FIJM: André 3000 en met plein la vue!

Les festivaliers qui étaient au rendez-vous pour André 3000, à la Salle Wilfrid-Pelletier, se souviendront sans doute davantage de l’aspect visuel de son spectacle, plutôt que de la musique de New Blue Sun Live. Le fondateur du groupe de hip-hop, OutKast, compose aujourd’hui des pièces de style New Age qu’il interprète à la flûte, accompagné de quatre musiciens. Sa musique instrumentale, plus ou moins planante, est toutefois mise en valeur par des éclairages imaginatifs et fascinants!

André 3000, à la Salle Wilfrid-Pelletier / Crédit: Victor Diaz Lamich

Le retour d’André Benjamin à Montréal était si prometteur que le FIJM a confié la plus grande salle de la Place des Arts (près de 3000 sièges), à ce musicien qui a collaboré avec plusieurs stars dont Jay-Z et Beyoncé.

Au-delà de la musique, cet artiste polyvalent, âgé de 49 ans, s’est aussi taillé une place au cinéma en incarnant, entre autres, Jimi Hendrix dans le film Jimi : All Is By My Side. Touche-à-tout, il a même lancé la marque de vêtements Benjamin Bixby.

Ce sont donc des admirateurs de divers horizons qui ont tendu l’oreille, lorsque André 3000 a publié, plus tôt cette année, son album New Blue Sun; un opus si calme qu’il pourrait sans doute vous prédisposer au sommeil.

Par contre, sur scène, notre homme parsème ses morceaux de passages explosifs, de type free jazz, avec la collaboration des réputés multi-instrumentistes: Carlos Niño, Surya Botofasina, Nate Mercereau et Deantoni Parks.

Malgré un habillage électronique faste, ce qu’André joue à la flûte semble plutôt rudimentaire. Et puis, que dire de ces effets sonores exotiques qui nous donnent parfois l’impression d’être transporté en Amazonie? Comment décoder l’essence de cette musique?

New Blue Sun n’est pas désagréable mais, on se demande ce que ces morceaux apportent de nouveau. Par exemple sur la pièce Ghandi, Dalai Lama, Your Lord, on a droit à des progressions d’accords qui rappellent des sonorités mises de l’avant, il y a une cinquantaine d’années, par le duo québécois de musique progressive Dionne-Brégent. À d’autres moments, on se croirait dans l’ambiance de la musique électronique du groupe allemand Tangerine Dream, formé en 1967.

Devant pareil virage musical de la part du rappeur d’Atlanta, ses fidèles se sont vraisemblablement sentis déroutés! Cependant, il faut dire qu’ils avaient été prévenus car, la première pièce du nouvel album d’André 3000 s’intitule: «I Swear, I Really Wanted To Make A « Rap » Album But This Is Literally The Way The Wind Blew Me This Time».

Quoi qu’il en soit, de très nombreux sièges de la Salle Wilfrid-Pelletier n’ont pas trouvé preneurs, en ce 30 juin. Plus encore, des dizaines de personnes ont quitté bien avant la fin de ce court concert d’environ 80 minutes.

Son et lumière

Ceux qui sont restés se sont toutefois montrés attentifs et enthousiastes jusqu’au bout. D’ailleurs, les audiophiles auront été servis! La sono, limpide du début à la fin, nous a fait passer de la douceur des chants d’oiseaux aux atmosphères d’éruption volcanique. Impeccable! On voudrait bien avoir, à la maison, une chaîne stéréo aussi puissante et précise!

Mais, la surprise de la soirée aura été la magnificence des éclairages gris-mauves qui ont largement contribué à l’ambiance mystérieuse entourant André 3000. On a ainsi réussi à créer un effet de profondeur infini au-dessus de la scène. À d’autres moments, une sorte de laser oblique passait devant le flûtiste, pour ajouter à cet environnement visuel insolite!

Enfin, des projections sur les murs de la salle nous ont parfois donné l’impression d’être à bord d’un étrange vaisseau spatial qui n’aura malheureusement pas satisfait tous ses passagers.