Le Festival Classica présentait, ce mardi 28 mai, le premier concert de musique classique de sa 14e édition et ce fut une soirée exceptionnelle à plus d’un point de vue! Une cinquantaine de chanteurs et musiciens du Studio de musique ancienne de Montréal et Arion Orchestre Baroque ont interprété la Grande messe des morts de François-Joseph Gossec, une oeuvre très rarement jouée non seulement chez nous mais aussi dans toute l’Amérique du Nord, comme l’a précisé le directeur musical Mathieu Lussier. Cette partition méconnue est d’une beauté telle qu’on la croirait imaginée par Mozart. Pourtant le célèbre Amadeus n’avait que 4 ans quand Gossec a composé sa Missa pro Defunctis, un joyau à découvrir.
Mission accomplie!
Ce requiem, d’une durée d’exécution d’environ 90 minutes, est composé de vingt-cinq séquences qui ne suivent pas strictement le rituel. On constate, entre autres, que Gossec a omis le Kyrie. Vraisemblablement en avance sur son temps, l’oeuvre écrite en 1760 comporte des passages de style baroque, mais les spécialistes s’entendent généralement pour dire qu’elle est comparable à des créations de Haydn et de Mozart des années 1780.
En plus du choeur qui joue un rôle central, cinq solistes sont mis à contribution. On remarque, entre autres, les interprétations poignantes des sopranos Magali Simard-Galdès et Myriam Leblanc, dont les voix se marient admirablement en duo. Quant à Geoffroy Salvas, sa puissante voix de baryton sert admirablement la solennité de cette oeuvre. Mathieu Lussier dirige avec précision cette partition qui témoigne d’une instrumentation considérable pour l’époque. Tout en nuances le SMAM fait belle figure dans cet univers qui s’apparente parfois à celui de l’oratorio.
Bien sûr, Gossec n’est pas aussi vendeur que Mozart ou Vivaldi mais, heureusement, malgré certaines appréhensions, quelques centaines de mélomanes n’ont pas hésité à monter la côte abrupte de l’avenue Vincent-d’Indy pour vivre cette expérience musicale portée par les qualités acoustiques de la salle Claude-Champagne.
Bravo au Festival Classica d’oser sortir des sentiers battus en offrant au public une oeuvre d’une telle qualité! On va aussi au concert pour découvrir!
Cette semaine au Festival Classica
Les festivaliers ont rendez-vous avec la musique des maîtres français, Gabriel Fauré, Reynaldo Hahn et Théodore Dubois, ce mercredi 29 mai, à l’église Sainte-Famille de Boucherville. Les musiciens invités sont la pianiste Meagan Milatz et le Quatuor Classica (Antoine Bareil, violon / Marc Djokic, violon / Elvira Misbakhova, alto / Chloé Dominguez, violoncelle).
Le 30 mai, retour à la salle Claude-Champagne pour le concert Amoureuses de Mozart. Les sopranos Elisabeth St-Gelais, Sophie Naubert et Michelle Bawden, ainsi que la mezzo-soprano Amelia Keenan interpréteront des extraits d’opéras célèbres dont La Flûte enchantée et Les Noces de Figaro. Elles seront accompagnées par Arion Orchestre Baroque, dirigé par Mathieu Lussier.
Le 31 mai, la pianiste Louise Bessette va jouer les pièces de son album Hommage à François Dompierre, où l’on retrouve des arrangements pour piano de chansons célèbres dont «L’âme à la tendresse» et «La saisie». Concert présenté à l’église presbytérienne St. Andrew’s de Saint-Lambert.
Samedi le 1er juin, l’Ensemble vocal Vox Luminosa interprétera Les sept paroles du Christ de Théodore Dubois, dans une version avec orchestre, sous la direction de Claudel Callender. Les solistes invités sont : Myriam Leblanc, soprano / Emmanuel Hasler, ténor / Geoffroy Salvas, baryton et l’organiste Jacques Giroux. Présenté à la Paroisse catholique de Saint-Lambert, au 41, av. Lorne.
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Crédit photo: Marc-Yvan Coulombe