Pourquoi aimer Éric Lapointe? Il y a bien sûr ses chansons coup de poing comme Mon ange, N’importe quoi et Loadé comme un gun qui ont connu des succès retentissants. Mais c’est en spectacle comme celui de jeudi dernier, avec Délivrance, titre de son huitième album, au MTelus que le rockeur québécois sait conquérir depuis presque 25 ans un public qui lui est d’une fidélité remarquable, si on en croit cette foule mature entassée comme sardines, mouvoir les lèvres pour chanter avec le quasi quinquagénaire. À l’occasion de ce spectacle, j’avais invité Sophie une irréductible fan qui, à la dernière minute, a changé ses plans pour venir de Joliette. Elle le suit depuis ses débuts et le connaît sous toutes les coutures.
Sur scène, tout s’explique. Il incarne le mâle macho rough and tough et sans peur. Un contraste avec cette sensibilité à fleur de peau qu’il exprime à travers ses chansons comme dans La Bartendresse, une histoire de barmaid qui le laisse sur sa faim, ou bien On commence, qui raconte le désespoir associé à la fin annoncée de tout amour, même en ses débuts. Mais ce qui caractérise Lapointe est sans aucun doute ce côté mauvais garçon, qui, bière à la main qui, cigarette au bec qui, lance sa guitare en coulisse, provoque, et met au défi.
Dans la qualité de l’interprétation, cette voix éraillée et puissante, ce total abandon, cette candeur et cette passion ont fait de lui l’artiste qu’il est. Le spectacle est un happening, une fête remplie de participants qui débordent d’enthousiasme. Lapointe est un fidèle aussi car il partagera trois chansons avec Noémie Lafortune, une de ses protégée de La Voix.
On se laisse emporter petit à petit par cet interprète attachant et sympathique au fil des 25 chansons solidement appuyées par 8 musiciens hors pairs dont Stéphane Dufour à la guitare, Bruce Cameron au clavier, Mic Myette à la guitare, Isabelle Verville à la trompette, Martin Bolduc à la basse, qui ponctueront le spectacle de solos épatants dont ceux mémorables de Rick Bourque à la batterie et de Luc Lemire au saxophone. Claude Pineault est aux choeurs. Avec Lapointe il y a du rock et de la ballade rock certes mais des sonorités country font leur chemin jusqu’à l’oreille.
En fin de spectacle, il y a bien sûr sa chanson Moman qu’il dédie à sa mère toujours présente et assise aux premières loges, me dira Sophie. Puis, la surprise, la délicatesse et la sensibilité viendront de son interprétation de La Bohème, entourée de deux guitares acoustiques, trois jours après la mort de l’immense Charles Aznavour … à vous arracher le coeur. Preuve que la musique est universelle! Éric Lapointe qui chante Aznavour, la boucle est bouclée!
Éric Lapointe est en tournée partout au Québec jusqu’à la fin de 2018 et quelques dates apparaissent déjà en 2019.