Comme bien des curieux, je n’aurais pas voulu rater l’occasion de voir Pierre Brassard au théâtre, cet été, dans la pièce «Garçon». En plus de trente ans de carrière, l’acteur et animateur qu’on a connu à la télévision avec l’ancien groupe humoristique «Les Bleu poudre», n’avait encore jamais joué une pièce complète.
Dix ans après sa participation aux «Parlementeries», ce comique-né s’est laissé tenter par une comédie de Stéphane E. Roy, mise en scène par Alain Zouvi. «Garçon» qui a d’abord été une websérie, relate les relations souvent loufoques entre les employés d’un restaurant français au bord de la faillite et leurs clients. Le comédien joue d’ailleurs plusieurs rôles de clients (le mari qui amène sa maîtresse au resto, le gastronome condescendant envers la serveuse, etc.), mais ses saynètes, relativement courtes, ne lui permettent pas d’approfondir ses personnages et provoquent peu de rires.
Diane Lavallée danseuse de tango…
De son côté, Diane Lavallée sera, tour à tour, la femme trompée, une vendeuse de roses indésirables, la femme qui règle ses comptes avec celle qu’elle croit être sa fille, etc. Sans doute pour tenter de briser la monotonie de l’arrivée perpétuelle de clients qui viennent s’asseoir à table et déballer leur sac, le metteur en scène a inclus des numéros chantés en groupe, durant lesquels on perd toutefois beaucoup de mots. Les comédiens y vont alors de quelques pas de danse et madame Lavallée en a d’ailleurs épaté plusieurs en danseuse de tango.
Baby-boomers et milléniaux
Stéphane E. Roy qui joue aussi dans «Garçon», estime avoir écrit un texte où «la philosophie flirt avec la plaisanterie». Mais, en quoi est-ce comique d’évoquer, une fois de plus, ce qui divise les baby boomers accusés d’avoir abîmé la planète et les milléniaux dont les relations humaines seraient court-circuitées par leur dépendance au monde virtuel ? Pas très drôle, non plus, cette investisseuse prête à raser le resto pour y ériger des condos. Cela dit, à travers ses personnages, l’auteur saisit des occasions d’expliquer judicieusement des mots parfois méconnus comme «misandre» (qui éprouve du mépris, voire de la haine, pour le sexe masculin), «numismate» (collectionneur de monnaies) et de nous rappeler que «pétoncle» n’est pas un nom féminin ! Un travail éducatif et digeste.
Respect
Finalement, Claude Prégent, propriétaire du restaurant qui s’apprête à fermer ses portes, s’installe au piano pour rendre hommage à son personnel. Il y va, entre autres, d’un fort agréable extrait des «Moulins de mon coeur» (Michel Legrand). C’est alors que l’indésirable vendeuse de roses (Diane Lavallée) viendra cruellement rappeler à tout le monde que chacun mérite le respect. Une conclusion plutôt mince et fort prévisible au terme de ce spectacle de deux heures incluant un entracte.
Garçon
Texte : Stéphane E. Roy
Mise en scène : Alain Zouvi
Avec : Félix Beaulieu-Duchesneau, Pierre Brassard, Ann-Catherine Choquette, Catherine Florent, Diane Lavallée, Marc-André Poliquin, Claude Prégent et Stéphane E. Roy
Compositeur : Christian Thomas
Chorégraphe : Maud Saint-Germain
Au Théâtre des Grands Chênes de Kingsey Falls, jusqu’au 3 août
À la salle Odyssée de Gatineau les 5 et 6 août
Au Patriote de Sainte-Agathe du 9 au 24 août