À quelques semaines de ses concerts à la Salle Bourgie, je joins le célèbre chef d’orchestre et claveciniste Rinaldo Alessandrini chez lui, à Rome. Dix ans après sa dernière visite à Montréal, le musicien reconnu comme un défricheur de la musique italienne des XVIIe et XVIIIe siècles, s’amène chez nous avec son ensemble Concerto Italiano.
La musique : un discours et un jeu
«Je fais le voyage avec cinq musiciens. Le 14 janvier, nous jouerons, entre autres, des oeuvres de Corelli, Scarlatti et Vivaldi et notre concert va montrer à quel point les villes de Rome, Venise et Naples avaient développé des langages musicaux différents». Le maître qui parle bien le français va-t-il expliquer ces particularités au public ? «Vous savez, je n’ai pas tellement l’habitude de parler durant mes concerts, mais il y aura des notes explicatives au programme. Pour le reste, je préfère laisser la place à la musique.»
Le lendemain, Alessandrini sera seul sur la scène de la Salle Bourgie pour un concert de clavecin axé sur le «style fantasque» qui s’exprime dans l’extravagance de pièces libres conçues comme autant d’improvisations notées. Le maître souligne que ce style s’est développé au XVIIe siècle sous l’influence de la musique pour clavier de compositeurs italiens dont Frescobaldi.
Un élève de ce dernier, l’allemand Johann Jakob Froberger est d’ailleurs souvent cité comme étant l’un des principaux représentants de ce jeu caractérisé par la virtuosité et l’improvisation, sans fil mélodique. Des pièces de Frescobaldi, Froberger sont d’ailleurs au programme, de même que des oeuvres de Couperin et Buxtehude, notamment.
Le meilleur public
Après plus de trente ans de carrière, quel type de public fait le bonheur de Rinaldo Alessandrini qui s’est produit sur de très nombreuses scènes, depuis la formation de Concerto Italiano en 1984 ? Après un moment de réflexion, l’artiste se prononce : «pas nécessairement un public compétent, mais plutôt passionné et curieux.»
Cela dit, les mélomanes pourront profiter des congés des Fêtes pour explorer la vaste discographie d’Alessandrini. Plusieurs de ses disques ont reçu les plus hautes récompenses dont L’Orfeo de Monteverdi, couronné d’un Grammy.
Concerto Italiano
Rinaldo Alessandrini, clavecin et direction
Sonia Tedla, soprano
Gabriele Cassone, trompette
Boris Begelman, violon
Andrea Rognoni, violon
Ludovico Minasi, violoncelle
Programme :
Corelli, Sonate pour trompette et cordes
A. Scarlatti, Cantate Su le sponde del Tobro
Vivaldi, Sonate en trio
Handel, Cantate Tu fedel ? Tu Costante ?
Porpora, Sonate en trio
B. Marcello et Leo, Cantates pour soprano
Salle Bourgie, 14 janvier 2020
Rinaldo Alessandrini, clavecin
Oeuvres de : J.S Bach, Böhm, Buxtehude, L. Couperin, Frescobaldi et Froberger
Salle Bourgie, 15 janvier 2020