France Castel s’est offert, ce soir, un véritable lancement de disque, comme on en voyait parfois avant la pandémie. Imaginez… le Lion d’Or rempli à craquer d’admirateurs, dont de nombreuses vedettes : Louise Portal, Luc Dionne, Josélito Michaud, Véronique Béliveau, France Beaudoin, Shirley Théroux, Marie Denise Pelletier, Danielle Ouimet, Marie-Claude Barrette et j’en passe ! La chanteuse était même présente dans la salle plus d’une demi-heure avant sa prestation pour saluer ses invités et leur faire la bise. Entourée de quatre musiciens et une choriste, la rayonnante septuagénaire a interprété près de la moitié des chansons de son nouvel album qui prend l’allure d’un bilan de sa vie.
Le temps fou
Même si elle n’avait pas lancé de nouveau disque de chansons originales depuis 1976 (!), elle est toujours en voix et remarquablement énergique, cette artiste de 78 ans.
Pour son entrée en scène, sur un rythme de valse, c’est Le temps fou : «J’apprends toujours, je fais mes classes Mais je laisse toute la place aux jeux… J’veux pas arrêter de danser J’voudrais mourir dans tes bras Exister pour l’éternité…»
Ces paroles sont de Louis-Marie Mathieu et la musique est de Pascal Mailloux. Ces deux là cosignent plus de la moitié des titres de l’album, dont Tendre comme une Pauline, un hommage à Pauline Julien.
Gratitude
Visiblement heureuse, madame Castel dit merci à la vie sur un texte qui semble résumer son parcours : «C’est vrai que parfois j’ai perdu le contrôle On dit que çà vient avec le rock’n’roll Mais quand même, j’ai vaincu mes problèmes… J’suis la reine d’une vie qui est la mienne.»
La musique teintée d’accents country est d’Andrea Lindsay. Les mots sont de Pierre Huet dont elle a souvent chanté l’incontournable Mes blues passent pu dans’porte.
Portée par la vague d’amour de son public très enthousiaste en ce lundi soir, elle remercie aussi France Beaudoin qui l’a aidée à garder vivante son âme de chanteuse en l’invitant une soixantaine de fois à l’émission En direct de l’univers. Puis, elle souligne que l’un des éléments déclencheurs de son retour à la chanson, elle le doit à Diane Juster et à la fondation SPACQ (La Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec) qui lui a remis la bourse Lucille-Dumont.
Fougue
Sur un rythme jazzé qui rappelle la chanson Fever, on retrouve la fougue de celle qui a longtemps fait équipe avec Monique Richard et Linda Sorgini dans Le blues du toaster.
Les années passent mais rien n’y paraît en cette soirée de joyeuses retrouvailles ! La Castel est endiablée ! Voix rugissante et swing dans les hanches pour cette pièce lascive intitulée Miles, où on invite le trompettiste Ron Di Lauro à monter sur scène. Toute la salle se dandine !
Une berceuse grinçante
Enjouée et souvent drôle, l’interprète termine pourtant sur un sujet plutôt grave mis en musique par Daniel Lavoie : «On accumule les somnifères Juste au cas pour s’endormir… On berce nos démons Espérant qu’ils vont dormir…» Mais la dame qui a joué dans des dizaines de séries télévisées et de films a toujours le sens du «happy end» : «Quand par malheur je soupèse mes regrets Je soupèse aussi les bravos».
Ce nouveau disque sera-t-il suivi de spectacles ?
Lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle (23 octobre), France Castel a dit qu’elle n’en était pas convaincue, mais qu’elle ne disait pas non.
Souhaitons que l’engouement de tant de fans réunis l’incitera à pencher pour un oui.
France Castel / France Castel
Disques Artic, 2022