Pour Fragile, sa nouvelle offrande, Serge Boucher s’est laissé aller à vouloir conter une histoire de gars. Le très aimé dramaturge qui nous a donné Aveux et Apparences, avait bien d’autres motivations, mais cette histoire pas banale qui commence par la mort, et qui à rebours, évoque une amitié entre gaillards, sonnait agréablement à ces oreilles. Diffusée dès le jeudi 21 novembre, sur Tou.tv Extra, cette série en dix épisodes reprend la recette qui a fait le succès de l’auteur et de son partenaire, le réalisateur Claude Desrosiers : entre secrets, non-dits et relations familiales problématiques, tous nos sens seront aux aguets pour comprendre ce qui est arrivé à Félix et Dom.
Une confrontation familiale sur fond de drame
La trame s’installe très vite dans Fragile, à tel point qu’au terme du visionnement des deux premiers épisodes, les journalistes présents commençaient déjà à élaborer des théories plus proches de la tentative que du complot, nourries par les nombreux indices disséminés ici et là : « J’avais envie de reprendre la même structure que dans Feux, mais au contraire! » nous confie Serge Boucher. « On sait qu’ils sont morts, et le passé devient le présent ».
Eh oui! Première boîte de mouchoirs : la série s’ouvre sur la mort des deux protagonistes. Pour le spectateur, il s’agit dès lors de comprendre ce qu’il s’est passé : « Une fois que vous l’aurez écoutée au complet, il faudra revenir en arrière, car des scènes seront mieux comprises ».
Félix, fraichement sorti de prison, rejoint sa famille bien nantie, pour tenter de se reconstruire, matériellement et psychologiquement. Aux prises avec une mère ultra-protectrice (Isabelle Vincent), un beau-père écœuré (Christian Bégin) et un demi-frère rancunier (Maxime de Cotret), il ne peut compter que sur sa sœur (Monia Chokri) pour y arriver… sa sœur et apparemment, Dom.
Dom, fils de sa mère au sens proche du terme (Sandrine Bisson) et neveu de Bazou (Martin Drainville) semble mener sa vie sans encombre. 21 ans, propriétaire d’un garage, à peu près en couple, tout lui réussit. Sa route et sa gentillesse vont le mener sur le chaotique chemin de Félix. À leurs risques, mais pour quels périls?
Une distribution quatre étoiles
Il est vrai qu’avec de telles têtes d’affiche, la série Fragile s’assure de solides fondations. Marc-André Grondin revient à la télévision dans le rôle de Félix, aux côtés de Pier-Luc Funk, qui a marqué bien des esprits pour sa performance dans Mémoires vives, et qui prêtera ses traits au bien-aimé Dom.
Claude Desrosiers, réalisateur fétiche de Serge Boucher, nous avoue que certains choix étaient une évidence. Il est vrai que Christian Bégin en bourgeois ou Valérie Blais, en matante attachante, sont des choix on ne peut plus conventionnels : « Des noms s’imposaient, des personnes capables de jouer sur différents niveaux, d’avoir de nombreuses facettes. Et puis, une fois que l’on a pensé à un nom, difficile d’en sortir », explique Claude Desrosiers.
On comprend donc que derrière leurs prémisses, bon nombre de personnages vont se révéler au cours de l’intrigue. Claude Desrosiers a pris beaucoup de plaisir à diriger ses interprètes : « Les discussions que l’on a eues avec chaque acteur, concernant leur personnage, son évolution, ont été passionnantes. Je leur ai fait prendre d’autres avenues, et certains n’aiment pas recevoir trop d’information, alors j’ai laissé aller aussi, pour trouver une cohérence ».
Quant à Serge Boucher, il témoigne une profonde gratitude envers ces comédiennes et ces comédiens, car les personnages qu’il a imaginés sont loin d’être blanc ou noir. Mais toutes les nuances entre les deux ont été très justement traduites dans le jeu et pour lui, il s’agit d’une grande réalisation.
Né dans le monde
Serge Boucher est né dans cette classe modeste qu’il décrit si bien : « À un moment donné, est arrivée cette idée de contrastes entre la classe moyenne et les riches. Après, tout s’est imbriqué ». On sent que c’est dans cette « imbrication » que l’auteur a eu le plus de plaisir. « Je suis à l’aise dans le milieu que je décris. Moi-même, j’ai servi du monde! » (NDLR : Référence à la mère de Dom, serveuse dans un restaurant).
Claude Desrosiers comprend cette vision. Tous les deux, partenaires d’une décennie, se comprennent à demi-mots, et se font une totale confiance.
Et l’hiver dans tout ça?
On pourrait presque dire que le troisième rôle est attribué à l’hiver. Outre les coûts de production plus importants, les comédiennes et comédiens ont dû apprendre à faire plusieurs scènes avec la mâchoire gelée! Le grand manteau blanc n’était pas un désir de Serge Boucher au départ, mais cela s’est presque imposé naturellement : « Ça nous ressemble! ».
En dépit donc des difficultés inhérentes au tournage hivernal, cela s’est avéré payant. Les nombreuses rides du personnage de Félix contribuent à traduire son mal-être, sa solitude. Sur son vélo, en plein blizzard, on est pris d’empathie, et tant que spectateur, on ne peut que souhaiter sa rédemption.
Alors, on a hâte?
Dix épisodes, c’est court pour résoudre tout ce qui a déjà émergé dans les deux premiers épisodes. Si l’on fait abstraction des ficelles parfois grosses mises de l’avant pour faire avancer le récit, on s’attache très vite à ces gaillards, le tourmenté et le si gentil. On garde en tête qu’ils sont morts. Pourquoi ?
Cette question restera votre fil conducteur dans une série très attendue et qui inspire le sentiment du devoir accompli à toute l’équipe.
Pour visionner la série Fragile, rendez-vous à compter du 21 novembre sur ici.tou.tv/fragile






























































