, où elle est attendue à la salle Bourgie, le 1er décembre. Entrevue avec une artiste qui ne se laisse pas arrêter par la pandémie…
Avant de passer par Montpellier, Barcelone, Paris, Essen, Madrid et Genève, en octobre (2021), dans le cadre d’une tournée de l’opéra Radamisto de Haendel, la Québécoise avait aussi interprété Le Chant de la terre de Malher à Bordeaux, sans oublier son rendez-vous avec Samson et Dalila au Théâtre antique d’Orange, en juillet dernier. Puis, au mois d’août, elle retraversait l’Atlantique pour venir tirer sa révérence comme ambassadrice du Domaine Forget, dans Charlevoix.
«Même si je monte souvent sur scène, je reste toujours sur le qui-vive, avec la crainte que la COVID-19 puisse nous forcer de nouveau à tout arrêter. Et puis, je dirais qu’en Europe le public est encore réticent à venir au concert. Peut-être que les gens en ont assez de sortir avec leur masque ! Cela dit, c’est plutôt difficile de vendre des billets. La reprise est lente. Mais le plus important, c’est de pouvoir chanter !»
Le prix Samuel de Champlain
Le 25 novembre (2021), une nouvelle distinction viendra s’ajouter à la liste de celles qui ornent déjà la feuille de route de la célèbre dolmissoise qui recevra le prix Samuel de Champlain, lors d’une cérémonie à Paris. Créé en 1997 par l’Institut France-Canada, ce prix a été remis au fil des ans, entre autres, à Robert Lepage, Charles Aznavour, Michel Drucker, Marie Chouinard et Nancy Huston. Chaque année, on honore deux personnalités, l’une canadienne, l’autre française, ayant chacune oeuvré à la mise en lumière de l’histoire et de la culture dans son sens le plus large.
«J’y vois une confirmation que ma relation avec la France est très forte ! En même temps, je suis fière de mes racines», ajoute-t-elle, «honorée» de recevoir ce prix qui doit son nom à l’explorateur français fondateur de la ville de Québec.
«Donner de l’amour»
A quoi faut-il s’attendre du programme qu’elle a conçu pour son récital à la salle Bourgie, le 1er décembre (2021) ? «Le thème, c’est l’amour sous toutes ses formes !» D’abord, l’amour maternel, puis l’amour mystique avec des oeuvres de Brahms et enfin l’amour charnel exprimé dans des mélodies de Massenet. J’ai fait ces choix en juillet dernier, en réalisant à quel point c’est l’amour qui nous permet de traverser les périodes difficiles comme la pandémie. L’amour d’un être humain, l’amour de la vie, de son travail, etc., c’est ce qui nous rend heureux et c’est ce que j’ai envie de donner : de l’amour!»
Fidélité
Bien sûr, la contralto sera accompagnée de son pianiste et fidèle complice Daniel Blumenthal. «C’est un frère spirituel ! On n’a pas besoin de mots ! C’est en faisant de la musique qu’on se comprend, en s’écoutant mutuellement.»
«D’ailleurs, j’ai eu la chance dans ma vie d’avoir des relations à long terme.» Elle parle, entre autres, des Violons du Roy avec qui elle collabore depuis plus de 20 ans. Du côté européen, pas étonnant qu’elle soit invitée à la Soirée soulignant le 30e anniversaire de l’Ensemble Matheus. Dès 2004, cet orchestre fondé par le violoniste français Jean-Christophe Spinosi invitait la Québécoise pour l’enregistrement de l’opéra Orlando furioso de Vivaldi. «Je suis assez fidèle quand ça va bien !»
Ajoutons que le passage de Marie-Nicole Lemieux à Montréal nous permettra aussi de l’entendre une fois de plus avec l’OSM. Elle sera du concert consacré à L’enfance du Christ de Berlioz, sous la direction de Hervé Niquet, à la Maison symphonique, le 22 décembre (2021).
Marie-Nicole Lemieux incarnera Carmen
En janvier (2022), Marie-Nicole Lemieux incarnera Carmen de Bizet au Théâtre du Capitole de Toulouse. La mise en scène sera de Jean-Louis Grinda, un artiste de longue expérience, qui dès la fin des années 90, était déjà respecté au point de persuader José van Dam de chanter le rôle-titre dans une nouvelle version de L’Homme de la Mancha. «Je suis contente de travailler avec monsieur Grinda, un homme brillant qui connaît les chanteurs.»
Madame Lemieux a déjà chanté Carmen dans des représentations de concert «mises en espace», au Théâtre des Champs-Élysées, en 2017, juste avant que la vague de dénonciation du mouvement #MeToo prenne l’ampleur qu’on lui connaît. Depuis ce temps, le livret de cet opéra qui se termine par le meurtre de Carmen par Don José, est la cible de critiques féministes. En Italie, l’Opéra de Florence s’est d’ailleurs permis d’inverser les rôles en présentant une version où c’est Carmen qui tue Don José.
Pour sa part, la Québécoise estime que «c’est une insulte de considérer cet opéra comme antiféministe ! C’est le contraire ! Carmen est une femme libre ! Je crois que c’est d’ailleurs justement un bon moment pour voir ou revoir Carmen et prendre le temps d’écouter les paroles. C’est une dénonciation : on n’appartient à personne et personne ne nous appartient ! Voilà pourquoi cette oeuvre demeure d’actualité.»
Questions en rafale
Quelles sont les salles où vous préférez chanter ?
-Je dirais le Teatro Real de Madrid (Théâtre royal de Madrid). Il faut aussi dire que chanter à la Scala de Milan, c’est magique !
Quelles sont vos oeuvres musicales préférées ?
-Le Chant de la terre de Mahler et le Requiem de Verdi; des oeuvres qui ont tout ce que j’aime car elles sont bien écrites et se prêtent à l’introspection.
Quels sont vos rêves ?
-Continuer à évoluer et poursuivre ma carrière en étant à la hauteur de la musique que j’interprète.
La salle Bourgie présente : Marie-Nicole Lemieux, contralto et Daniel Blumenthal, piano
Avec la participation de Victor Fournelle-Blain, alto
Programme :
Brahms : Zwei Gesänge pour voix, alto et piano, op. 91*
Brahms : Vier ernste Gesänge pour voix et piano, op. 121
Massenet : Les dix mélodies pour voix et piano des Expressions lyriques
1er décembre 2021, à 19h 30
Pour plus de détails, cliquez sur : programme
Cette entrevue téléphonique avec madame Marie-Nicole Lemieux a été réalisée le 10 novembre 2021, alors que l’artiste se trouvait à Bordeaux.






























































